Azylya – Thanatos’ Insanity

Mes chers amis, permettez-moi de vous inviter dans un monde où règne la terreur … Une demeure de laquelle on ne peut s'échapper, où même le silence est coupable en son sein...

Vous voici maintenant dans l'univers d'Azylya, jeune formation belge, extrêmement récente puisqu'ayant été créée en 2009. Et après 2 ans, voici qu'apparait déjà un premier EP pour tenter de percer et de parvenir à se créer un début de réputation assez solide. Février 2011 est donc le théâtre de Thanatos' Insanity et des 5 pistes qui vont peupler le brûlot. Il faut dire que dans les rangs d'Azylya se trouve la jeune chanteuse Jamie-Lee Smit qui, malgré ses 17 ans, possède déjà un nom dans le milieu du metal underground belge, la frontwoman ayant pu être comptée parmi les rangs de Skeptical Minds, Aedden ou encore Sad Siberia, avant de décider de lancer ce projet. Voilà donc un bel atout pour un début de reconnaissance.


Une première auto-production de 5 titres va donc permettre de faire la lumière sur les capacités du groupe à s'imposer sur la scène. Ceci dit, des changements de line-up ont eu lieu entre la sortie de ce premier jet et la formation actuelle, puisque le claviériste et compositeur Vlad et le batteur Gaétan ont cédés leur place à 3 nouveaux membres (un nouveau claviériste, un batteur et un second guitariste).


Et sur l'ensemble de sa galette, le jeune combo jouera une grande partie de sa musique et de son charme sur le développement des atmosphères, qui sur chaque piste garderont une aura assez homogène, un ton sombre et inquiétant avec des touches de mélancolie et de mystère, grâce à une certaine lourdeur des guitares et aux claviers qui distillent de petites notes subtiles et énigmatiques. Les touches de piano se retrouveront également comme sur « Delirius », un titre imprégné de tristesse et de chagrin, mais se révélant véritablement prenant et accrocheur, nous entraînant au plus profond de l'univers qui se dessine. Et il faut bien reconnaître que l'effet est immédiat et fonctionne, les belges possédant ce charme particulier et cette dose très forte d'émotion. Parfois, on pensera à des oeuvres de Tim Burton dans le ton, notamment grâce aux claviers. L'enfance est également un thème abordé, notamment sur « The Beginning », excellente introduction qui donne le ton et permet de se plonger dans le monde torturé des belges.


D'ailleurs, en parlant de touche sentimentale, le chant de Jamie-Lee n'est pas étranger au fait que l'auditeur soit touché en plein coeur et que l'émotion soit diffusée de manière si subtile et délicate. Sa voix est plutôt aérienne, éthérée, angélique, avec de superbes envolées comme sur le morceau éponyme « Azylya », adoptant des tons s'accordant parfaitement à la musique. Tantôt sombre, tantôt épurée, tantôt plus subtile, rassurante et suave ou encore véhiculant la tristesse, la demoiselle sait user de son charme vocal à bon escient, modulant si nécessaire, et évitant de ce fait une linéarité qui aurait été fort malvenue. De plus, son timbre doux apporte une beauté supplémentaire, et sa voix se rapprochera par endroits de celle de Simone Simons (Epica), et, cerise sur le gâteau (histoire d'ouvrir vos appétits), la vocaliste chante juste.


Seulement, quelques petits reproches pourront être adressés au groupe. Déjà, par endroits, les lignes de chant manquent quelque peu de fluidité, notamment sur « Woodscape », piste qui, si elle se révèle plutôt satisfaisante, marquera moins l'auditoire que les autres titres. Les parties vocales paraissent légèrement hachées, dû à une section rythmique qui ne forme pas à chaque instant une osmose totale avec la chanteuse. Et lorsque que la jeune femme doit donner plus de force, si elle reste toujours dans une maîtrise plaisante, la magie s'opère moins et cela casse un peu l'ambiance. Fort heureusement, sur la puissance, les grunts de Vlad viennent combler cette partie, son chant guttural donnant encore un aspect plus sombre et malsain à la musique d'Azylya.


Tout au long du disque, l'atmosphère « belle et la bête » se retrouve par l'alternance assez régulière des deux voix, ce côté évoquant les premiers Theatre of Tragedy, par le chant masculin rauque et brutal, et la belle apportant lumière et douceur avec des lignes épurées. Ce qui, encore une fois, renforce le point fort de la formation, à savoir sa capacité à savoir créer des ambiances glaciales, qui pourront rappeler les plus vieux groupes de metal gothique, une veine dans laquelle le quintette (désormais sextette) ne s'engouffre pas totalement cependant. Les belges naviguent entre les styles mais ne se définissent pas aussi facilement, et cette capacité à savoir ne pas s'arrêter à un carcan et voguer de l'un à l'autre, prenant des éléments à chacun des styles montre que le groupe sait prendre le meilleur de ses influences pour les restituer avec un son très personnel. Entre metal gothique par les lignes vocales, atmosphérique par le ton de la musique, symphonique grâce à certaines touches de clavier, progressif par les variations de structures, il est difficile de s'arrêter à un genre précis, tous étant touchés.


En parlant des pistes, il faut bien avouer qu'elles sont de très grande qualité et très diversifié. Même si elles gardent le fil conducteur du duo féminin/masculin (exception faite de « Delirius » ou Jamie-Lee s'approprie les lignes de chant) et l'ambiance angoissante qui caractérise chaque morceau, elles possèdent chacune leur charme propre et leurs qualités individuelles. « Woodscape » est plus catchy que le reste des pièces et débute avec de belles notes de piano, mais cependant, il tranche un peu avec le reste des morceaux et ne marque pas autant. « Incest » et « Delirius » sont emplies d'énigmes et font froid dans le dos, elles parviennent à combiner puissance et fragilité, lumière et obscurité, le tout dans une valse pouvant sembler improbable mais qui est étonnamment solide, prouvant le professionnalisme des musiciens. Enfin, « Azylya » est plus énergique, les guitares sont bien plus tranchantes et sur le devant de la scène, prenant la part du lion, et créant un fort contraste avec la voix de la frontwoman qui, elle, s'envole et atteint des tons un tantinet plus lyrique qu'auparavant.


Et pour renforcer encore cette forte impression, comptez sur une excellente production, qui met en relief chaque instrument et lui laisse un espace d'expression suffisamment conséquent pour lui permettre de briller. Les guitares sont en avant et renforcent l'aspect sombre, tandis que le clavier et le chant, placés au premier plan également, viennent éclaircir le tout, et ce mixage réussi favorise de ce fait la diffusion des touches ambiantes.


Pour un premier EP, Thanatos' Insanity place la barre vraiment très, très haut pour la suite de la carrière d'Azylya. Une première offrande à la maturité étonnante, au charme caractéristique, un groupe avec une personnalité très affirmée et réussissant à créer un son qui lui est propre. Ajoutez à cela des morceaux très convaincants d'un bout à l'autre et voici les impressions se dégageant de cette galette. Le combo belge frappe fort, très fort et le premier album sera vraiment attendu au tournant tant les qualités qui émanent de ce brûlot sont présentes. Avec un potentiel pareil, Azylya possède les moyens pour se placer comme un nouvel espoir du metal à chant féminin. Seul l'avenir doit faire son travail dès à présent, mais nul doute que nous entendrons parler de cette formation dans le futur.



Note finale : 4/5



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