Acid King – Middle of Nowhere, Center of Everywhere

On ne peut dire qu'Acid King ait dormi ces dernières années. Entre de nombreuses tournées et festivals, les Américains se sont retrouvés à plus d'une occasion sur les routes. Seulement, dix ans auront été nécessaires à la création d'un nouvel album. L'arrivée de Middle of Nowhere, Center of Everywhere est un moment dont bien des fans rêvaient et qui relance l'entité à trois têtes sur le marché devenu très prisé du stoner / doom.

Le temps d'attente n'a en rien altéré la recette des musiciens. La découverte de cette nouvelle œuvre replonge immédiatement dans l'ambiance désertique et aride que les Californiens cultivent depuis un long moment. Acid King ferait-il du surplace? Pas exactement. Les Américains roulent leur bosse depuis plus de vingt ans et continuent d'utiliser une recette dont ils ont le secret, en cherchant toutefois à la perfectionner. Aucune expérimentation à l'horizon, aucune tentative d'impressionner l'auditeur. Uniquement un soin particulier apporté aux ambiances dégagées par les compositions. La formation dote ses titres massifs et denses d'un psychédélisme de bon aloi, bien plus prégnant que par le passé. Entre une section rythmique sobre mais efficace, et des lignes de chant toujours subtilement délivrées par la capitaine du navire Lori S., les retrouvailles sont plaisantes et ne désarçonnent aucunement. Middle of Nowhere, Center of Everywhere n'amorce aucune révolution par rapport aux précédents disques mais se dote d'un climat moins pesant et plus atmosphérique.

Là où de nombreuses bandes laissent une impression mitigée en exploitant un filon jusqu'à l'usure, les Américains réussissent à faire preuve de maîtrise d'un bout à l'autre. Le soin apporté à l'aspect vocal marque immédiatement, tant la voix de la chanteuse frappe juste. Son interprétation est envoûtante, impression renforcée par la reverb' qui confère un charme supplémentaire au chant de la frontwoman. Cette tendance à la douce hypnose est d'autant plus marquée sur « Silent Pictures », dont les neuf minutes captivent de bout en bout. Le stoner du groupe semble plus en forme que jamais, et cette offrande bien partie pour être la meilleure du trio.

Acid King

Seulement, aussi bon soit-il, l'ensemble peine à convaincre et happer sur sa durée complète. Longueurs et redondances apparaîtront sur le chemin, de quoi rendre l'immersion plus compliquée. Des titres du calibre de « Laser Headlight » et « Red River » s'écoutent sans broncher mais se révèlent anecdotiques, tant ils éprouvent des difficultés à marquer les esprits. Les ingrédients sont pourtant là : une voix de bonne tenue, une lourdeur appréciable et une production aux petits oignons qui sied à merveille au genre. Mais l'inspiration, elle, peine à se montrer. Plusieurs pistes agréables remontent le niveau, à l'instar de la sympathique « Infinite Skies » mais cette sensation d'être en face d'une formation qui n'est pas au mieux de sa forme ne cesse de quitter l'esprit durant toute l'écoute de Middle of Nowhere, Center of Everywhere.

Curieuse œuvre qu'est celle-ci. Au plaisir de la retrouvaille et des mélopées agréables se mêle un goût amer de déception. L'insatisfaction est aussi grande que ne l'est la joie d'entendre de nouvelles créations d'Acid King. La sincérité est palpable mais il manque nombre de moments plus intenses, qui parviendraient à maintenir l'intérêt éveillé sur la durée complète de l'opus. Le ventre mou en milieu de parcours aura facilement raison des moins téméraires. Si Middle of Nowhere, Center of Everywhere mérite sans aucun doute une écoute attentive, difficile d'imaginer ériger cet album comme référence en terme de stoner. Espérons que la suite ne mettra pas dix ans à nous arriver.

NOTE DE L'AUTEUR : 6 / 10



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