Encore un groupe de doom à chant féminin. Cette introduction pourrait nettement suffire à boucler cette chronique. Cette même veine passéiste qui donne un liant à ces nombreux concurrents peut rapidement terminer par lasser même le plus résistant. Il y a pourtant ceux qui tirent leur épingle du jeu. Citons pêle-mêle Alunah, Jex Thoth, Subrosa ou Undersmile, qui dégagent une aura qui leur est propre. Et les nombreux suiveurs, plus ou moins talentueux, qui y arriveront, peut-être un jour, mais qui restent dans l'ombre des grands. Bien sûr, la liste est ici plus longue, composée des Mount Salem et autres Witch Charmer. A ces noms s'ajoute Mist, en provenance de Slovénie, formé de quatre femmes et d'un homme. Inan est leur premier EP après une démo deux ans plus tôt, et si nous n'avons pas là l’œuvre du siècle, l'effort n'est pas à oublier pour autant.
Décrire cet opus n'a finalement rien de compliqué. Bien des jeunes formations sont convaincues que les meilleures soupes se font dans les vieilles marmites et Mist est de celles-ci. Comprenez que le doom du quintette est tout ce qu'il y a de plus traditionnel. Aucune originalité, si ce n'est celle d'être composé à majorité de femmes, n'est à déceler dans les recettes d'Inan. Cet aspect n'est pas des plus préjudiciables mais le manque de saveur dont souffre l'ensemble se révèle pénalisant. Les musicienn.e.s seraient-ils incompétent.e.s? Bien loin de là. Les morceaux sont plutôt bien composés, la production est satisfaisante, les titres s'enchaînent sans aspérités ni tracas. C'est bien là tout le problème. Le disque n'est ni mauvais, ni bon, simplement prévisible et encore coincé dans la tranche moyenne des nombreux combos qui se bousculent au portillon du doom.
Il y a pourtant plus d'un argument en faveur de Mist : une facilité d'écriture décelable, notamment grâce à des mélodies accrocheuses. La voix de Nina Spruk, sans particulièrement briller, fait correctement son office et n'a rien de honteuse. « Frozen Velvet » est une piste agréable, qui nous prend au jeu grâce à son tempo doux et reposant. Les Slovènes ont une véritable volonté de bien faire, de soigner leur travail et d'offrir le meilleur de leurs capacités. Mais jamais la formation ne se démarque de ses influences criantes. Black Sabbath et Candlemass planent au-dessus d'Inan, et ce n'est pas la voix féminine qui offrira une quelconque démarcation. Si la démarche paraît plus honnête qu'un Avatarium, Mist ne possède pas encore ce don pour le titre qui fait mouche. Les quatre pièces ne se démarquent pas vraiment les unes des autres, la faute au manque d'une saveur qui reste sur le palais. A force de jouer trop proprement et de se vouloir sécurisant, les cinq compères se prennent les pieds dans leur piège.
On comprendra donc sans mal qu'Inan est à réserver aux plus friands de doom. Mais cet essai ne donne pas envie de jeter Mist aux oubliettes, ce qui est déjà un très bon point. Si cette sentence est appliquée à de nombreux groupes récents, les Slovènes réussissent à y échapper. Tout du moins, pour le moment. Il est impératif de ne pas baisser les bras et s'efforcer de sortir des carcans, sous peine d'être constamment relégué au rang de second couteau. Le talent ne manque pas, les compositions présentées ne rebutent jamais, mais dans ce créneau prisé, il n'est pas difficile de trouver mieux en l'état. Les armes sont dans les mains du quintette pour s'offrir une place au soleil. Il serait vraiment dommage de gâcher un si beau potentiel…