Are you ready? 1... 2... 3... Venom!
Tiens donc, Impellitteri est de retour ? Ce combo, du nom de son compositeur et guitar hero américain nourri au Yngwie Malmsteen, n'avait plus proposé de travaux depuis près de 6 ans. Après 28 ans de carrière, on pouvait largement pardonner le californien qui a semble-t-il bien fait de prendre son temps pour pondre ce Venom à paraître ce 17 avril chez SPV.
Des harmoniques diaboliques, un sens du shredding technique, un néoclassissisme parfaitement intégré dans un ensemble plutôt heavy, quelques harmonies de choeurs certes passéistes mais irrésistibles, sans oublier le chant d'un Rob Rock visiblement au meilleur de sa forme (cela n'a pas toujours été le cas, à souligner donc), et vous obtenez une somme d'ingrédient qui fait de "Venom" une chanson d'ouverture parfaitement à la mesure de son oeuvre éponyme, une sorte de résumé avant l'heure de ce que nous allons retrouver le temps des 35 minutes qui écument le CD. Sans surprise, le ton est donné, un tube d'emblée, qui ne peut que nous laisser attentifs pour la suite. Et c'est tant mieux.
Car ce Venom ne faiblit quasiment pas le long de ses 10 titres tous taillés dans l'acier, sans concession, sans chercher à se prendre la tête, une constellation de petits hymnes bien bruts qui peuvent chacun rester en tête pris à part. Alors certes au bout d'une première écoute on se sent un peu acculé et on se demande quoi retenir ou quoi jeter, mais l'impression d'ensemble est tellement agréable qu'on a envie d'y regoûter, là où la plupart des disques du genre ont tendance à très vite saturer et lasser l'auditeur non averti. En effet, comment résister à ce "Nightmare" plutôt bien construit qui envoie bien le bois ou encore ce "Rise" totalement frénétique et son refrain répété à l'infini ? Sans oublier le "Domino Theory" central totalement inspiré ou ce "Time Machine" certes très très proche d'un certain "The Trooper" de Maiden mais on pardonnera cet écart. Tout ça est très bien certes et il faut aimer les tricotages de gratte dans tous les sens, mais ne vous attendez pas pour autant à des plans imbuvables trop Malmsteenien : Chris a mûri et sait aussi poser les choses, à l'image de ce "Face the Enemy" plus mid-tempo et lourd qui assomme tout sur son passage.
Au fond, si rien ne sort d'un carcan pré-établi, les seules écarts ou rares surprises de cette galette se trouveront peut-être sur "Empire of Lies" avec son petit interlude narratif sombre annonçant un solo exceptionnel qui montre le guitar hero Chris Impelliteri sous les meilleures augures. Et pourtant, ce morceau bénéficie d'un refrain aussi classique qu'imparable, comme sur le reste. Ainsi, la tonalité heavy speed néoclassique global reste cohérente, quelques moments plus hard FM sont cependant à souligner comme ce "We Own the Night" aux relents presque Kiss et Van Halen (enfin bref, citez n'importe quel groupe du genre des années 80 et vous acquiescerez, n'oublions pas que Chris a grandi avec ces légendes).
Alors bien sûr certains trouveront le tout peut-être un peu léger voire futile, mais lorsqu'on s'attarde sur l'énergie débordante de l'ensemble et le travail impeccable de chaque musicien, leur leader en tête, le tout bercé par une production bien ficelée, on ne peut que saluer cette sortie qui ne sonne clairement pas 2015 mais est-ce bien le plus important au final ?
Impelliteri nous offre là une oeuvre simple et efficace qui respire la bonne humeur et l'envie de jouer ensemble. Si jusque là ce combo peinait à redonner un second souffle à sa carrière, on peut imaginer que Venom saura transformer l'essai et se muer en véritable pierre angulaire de sa discographie récente. Alors certes tout n'est pas parfait, rien n'est original pour un sou, mais on a la banane à l'écoute de ce disque rythmé et ceci mérite d'être salué. Quand le speed power néo-classique se fait au service avant tout de la mélodie, on ne peut que se taire et profiter.
Note : 7.5/10