Les amateurs de death metal n’auront pas eu de mal à s’en rendre compte, ces dernières années le style old school fait un véritable retour en force. Retour des pionniers du style (Massacre, Autopsy, Exhumed) ou jeunes formations prometteuses désirant à leur manière rendre hommage à la scène floridienne (Skeletal Remains), les albums s’inspirant de la riche période de la fin des 80’s- début 90’s sont désormais légion. C’est encore le cas avec ce premier opus de Gruesome, intitulé Savage Land.
Mais à y regarder de plus près, on s’aperçoit que derrière cette formation encore inconnue se cache un line up constitué de musiciens chevronnés, officiant dans le style depuis de nombreuses années. Emmené par le leader d’Exhumed, Matt Harvey, on retrouve au sein de ce combo des membres de Malevolent Creation (Gus Rios à la batterie et sur certains lead de guitare) et de Possessed (Danny Gonzales à la guitare), soit deux groupes fondateurs du style.
Et l’envie de ces musiciens avec ce projet est justement de rendre hommage à leur manière à leur patron, Chuck Schuldiner de Death, décédé il y a 14 ans maintenant. Ce sont en effet pas moins de huit pistes librement inspirées de la période Scream Bloody Gore/Leprosy qui sont présentées, sous forme d’hommage à peine déguisé. Le sens du détail poussé à son paroxysme, le logo de Gruesome lui-même rappelle fortement celui de Death, et l’artwork nous ramène également aux deux premiers opus de la formation floridienne.
Dès le titre éponyme, on retrouve ces riffs caractéristiques de la fin des années 80, avec une production vintage du meilleur effet. La basse de Robin Mazen est peut-être un peu en retrait dans le mix, mais cela ne gâche pas non plus l’écoute. Matt Harvey se distingue une fois de plus avec son chant d’écorché sur l’ensemble des compositions. Alors que le chanteur a du mal à se renouveler avec Exhumed, son groupe principal, allant jusqu’à réenregistrer ses propres albums, il délivre ici une prestation impeccable, tant à la guitare qu’au micro. A noter que le solo de guitare de « Closed Casket » est interprété par James Murphy, musicien ayant par ailleurs officié sur le Spiritual Healing de Death. A ce sujet, les parties lead de guitare sont efficaces et vont à l’essentiel sans s’encombrer de technique outrancière (« Gruesome » et ses échanges lead entre Daniel Gonzales et Gus Rios).
Avec ce Savage Land, on retrouve tout ce qui a fait le charme de Death dans leur première partie de carrière, à savoir des riffs accrocheurs (« Gangrene », « Savage Land »), des vocaux habités et qdes parties de batterie rappelant la prestation de Chris Reifert sur Scream Bloody Gore. Plusieurs fois d’ailleurs, l’auditeur pourrait presque avoir l’impression d’écouter des inédits de Chuck (le chant en moins, puisque les différences entre les deux vocalistes sont criantes), notamment ce « Demonized » qui aurait eu toute sa place sur Leprosy. De même, l’intro de « Gangrene » et son pattern de batterie font écho à « Flattening of Emotions ». L’hommage est à peine déguisé, mais qu’importe, tant les huit titres de la galette sont directs, accrocheurs et respectueux de la musique développée sur la scène floridienne dans la fin des années 80. En 36 minutes, la messe est dite, le groupe ayant compris que l’efficacité prime sur le reste.
On regrettera tout de même un léger manque de prise de risque, mais gardons à l’esprit que ce projet a comme unique vocation d’entraîner les auditeurs dans une période que beaucoup n’ont pas connus et de perpétuer l’héritage musical d’un très grand monsieur du metal.
Il ne nous reste plus qu’à espérer une éventuelle tournée afin de poursuivre l’hommage au sein du pit !
Photo live : Watchmaker