Furykane – Fake

On a eu beau annoncer la mort du néo métal, il ne faut pas oublier qu'avant les précurseurs de ce qu'on a appelé ainsi par la suite, il y avait déjà LIVING COLOUR, FISHBONE et d'autres qui pratiquaient ce qu'on appelait alors plus simplement la fusion, et qui ont dû bien se marrer en voyant des clowns comme LIMP BIZKIT péter les charts avant de se ramasser la tronche. Si ces styles (fusion et néo métal) sont tombés en désuétude, c'est paradoxalement plutôt une bonne nouvelle, les périodes de vache maigre étant en général synonymes de mise à mort ou de renouveau créatif. Condamnés à l'excellence, les groupes/projets qui officient dans ce genre ne courrent plus les rues (aujourd'hui, la mode c'est le manouche, et en rock c'est plutôt bien vu de prétendre faire du stoner, avis aux suiveurs).

C'est donc avec grand plaisir qu'on peut se jeter sans modération sur FURYKANE, qui après avoir mis le feu aux scènes de France et de Navarre (il y a ceux qui écument et ceux qui mettent le feu), sorti un maxi remarqué, nous propose enfin un "vrai" premier album. On pense forcément à KORN à l'écoute de Fake, mais pas seulement, loin de là. GUANO APES, SKUNK ANANSIE, la liste d'influences est longue et n'a finalement qu'un intérêt relatif. Le groupe balance ce qu'il a dans les tripes, et ça s'entend. Vu qu'il n'est pas le seul, comment fait-il la différence ? Grâce à un chouette sens de la mélodie ? Une alternance bien trouvée entre titres bourrins, mid-tempos et refrains qui tuent ? Oui mais pas seulement, la réponse est plus simple et peut être résumée en un prénom, celui de la chanteuse Jen.

Jonathan Davis version féminine, capable de transmettre la quasi totalité des émotions humaines à travers sa voix grâce à un panel de possibilités extrêmement vaste, rage, énergie, désir et passion se mêlent, soutenus par des gros riffs dont le but est de soutenir cet étonnant fil conducteur. Capable de rapper, hurler, chanter, de passer du growl au gémissement en un battement de cils, la chanteuse est clairement le GROS atout de cette formation. La première moitié de l'album (séparé en deux par un interlude) est un pur bonheur : "Bliss", "Altering Faces" et le single "STFU" cassent la baraque, "Kick Ass" et "Fake" arrachent tout sur leur passage, tandis que les poignants "Kick'n Play" et surtout "Absolute disgrace" permettent à Jen de nous émouvoir en nous entraînant dans des contrées plus personnelles et torturées. 

Notons l'excellent travail effectué sur les choeurs qui enrichissent encore davantage le chant définitivement érigé en clé de voûte de l'édifice sonore : les respirations et soupirs qui ponctuent ces morceaux et appuient la rythmique renforcent également les ambiances développées. La mélodie (sombre) l'emporte alors temporairement sur l'énergie, toujours prête à nous péter à la figure au détour d'une montée en puissance.

La deuxième partie du skeud tente une approche un poil moins accrocheuse qui fait ressortir ses petits défauts. Qui ne sont pas toujours du fait des zicos d'ailleurs, puisque ce qui fait le plus cruellement défaut à FURYKANE, c'est une plus grosse prod'. Celle que leur a concocté William Bastiani d'Enhancer est tout à fait correcte, mais évidemment sans commune mesure avec celles des mastodontes US. Les amateurs de ce genre de zique pourront passer outre, les autres décrocheront peut-être un peu vers la fin. Car l'autre petit reproche qui peut être adressé concerne l'écriture, le même schéma étant régulièrement reproduit. Rien de rhédibitoire, surtout pour un premier album. Il faudra penser à y remédier pour le prochain, mais c'est pas la peine de chercher le sans fautes dès le coup d'essai.

"Soft" accroche grâce à son ambiance toujours très sombre et son refrain grungy, "AOSD" et ses ambiances glaciales (les murmures du début ne sont pas là pour rassurer), avant le pétage de plomb final sur "Over"... Certes on peut émettre quelques reproches, mais pour un coup d'essai, c'est une réussite, le combo parisien se permettant même le luxe d'éclipser complètement le dernier KORN, qui nous avait été vendu comme un retour aux sources. Cherchez pas, le retour aux sources est là ! FURYKANE remplit son contrat avec brio, démontrer que son potentiel n'est pas qu'un effet d'annonce, qu'il tient la longueur et qu'on pourra compter sur lui dans les années à venir.

Ma note : 7,5/10

Déjà disponible depuis le 28 mars 2011



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