Fer de lance de la scène métal hexagoale depuis la fin des années 80, la vie de No Return a souvent été émaillé de haut et de bas, avec des changements de line-up incessants. Pourtant, loin d'abdiquer devant la difficulté, Alain Clément, désormais seul maître à bord et unique survivant du groupe originel, réussi à maintenir tant bien que mal No Return à flot. Et son abnégation porte ses fruits puisque les parisiens viennent de publier Fearless Walk To Rise, leur meilleur album depuis des lustres, opus qui replacera assurément la formation sous les feux des projecteurs. Nous avons profité de l'occasion pour poser quelques questions à Alain Clément afin d'en savoir plus sur le No Return, nouvelle mouture.
Le line-up a une nouvelle fois évolué, quelles sont les raisons de ces départs ?
Alain : La musique est une passion essentielle pour moi et je ne désire qu'une chose très simple: jouer de la guitare en faisant la musique qui me plait sans me prendre la tête. L'idée est de mettre au premier plan la musique de No Return et non pas les personnes constituant le groupe. Certaines personnes malheureusement ne comprennent pas cela et veulent se mettre trop en avant ou alors ne font rien pour faire avancer le groupe. Je n'ai pas de temps à perdre avec des personnes qui ont des problèmes d'égo ou qui n'ont pas compris qu'il fallait s'investir de manière suffisante.
Les changements de personnel ont souvent émaillé la carrière de No Return, est-ce la faute à rudesse de vie trop importante et une très grande exigence de votre part ?
Ni l'un, ni l'autre. Je crois simplement qu'il faut savoir ce que l'on veut et ne pas faire semblant ou se mentir à soi-même et aux autres.
Mick (ex-Destinity) est sans doute l’un des meilleurs frontman que le groupe ait eu en son sein, comment a-t-il été recruté ? A-t-il passé des auditions ? Et pour Joël et Jérôme ?
Je connaissais Mick depuis plusieurs années car nous avions déjà tourné ensemble avec Decapitated en 2006. Après une audition et un concert test à Toulon ,il m'est apparu rapidement comme le frontman idéal pour le groupe, de par son expérience et sa motivation. Pour Joël cela s'est fait naturellement car il nous avait déjà dépanné sur une date auparavant . Quand à Jérôme il m'a été recommandé par David notre bassiste.
Depuis le début de sa carrière, No Return s’est lancé dans plusieurs styles de métal extrême, le groupe semble avoir trouvé sa voie en pratiquant un death/thrash mélodique, à forte connotations scandinaves, est-ce une démarche volontaire ou la sacro-sainte évolution naturelle ?
C'est une démarche volontaire puisque depuis plusieurs albums maintenant l'aspect mélodique du thrash/death de No Return s'est renforcé, d'autant plus que le groupe est très axé sur les guitares depuis toujours. Cet aspect apparait aussi bien dans les solos que dans les leads sur des refrains ou couplets . Je trouve que ce mélange entre mélodie et agressivité nous permet d'avoir plus de variété au niveau des ambiances ,et ce style nous convient parfaitement en forgeant ainsi l'identité propre de No Return.
Comment se déroule le processus de composition au sein de No Return ?
Je me suis chargé de la composition musicale de cet album à l'exception de l'intro qui a été écrite par Jérôme. Concernant les textes ils ont été élaborés par Mick. D'autre part Mick et moi avons également beaucoup insisté sur le travail des arrangements et des structures lors de la pré-production, afin d'optimiser les morceaux. Les arrangements définitifs se font ensuite en répète et chacun peut alors apporter des idées et des modifications s’il le souhaite, de manière à ce que chaque titre soit le plus efficace possible tout en gardant l'esprit de No Return.
Comment s’est déroulé le processus d’enregistrement et votre collaboration avec Jacob Hansen ?
