Naïve – Altra


Trip-Hop Electro Metal. A aucun moment cette combinaison de styles ne m'avait donné envie. A aucun moment je ne m'y suis intéressé non plus. Sauf peut-être une fois... Et ce fût la bonne. Toi qui me lis, si jamais tu es aussi sceptique que je l'ai été, tend l'oreille vers la musique de ce trio Toulousain, et oublie tes préjugés. L'électro, ça peut te transporter très loin.

Naïve vient donc du Sud-Ouest, contrée tempérée sympathique aux autochtones à l'accent chantant. Le groupe commence à sérieusement s'imposer sur de nombreuses scènes Européennes (Motocultor festival 2014, première partie de Sidilarsen, Lizzard et Mass Hysteria, tournée prochaine en Russie...), et c'est tout à fait logique. Leurs albums aux artworks léchés renferment des univers plus saisissants les uns que les autres, et le dernier venu Altra ne dérogera pas à la règle.

Ayant découvert le groupe avec cet album, et n'ayant aucune connaissance approfondie de ce style, l'approche aurait pu être difficile. Sans brûler les étapes, à quoi avons nous affaire ? A une galette comprenant sept titres, soit soixante minutes de succession d'ambiances planantes, alternant riffs destructeurs et sonorités aériennes. Plus grand chose à voir avec un classique couplet-refrain, ici tout s'enchaîne dans une cohérence implacable, de manière tout à fait lisse et fluide. Les rythmiques désarticulées font un carnage, immédiatement suivies par de douces envolées électroniques, le tout saupoudré de chant lancinant et enivrant. En résumé, du trip-hop à la Massive Attack, du progressif et de l'indus, ça vous parle ?

Le titre d'entrée 'Elevate / Levitate' résume bien l'heure qui s'annonce. Dès le départ l'alternance je plane / j'agresse saute aux oreilles, avec une production puissante, pile ce qu'il fallait. A peine l'annonce du riff principal terminée que le chant nous prend par surprise. La voix claire et posée de Jouch sublime les passages calmes comme les plus agressifs. Les ambiances se succèdent crescendo, remplies de nuances très travaillées. Les sonorités électroniques, la batterie groovy, les accords de guitare saturée, tout s'assemble avec une aisance hallucinante. Les huit minutes du morceau passent à une vitesse folle, avec un final sur le rappel du riff principal, destructeur.
 


Chaque morceau présente une 'couleur' différente, mais tous se rejoignent sur l'alternance des passages calmes et violents. Passages dont certains à l'intérieur même des morceaux, valent vraiment le détour. Comme le final du titre 'Yshbel', réellement monumental, ou encore la seconde moitié de 'Mother Russia'. N'oubliez surtout pas le titre 'Surge' (probablement le plus direct et accessible de l'album) dont les couplets à la rythmique appuyée ne peuvent pas laisser indemne... Et encore une fois, quel final !

Avec des titres dépassant les 7 minutes, le groupe prend son temps. C'est sûrement le seul reproche que l'on peut leur faire, la longueur des titres peut faire peur et détourner l'auditeur habitué à l'accroche directe, aux titres courts, et du coup peut se lasser assez vite. Et cela est totalement assumé. Le titre final éponyme dépasse les treize minutes pour un nouveau voyage, et un dernier final plus qu'explosif.

Loin de moi l'idée de définir leur musique comme élitiste, il n'empêche qu'une approche différente s'impose, et cela ne plaira certainement pas à tout le monde. Altra se savoure, se dompte, et des dizaines d'écoutes ne sont pas de trop pour en faire le tour. Certainement un des meilleurs albums Français de l'année 2015.

 

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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