Pourtant, difficile de ne pas être un peu déçu à l'écoute de Lux Mundi. De la part d'un groupe comme ça, on est en droit d'attendre autre chose qu'un album qui se contente de démontrer un savoir faire qu'on leur connaît depuis maintenant 15 ans. Oh, il n'y a rien de foncièrement mauvais sur cet album. Mais rien de vraiment génial non plus, rien de bien accrocheur, de sorte qu'il est difficile de rentrer dans l'album (la production très froide n'aide pas). Le single "Antigod" avait pu impressionner sur le EP du même nom sorti en novembre dernier. Le titre est toujours bon, mais perd de son impact dans le contexte d'un album au rythme globalement très mid-tempo, et dont les titres s'enchaînent de façon assez monotone.
Plutôt bons pris individuellement, mais finalement terriblement répétitifs, tous ancrés dans des tempos médiums avec des instrumentations assez basiques. D'un point de vue stylistique, Lux Mundi peut parfois rappeler Eternal, sans pour autant développer le même pouvoir d'attraction. C'est d'autant plus étonnant de la part d'un groupe qui a toujours mis un point d'honneur à évoluer, à enrichir sa musique, au point même de sacrifier une bonne partie de sa réussite commerciale sur l'autel de son Art. Et pourtant, et pourtant... La rythmique synthétique, les riffs, la voix de prophète de Vorph, tout y est, mais il manque l'essentiel, l'inspiration, qui aurait donné aux titres cette ambiance implacable et prophétique nécessaire pour s'imposer à l'auditeur, cette inspiration qui a été la raison d'être du groupe pendant toutes ces années. Au fil des titres, on perd le fil, avant de finalement réaliser l'impensable : on se fait un peu chier en écoutant SAMAEL.
C'est vraiment rageant. Au vu des performances scéniques du groupe et des promesses affichées, sachant qu'ils avaient sorti un album synthèse avant de changer la donne, on attendant quelque chose de grand, le début d'une nouvelle ère qui replace pour de bon nos suisses sur le devant de la scène, là où est leur vraie place. Las, il y a peu de chances que cet album le leur permette. Alors qu'on attendait un coup de boost, on assiste au contraire à un coup d'arrêt. C'est d'autant plus dommage que dès lors que le groupe accélère le tempo ("The Shadow of the Sword", "The Truth") on se reprend à écouter, en espérant que la suite viendra nous donner tort. Peine perdue.
Alors certes, un faux pas peut arriver à tout le monde. Sans doute était-ce un tort de croire que SAMAEL était intouchable. Reste un constat implacable : Lux Mundi n'a rien de foncièrement déshonorant, mais ne tient en rien la comparaison avec ses prédécesseurs et ne donne pas envie d'y revenir. Par contre, il n'est pas impossible que les nouveaux titres passent mieux en live. A voir, surtout que le combo propose un excellent show et avait carrément piqué la vedette à un PARADISE LOST en petite forme lors de leur date commune à l'élysée-montmartre. Tiens ben pour oublier ça, je vais aller me remettre Passage dans le cornet, ça va faire du bien. Au moins, il nous reste une discographie de très haut niveau. Et puis un faux pas, ça peut arriver à tout le monde, même aux meilleurs.
Ma note : 6/10
Sortie le 2 mai 2011 chez Nuclear Blast
Interview de Xy réalisée à l'occasion de cette nouvelle sortie