Hardcore Superstar – HCSS

Deux ans après leur très apprécié C’mon Take On Me et son hymne “Above The Law”, le groupe Hardcore Superstar revient avec son dixième opus, sobrement intitulé HCSS. Avec un style graphique tout nouveau tout chaud, et des influences plus variées qu’auparavant, l’album marque à la fois un retour aux sources et une nouvelle étape en termes d’exploration musicale.

Ce qui saute aux oreilles, c’est tout d’abord le nombre de singles potentiels présents dans le disque.
On en compte pas moins de six sur un total de dix titres, si l'on inclut "Glue", sorti en single quelques semaines avant HCSS, un choix assez surprenant d'ailleurs. Malgré un refrain très radiophonique, ce morceau n’est pas en effet le plus taillé pour les ondes, avec son solo expérimental rappelant les excursions électroniques de Tom Morello.
On aurait par exemple mieux imaginé à sa place le titre d’ouverture “Don’t Mean Shit”, ou encore “Party ‘Till I’m Gone”, qui alterne entre refrains agressifs 100% pur Hardcore Superstar et des passages plus éthérés qui accentuent la dynamique du morceau. Ce dernier offre un beau riff à la Ram Jam agrémenté de phaser, qui malgré tout ne sonne pas daté.

“Touch The Sky” aurait également été un bon candidat, avec sa basse groovy imperturbable qui assied le morceau, et un doublage de la guitare par des “Ouhou !” de Jocke Berg, qui feront à coup sûr chanter le public des Suédois.
De même, “Off With Their Heads” sera sans aucun doute un carton sur scène : sur fond de riffs simples mais arrangés très intelligement, le morceau contient de nombreux motifs qui seront autant d’occasions de solliciter des échanges avec le public.
Dernier single potentiel, et dernière piste de l’album, “Messed Up For Sure” est très énergique, mêle des plans de slide très réussis et des guitares harmonisées, mais clôt l’album de façon un peu abrupte et décevante.

Hardcore Superstar

En dehors de ces morceaux directs et à la structure convenue, Hardcore Superstar nous propose quelques explorations en dehors de leur domaine de confort, en affichant des influences qu’on leur connaissait moins, et des aspects progressifs aussi surprenants qu’agréables.

C’est notamment le cas avec la pièce centrale “Fly”, qui constitue un véritable melting pot mid-low tempo du style propre au groupe et de nombreuses inspirations variées et orientées années 70. Ce morceau progressif de plus de sept minutes possède une structure complexe, et alterne entre intro lointaine à la Bob Dylan, passages aux accents Zeppeliniens prononcés, voix y compris, ou encore solos complexes voyant plusieurs guitares psychédéliques s’entremêler et se répondre. Le chant typique d’Hardcore Superstar est à l’honneur sur les refrains aux guitares plus puissantes et amples qu’à l’accoutumée.

Les sons psychédéliques et électroniques des 70s sont également à l’honneur sur “Growing Old”, qui débute par des nappes planantes et inquiétantes, constituant une introduction déroutante, à des kilomètres du style habituel des Suédois. De façon tout à fait étonnante, cet épisode s’intègre parfaitement au disque, et par un jeu de contraste avec l’entrée de la section rythmique, rend celle-ci encore plus percutante.

On ne peut ici que saluer l’excellent travail du légendaire Bob Rock, qui a produit sur cet album un mix très ample et équilibré, et a poussé le travail d’arrangement dans la bonne direction, en particulier par des choeurs discrets et ajoutés à bon escient. On regrette simplement une batterie parfois en léger retrait, et des cymbales qui semblent trop lointaines, ce qui les rend un peu artificielles pas instants. La basse en revanche est remarquablement mise en avant, et donne la profondeur nécessaire à la scène sonore de HCSS.

Hardcore Superstar

Hardcore Superstar explore enfin des sonorités orientales sur “The Cemetary”, piste interprêtée lors de leur tournée européenne de printemps. Un riff gratouillé sur une guitare flamenco y est repris par des guitares saturées lourdes aux sonorités désertiques, ce qui pose toute une ambiance d’entrée de jeu. Le morceau joue ensuite sur les contrastes, en proposant un couplet très brit rock, où le chanteur Jocke Berge délivre une prestation proche de ce qu’un Gerard Way pouvait produire du temps de Black Parade. On remarque d’ailleurs que deux guitares aux panoramiques opposées se répondent à l’arrière plan : on peut se demander comment ce procédé qui apparait plusieurs fois au fil de HCSS sera porté sur scène.

Pour ce dixième album, Hardcore Superstar se positionne à la fois là où leurs fans les attendent et sur des terrains qui leur étaient jusqu’alors inconnus. De nombreuses influences bien digérées viennent dynamiser leurs compositions, et apporter beaucoup de groove à la basse et aux guitares - on pense par exemple aux plans rappelant Extreme et au son très chaud caractéristique des années 70, sur les derniers titres par exemple. On peine en revanche à distinguer le côté grunge revendiqué par Jocke Berg lors de notre interview avec lui peu avant la date parisienne du Divan du Monde.

Au final, HCSS fait partie de ces albums qui ne révèlent pas toutes leurs subtilités à la première passe : après une première impression de trop grande homogénéité, le disque s’apprivoise peu à peu et se révèle être une vraie réussite, écoute après écoute.

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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