Cavalera Conspiracy – Blunt Force Trauma

Le nom CAVALERA ne peut décemment laisser aucun amateur de métal indifférent, principalement grâce aux glorieux chapitres qu’ils ont contribué à écrire en lettres de granit avec le grand SEPULTURA. Honte aux mécréants qui ne connaissent pas au moins la triplette magique Arise - Chaos A.D. – Roots. Malgré tout le respect que l’on doit à ces deux légendes, force est de constater qu’ils ont perdu de leur superbe. Max a de son côté fondé SOULFLY, sorti un putain de premier album et depuis, plus rien ou presque. A part Dark Ages qui ne date déjà plus d’hier, rien de mémorable à se mettre sous la dent. Igor a de son côté essuyé les plâtres avec SEPULTURA, même si de mon avis, un album comme Nation n’avait rien de déshonorant. Mais le son du groupe avait bien changé et il fallut se rendre à l’évidence : SEPULTURA, symbole et fer de lance du métal des années 90, était mort et bien mort.

Evidemment, tout le monde (moi le premier) était content d’apprendre que les frangins s’étaient réconciliés et avaient décidé de bosser ensemble sur un nouveau projet. Inflikted, sorti en 2008, ne réinventait pas la roue mais faisait bien plaisir (surtout aux nostalgiques ?). Cela étant dit, venant d’un duo légendaire, c’est peu dire qu’un album sympa ne suffit pas ! Max fonctionne à l’économie depuis longtemps déjà, et après avoir été un des meilleurs batteurs métal de la planète, le père Igor a lui aussi décidé de se reposer sur ses lauriers (enfin de passer plus de temps avec sa famille et de bosser sur un projet DJ, soyons honnêtes). Du coup, sa frappe n’a plus grand chose à voir avec celle qui a fait sa réputation. Bon les mecs, le sursaut d’orgueil c’est quand vous voulez !

Sauf que ce ne sera pas pour cette fois. C’est à se demander si Max est définitivement crâmé. Ses récentes prestations live sont nazes : à peine plus d’une heure de concert, aussi monolithique qu’une statue, ne gratouillant sa guitare que pour la forme (heureusement qu’il peut compter sur un toujours excellent Marc Rizzo), communication minimum avec les fans (un comble pour un mec qui fût tellement charismatique et apprécié de son public !)… Rayon albums, c’est aussi la soupe à la grimace. Passons sur Inflikted, album sympa à défaut d’être transcendant qui a permis aux frangins de se retrouver. Las, au lieu de profiter de l’expérience acquise, Max se remet en pilotage automatique, pond encore et toujours les mêmes riffs (ça fait plus de 10 ans maintenant, on connaît la chanson merci), et laisse l’auditeur constater les dégâts.

Honnêtement, à part les plus jeunes, les moins exigeants, les incultes du métal lourd et les nostalgiques, on voit mal qui cet album pourrait convaincre (remarquez que c’est bien assez pour continuer). Comme d’habitude, on peut mettre les parenthèses de rigueur : les gars connaissent leur boulot (avec 25 ans d’expérience professionnelle encore heureux), tout ça est correctement charpenté (pareil), mais où est passée l’inspiration ? Elle est en vacances depuis longtemps. Si on se repasse la discographie de SOULFLY, le premier est très bon, le suivant est une collection de chouettes collaborations avec des guests prestigieux, mais sans grande cohérence, le 3e une honte, le 4e à peine mieux, dark ages est curieusement réussi, avant que Conquer et Omen ne nous rebalancent l’évidence en pleine tronche : cela fait bien longtemps que le nom CAVALERA n’est plus synonyme de qualité.

Et arrive un moment où malgré le respect dû aux gars, il faut appeler un chat un chat, et arrêter de prendre des vessies pour des lanternes sous prétexte qu’elles sont produites par une grande marque. Que dire, donc, si ce n’est que Blunt Force Trauma est à peu près du même niveau que ce que Max produit depuis des années… Des riffs primitifs archi simplistes pas désagréables mais complètement interchangeables, des gimmicks archi vus et revus et rerevus en veux-tu en voilà… Même Marc Rizzo, toujours aussi talentueux et inspiré soit dit en passant, ne parvient plus à sauver la baraque. Max serait d’ailleurs bien inspiré de lui laisser le gouvernail, de prendre de longues vacances, ou de reprendre quelques cours de gratte histoire d’apprendre de nouveaux accords. Non franchement, vous pouvez passer votre chemin, vous ne ratez AB-SO-LU-MENT rien. Tout juste sympa ou sans intérêt selon les cas, cet album sera rapidement oublié, loupant le coche alors que son prédécesseur nous faisait rêver à des lendemains qui chantent. Ouaip, ben le réveil est brutal et, au vu de l’affection que j’ai pour ces mecs, me laisse un goût amer.

Ma note : 6,5/10

Sortie le 28 Mars chez Roadrunner

Interview de Max Cavalera réalisée pour l'occasion



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