Pas vraiment un leader, ni un inconnu non plus. Inclassable tout en évoluant dans des genres précis. On ne sait pas vraiment comment définir et ranger Minsk. Les Américains ont une carrière honorable mais sont encore loin de la réputation des maîtres Neurosis, Cult of Luna ou Isis. D'autant plus qu'avec une actualité relativement calme ces dernières années, leur renommée n'est pas allée en s’accroissant. Pourtant, ces musiciens ont des choses à dire. Des arguments qui plaisent. A commencer par la sortie d'une nouvelle réalisation, The Crash and the Draw, qui survient six longues années après le dernier essai de longue durée. Une tournée en compagnie des compatriotes de Floor achèvera de donner un véritable coup de pouce à Minsk pour la promotion nécessaire à ce quatrième méfait.
Cependant, The Crash and the Draw est si difficile d'assimilation que plus d'un tournera les talons au premier contact. Dans une veine post-core teintée de sludge / doom, le disque demande une concentration intense. Déceler le moindre détail de cette œuvre nécessite un travail colossal, tant chaque écoute dévoile de nouvelles sonorités. Les Américains ont composé une œuvre hétérogène, dans laquelle les atmosphères se succèdent avec une fluidité impressionnante. On peut ainsi se retrouver en complète suffocation sur l'excellente « Within and Without », très influencée par Neurosis, puis se laisser tendrement bercer par de calmes flots sur l'instrumentale « Conjunction ». Quelques points de respiration sont disséminés ça et là, avant de faire replonger tête la première dans cet océan de noirceur. Une piste telle « The Way is Through » illustre à merveille ce propos. Oscillant entre un calme rassurant et une lourdeur oppressante, le morceau parvient à réunir ces deux facettes de la personnalité de Minsk sans que l'une n'empiète sur l'autre.
La dualité est également illustrée via le chant, passant régulièrement d'une voix claire à un registre hurlé. Mais la grande prouesse du combo est de parvenir à éviter tout sentiment de redite au sein d'une œuvre aussi colossale. Réussir à ne pas répéter inlassablement les mêmes schémas et poncifs éculés. Et, surtout, créer une pièce en quatre parties où toutes se révèlent indispensables. Cette pierre angulaire, entre tempête et marée basse, peut être considérée comme le point culminant de The Crash and the Draw mais tous les morceaux ont cette capacité à envoûter par leur simple écoute. Doit-on considérer l'album comme un monument du genre? Difficile de s'avancer jusqu'à un tel point. Si Minsk parvient à impression sur plus d'un point, il n'est pas encore doté d'un son se distinguant complètement des grandes références. Cette difficulté à s'imprégner des titres présentés par les Américains a également la fâcheuse tendance à pouvoir se montrer irritante. Selon l'humeur, la motivation, la fatigue, la perception d'un tel mur de son peut être très différente.
On conseillera donc d'écouter The Crash and the Draw avec modération. Aucun doute sur le fait que Minsk revient en très grande forme et s'impose désormais comme un concurrent sérieux aux ténors du genre. Une impression qui se forge après de véritables efforts d'imprégnation. L'opus n'est pas là pour plaire à chacun, et ce n'est clairement pas le but recherché. Pour autant, si les sonorités proposées vous touchent au premier contact, alors persévérez. L'expérience en vaut la chandelle.