Bosse-De-Nage – All Fours

En dépit d'une bonne volonté affichée depuis leurs débuts et d'une succession d'albums au niveau plus que satisfaisant, il paraît prétentieux de qualifier Bosse-De-Nage de ténor du post-black. Les trois précédentes réalisations ne sont jamais dépourvues de talent mais ne tutoient pas encore les plus grands. Bénéficiant d'une réputation correcte et signé sur un label respecté, le groupe est bien décidé à, cette fois-ci, s'imposer comme un leader de la scène.

Difficile de voir All Fours comme une œuvre particulièrement originale tant elle s'inscrit dans cette mouvance de black américain désormais si populaire. Pour autant, Bosse-De-Nage montre qu'il a des choses à dire et son propos est intrigant. Résolument black, c'est vrai, mais teinté d'inspirations multiples qui confèrent un charme prononcé à All Fours. On en prendra pour preuve les bruitages presque noise de « The Industry of Distance », l'interlude « - » ou encore « The Most Modern Staircase ». On retrouve un soin apporté aux ambiances auquel il est difficile d'être totalement insensible. Un sentiment positif s'immisce à de nombreuses occasions dans ces riffs, structures et blasts typiques de la vague post-black américaine. Une teinte d'espoir, très présente dans une pièce du calibre de « A Subtle Change », notamment via la guitare de M. Ce qui, bien évidemment, n'est pas sans évoquer d'autres références, Deafheaven en tête.

All Fours serait-il une pâle copie des albums cultes du genre? Loin de là. La formation utilise ce brassage d'influences diverses pour étoffer son propos et imposer sa personnalité. Sans totalement réussir dans cet exercice, cette façon d'être aussi attentif à son propre travail et de se dépasser joue en la faveur du combo. En outre, le chant convaincu de B. participe à l'immersion de l'auditoire dans l'univers des musiciens. S'il subsiste quelques dispensables longueurs par-ci, par-là, notamment sur « Washerwoman », les pistes des Américains parviennent à toucher leur cible. La qualité de composition n'est jamais reléguée au second plan, bien au contraire. Cet aspect pointilleux sur les atmosphères n'est jamais utilisé pour masquer de quelconques faiblesses. L'ensemble est cohérent, homogène et fluide. Des morceaux tels l'opener « At Night » ainsi qu'« In a Yard Somewhere » ou le final « The Most Modern Staircase » tiennent parfaitement la route, et démontrent toute la force contenue dans ce All Fours. Rarement trop long ou hors-sujet, le quatuor livre sa meilleure œuvre.

Bosse-De-Nage

Alors, Bosse-De-Nage fait-il parti de la cour des grands? Pas encore. Il manque aux Américains une identité marquée. On ne peut que regretter les riffs de « To Fall Down », bien trop calqués sur « Dream House » de Deafheaven. Ce petit incident trahit les quelques travers de la formation. Mais ce n'est en aucun cas une raison valable pour bouder un All Fours particulièrement immersif et concocté avec amour. Les chefs ne sont pas encore des cuisiniers cinq étoiles mais ils ont le potentiel pour y arriver. A eux désormais de trouver une saveur bien distincte. Gardons un œil attentif sur les prochaines recettes.

Note finale : 7,5/10

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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