Pour some sugar on me...
On les avait laissé avec un premier opus plutôt réussi et que l'on pensait unique, puis voici que le super-groupe finlandais Cain's Offering est de retour 6 ans après avec un second album intitulé Stormcrow à venir le 15 mai chez Frontiers Records. Mélangeant membres de Stratovarius et ex de Sonata Arctica, il ne faut pas s'attendre à une révolution mais plutôt à un voyage dans un univers power metal large entre hommage aux anciens et vision musicale plus grandiloquente...
Jusque là composés d'une majorité d'anciens de Sonata Arctica, Cain's Offering se voit depuis l'an passé Stratovariussisé par l'arrivée du maître claviériste Jens Johansson à la place de Mikko Härkin, ce dernier laissant Jani Liimatainen seul en tant que feu représentant des loups actiques. Au côté d'un Timo Kotipelto fidèle à lui-même et toujours en très bonne forme vocale, il ne serait donc pas étonnant que les Cain's axent plus leurs nouvelles compos sur un speed à l'ancienne. Mais pas que ! Au final, à défaut d'innover, le combo se pare de diverses influences mélodiques voire symphoniques et filmiques pour afficher au plus haut ses couleurs finlandaises. Sans équivoque, nous avons là l'impression d'écouter un véritable melting pot Stratovarius-Sonata Arctica-Nightwish en parcourant ce Stormcrow, le tout saupoudré de sucreries diverses qui feraient vomir son insuline à un diabétique.
Y a t-il du mal à cela ? Cela dépendra des goûts et des couleurs, mais les mélodies faciles pululent dans cet opus. Si l'on excepte un "The Best of Times" plus moderne et rappelant les récents travaux de Strato ou plus largement Amaranthe, nous n'avons que du cliché ambulant le long de ces presque une heure de musique. Et quand on les compare avec cette chanson pas franchement réussie, soyons honnêtes, nous ne pouvons que comprendre... Parlons par exemple de ces deux ballades absolument irrésistibles pour tout lover qui se respecte, imbuvables certainement pour d'autres, avec un "Too Tired to Run" très BO dramatico-romantique et un "On the Shore" final plus proche des classiques de Scorpions. Et ça fait mouche... Mis en parallèle à ces deux sachets de saccharose, citons aussi ce "A Night to Forget" profondément niais (dans le bon sens du terme) et aux paroles très naïves mais collant parfaitement à l'atmosphère.
Cependant Cain's Offering ne délaisse pas le speed, bien au contraire, offrant entre autres deux purs hymnes du genre : "I Will Build You a Rome" et "Constellation of Tears". Inutile de dire que les fans de Visions ou autres Ecliptica y trouveront leur compte. Citons aussi "Antemortem", un peu plus forcée cependant et dont le thème d'intro est bien trop proche d'un "Storytime" de Nightwish pour qu'on puisse la classer parmi les réussites, dommage. Plus loin, sur "Rising Sun" (que l'on pourrait associer à "A Night to Forget" dans son état d'esprit), on pense plus à Reckoning Night de Sonata Arctica, genre un "My Selene" (au hasard) - morceau rappelons-le co-écrit par Jani Liimatainen (ah, pas tant que ça au hasard donc). Dans l'ensemble, tout tient bien la route et s'avère agréable.
Cain's Offering se fait aussi très cinématique, usant des techniques modernes d'arrangements pour faire sonner certains morceaux de façon très épique, peut-être un peu trop vu l'ambiance de l'album mais cela reste un choix artistique. Un exemple avec le titre éponyme qui lance l'album, certes accrocheur dans ses couplets, mais qui souffre d'un refrain moins percutant et un peu répétitif, l'effet orchestral faisant ainsi office de poudre aux yeux. Quant à l'instrumentale "I Am Legion" placée en antépénultième position, elle rappellera les BO de Pirate des Carraïbes et consorts sans pour autant trouver un grand intérêt.
La troupe finlandaise nous propose ainsi un album assez solide et nostalgique, très facile d'écoute mais pas poussé à son paroxysme notamment au niveau d'une inspiration qui va peut-être un peu trop franchement puiser dans des classiques du genre. Pour le reste, on passe un moment plutôt sympathique et on se laisse surprendre à réécouter l'ensemble sans trop de mal, mais peut-être regrette-t-on le premier effort Gather the Faithful plus basé sur la mélodie et des compositions plus sobres mais plus mûries ? Seul l'avenir nous dira si ce Stormcrow s'imposera comme un fait marquant du groupe ou non.