Un concert stellaire
Cette tournée allemande était prometteuse : deux groupes étant sur le devant de leurs scènes respectives, places gagnées par une série d'albums de qualité remarqués par les fans et la presse. De passage au Covent Garden, le label "Deutsche Qualität" allait-il être confirmé ce soir ?
Downfall of Gaia
C'est avec très peu de lumière et beaucoup de fumée que Downfall of Gaia monte sur scène. X se saisit de sa guitare et commence une intro à l'e-bow, enveloppé de fumée comme rarement vu lors d'un concert.Quand le groupe entier se lance dans la performance, on remarque un son très fort, mais aussi brouillon, peu importe le placement dans la salle. Même si la musique de Downfall est massive et appelle une puissance sonore adéquate, ce son bien sale est décevant, d'autant plus que c'était déjà le cas au Hellfest 2014. Le groupe devrait se résoudre à jouer moins fort sur scène pour avoir plus de clarté.
La performance est énergique malgré tout, avec une belle implication sur scène. Avec la fumée et les stroboscopes, on croirait voir des spectres sans visages. Les voix sont très en retrait par rapport aux instruments, qui couvrent la majeure partie du spectre. D'ailleurs, on a du mal à distinguer les différences entre les trois chanteurs, toujours à cause du son. Il n'y a pour ainsi dire aucune communication avec le public, mais pour ce genre de musique misanthropique, c'est presque nécessaire.
Bref, on a affaire à un groupe qui a définitivement du potentiel, mais dont la bonne mise en place et la spontanéité sont diminués par un son brouillon. C'est vraiment dommage.
Der Weg Einer Freiheit
C'est maintenant à la coqueluche de la nouvelle scène black metal de monter sur les planches. Très rapidement, on se rend compte que la donne va être sensiblement différente que pour Downfall of Gaia. Le son est clair, puissant, tranchant et cristallin, parfait pour entendre avec détails les tremolos des deux guitaristes. Musicalement, le groupe est très appliqué, et nous délivre une performance d'un professionnalisme presque effrayant. Les riffs façon Emperor, le blast sans pitié : la musique de Der Weg Einer Freiheit est comme un rouleau compresseur qui écrase ses auditeurs. Enfin tous, sauf un pauvre quidam , rond comme une bille, qui a l'air plus occupé à brailler dans les oreilles les spectateurs alentours qu'à se soucier du concert. La bière, ce fléau. [sic]
Nikita Kamprad assure parfaitement son nouveau rôle de chanteur, ses hurlements sont puissants et rageurs comme sur album, et ne s'affaibliront pas sur de tout le concert. Là où les musiciens de Downfall of Gaia n'avaient pas adressé un mot au public pendant le concert, Nikita se révèle plus loquace, et assure le strict minimum avec des remerciements, et parfois une annonce de chanson, même si aucun mot n'est prononcé pendant les chansons. A ce sujet, la setlist est répartie avec goût sur l’ensemble de leur discographie, même si l’accent est mis sur les deux derniers albums du groupe, Stellar et Unstille.
Il faut noter que les rares passages en guitare claire sont, eux aussi, très bien maîtrisés. Ils viennent apporter un peu de détente à nos cervicales entre deux attaques de furie. Et même si ces moments sont incroyablement bien joués et jouissifs, on se surprendrait à vouloir parfois un peu plus de douceur car les Bavarois savent vraiment y faire dans ce registre.
En deux mots, Der Weg Einer Freiheit en concert : ça bute ! On pourrait se retourner le cerveau à essayer de trouver un défaut à leur performance, mais ça serait vraiment difficile. Dans le cadre intimiste du Covent Garden, devant un public peu nombreux mais captivé, les Allemands ont confirmé leur réputation gagnée avec leurs albums de qualité, en réussissant même à gommer la relative répétitivité du petit dernier. Chapeau bas !
Reportage par Tfaaon (Facebook)
Photos : Sylvain Chéreau / © 2015 Das Silverfoto
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.