Difficile tâche que de chroniquer un disque de reprises. En effet, une reprise s’attaque parfois à des monstres sacrés auxquels il semble comme interdit de toucher, ou bien elle peut concerner un morceau que l’on n’aime pas à la base. De ce point de vue, Stone Sour n’a choisi que des pointures indiscutables, en la personne de Alice In Chains, Judas Priest, Kiss, Metallica et Black Sabbath.
L’attente était grande à l’annonce de l’EP Meanwhile In Burbank, qui était dans un premier temps disponible dans un tirage vinyle limité à l’occasion du Record Store Day 2015.
Toutefois, à l’écoute de celui-ci, le resenti est plus mitigé, et le disque ne comble pas les espoirs que laissait la reprise de "Children Of The Grave" (Black Sabbath) - également présente sur l’EP - que les Américains jouent régulièrement sur scène depuis quelques années
L’objet est beau, le disque marbré gris est du plus bel effet, et l’artwork est sobre, dans des tons gris foncé qui donnent un rendu plutôt classe. On peut vraiment féliciter le groupe de proposer un produit si soigné pour un tirage aussi limité, dont l’objectif n’est assurément pas d’être rentabilisé.
Les titres s’enchaînent rapidement, et cette impression est renforcé par le choix du morceau d’ouverture, "We Die Young" (Alice In Chains). Bizarrement, ce dernier semble s’achever de façon trop abrupte et assez inattendue, ce qui n’est pas le cas de la version originale, pourtant plus longue d’à peine deux secondes.
Cette reprise d’Alice In Chains est peut-être le morceau qui demeure le plus proche de la version originale, dans tous ses aspects : la tessiture de Corey Taylor nous surprend en effet par sa proximité avec celle du regretté Layne Stayley. Globalement, le morceau sonne comme une prestation live de l’artiste original, ce qui n’est pas étonnant lorsque l’on sait comment a été enregistré Meanwhile In Burbank.
Effectivement, les morceaux ont été enregistrés en live lors d’une date américaine au Room 327, dans la ville ayant donné son nom au disque. Dans cette perspective, on ne peut que saluer la qualité de la performance du groupe. Tout est parfaitement en place, la voix du frontman ne souffre d’aucune faiblesse - on pense par exemple aux refrains de "Love Gun" (Kiss), qui sont un régal -, et les morceaux sont parfaitement maîtrisés. En revanche, il est étrange d’avoir un son live sans entendre le public. La production s’en trouve ramassée, et la scène sonore semble trop étriquée : les guitares sont par exemple trop centrées, et perdent de ce fait en puissance, se retrouvant souvent masquées par la voix. On regrette à ce niveau que l’enregistrement n’ait pas été fait en studio, ce qui aurait probablement donné un résultat plus pêchu et profond, malgré la perte de la spontanéité du live.
Le défaut principal du disque saute aux oreilles dès les premières minutes : Stone Sour ne s’est que très peu approprié les morceaux de ses idoles, et se contente de les rejouer à l’identique sans grand écart. On peut en sortir légèrement déçu, d’autant que l’idée d’un morceau culte comme "Creeping Death" (Metallica) revisité à la sauce Stone Sour est plutôt alléchante. Le résultat est certes plaisant, mais la captation live ne restitue pas la précision caractéristique de la frappe de Roy Mayorga par exemple, ce qui réduit l’impact du titre.
Il faut peut-être plus voir cet EP comme un délire d’une bande de copains, qui ne souhaite pas sortir un grand recueil de reprises restructurées, mais seulement un hommage aux groupes qui ont bercé leur jeunesse et forgé leur style.
Dans cette optique, Meanwhile In Burbank constitue un joli témoignage, très agréable à l’écoute, de la même façon qu’une bonne bière nous fait patienter entre deux concerts : on attend en effet le prochain “vrai” album de Stone Sour de pied ferme !
En définitive, rien de révolutionnaire dans cet EP, quelques défauts mentionnés plus haut qui n’empêchent pas d’apprécier l’énergie et le bon esprit de la bande de Corey Taylor. On espère toutefois que les deux prochains EP de reprises Straight Out Of Burbank et No Sleep ‘Till Burbank sauront corriger le tir, ce qui reste malheureusement peu probable, les trois galettes ayant vraisemblablement été traitée conjointement.