Au niveau technique nous avons utilisé chez Jacob Hansen le reamping pour les guitares. Tous les autres instruments ainsi que la voix ont été enregistrés de manière traditionnelle dans son studio. La collaboration avec Jacob s'est très bien passée durant ces 2 semaines au Danemark, car en plus d'être talentueux c'est quelqu'un de très sympathique. Nous voulions une production qui mette en évidence le coté brutal et mélodique du groupe et le son de l'album montre que nous avons vraiment fait le bon choix.
Quelles sont les principales différences que vous identifiez entre Fearless Walk To Rise et Inner Madness ?
Le dernier album est la continuité logique de l'album précédent Inner Madness avec toujours un gros travail sur les guitares. Je dirais que le chant de Mick colle cette fois-ci idéalement avec la musique de No Return et renforce la personnalité et le style du groupe.
L’artwork de l’album est magnifique, de qui celui-ci est-il l’œuvre et a-t-il une signification particulière ?
L' artwork à été réalisé par Hicham de chez Strychneen Studio. Il a beaucoup de talent et avait déjà bossé sur le visuel de la réédition des 2 premiers albums. La pochette de l'album ainsi que son titre résument bien la volonté très forte du groupe à progresser et continuer son chemin quelles que soient les difficultés rencontrées.
Vous participez à la nouvelle édition du Hellfest, êtes-vous excités à l’idée de participer à ce festival et quel regard portez-vous sur celui-ci ? Et sur la scène métal hexagonale ?
Nous sommes très contents de participer au Hellfest car c'est un super tremplin pour présenter notre nouvel album à un très grand nombre de personnes. Ce festival est maintenant incontournable et est reconnu dans le monde entier. La scène métal hexagonale est depuis plusieurs années très riche et de qualité tous styles confondus, et montre que la France possède des groupes aussi talentueux que les autres pays.
No Return a pas mal bourlingué et arpenté de nombreuses scènes, avez-vous une anecdote croustillantes à nous raconter?
Je ne sais pas si c'est particulièrement croustillant mais nous avons effectivement pas mal d'anecdotes, pas forcément marrantes sur le moment d'ailleurs. Par exemple rester bloqués dans un ascenseur dans une date en Allemagne juste un peu avant de jouer, ou encore récupérer un sac de câbles à l'aéroport en Norvège juste une heure avant de monter sur scène!
Quel est votre pire souvenir de concert ?
Jouer avec 2 cotes fêlées ! C'est pas ce qu'il y a de plus agréable!
Est-ce que certains artistes ou formations ont encore une influence sur vos compositions ? Si oui, lesquels ?
Lorsque je compose la musique de No Return je joue avant tout ce qui me passe par la tête en essayant de trouver les riffs les plus efficaces possibles sans me poser de questions. Après, il est vrai que des groupes comme Death, Testament ou encore les vieux Dark Tranquillity ont bercé ma jeunesse et on nous a dit retrouver parfois certains de ces éléments dans notre musique, mais cela reste inconscient de notre part et me semble d'ailleurs plutôt flatteur vu la qualité de ces groupes.
Qu’est-ce qui vous rebute le plus dans notre société actuelle ?
La connerie des gens ainsi que l'hypocrisie et les dangers des religions quelles qu'elles soient.
Si vous regardez dans le rétroviseur, quel regard portez-vous sur l’ensemble de votre carrière ? Souhaiteriez-vous changer quelque chose ?
Je suis très content du chemin parcouru par No Return d'autant plus que le groupe n'a jamais splitté en 25 ans. Le titre du nouvel album résume bien d'ailleurs cette volonté très forte du groupe à continuer son parcours quelles que soient les difficultés rencontrées. Nous sommes riches de souvenirs et moments fabuleux et c'est cela le plus important . No Return a toujours été de l'avant car j'aime bien aller jusqu'au bout des choses et ne pas avoir de regrets, aussi je ne changerais rien.
Je vous laisse la parole pour vous adresser à nos lecteurs.
Merci à toi pour cette interview et à tous ceux qui nous soutiennent. Bonne écoute du nouvel album et à très bientôt sur scène !
