Il y a de fortes chances pour que vous n’ayez jamais entendu parler de Corpse Garden. Pourtant, ce groupe de death metal fondé en 2008 au Costa Rica, publie cette année son deuxième album, Entheogen. Annonçant la couleur dès l’artwork, par ailleurs fort sympathique, ce sont un total de treize pistes brutales et techniques qui s’offrent à nous, dans la plus pure lignée d’un Suffocation.
C’est en effet le nom des Américains qui vient en premier lieu à l’esprit, tout particulièrement en raison du chant de Felipe Tencio qui rappelle à s’y méprendre celui de Frank Mullen. Et il est vrai que les riffs techniques n’ont rien à envier non plus à ceux des pionniers du brutal death, sachant allier violence et technicité pour un résultat impressionnant de maîtrise, et ce dès le premier titre de l’album, « The Quantum Rapture ».
Les riffs sont solides, bien soutenus par la basse fretless de Carlos Venegas, qui donne de la profondeur aux compositions comme sur « Red Pulvis Solaris ». En dépit de la relative longueur des titres, Corpse Garden parvient tout au long de l’album à garder une cohérence dans sa musique, bien que de nombreuses cassures rythmiques et des structures complexes viennent bouleverser les thèmes développés et montrer qui plus est toute l’étendue de la maîtrise instrumentale des musiciens (« Evoking a Dead Sun »). Les soli des deux guitaristes Federico Gutierrez et Esteban Sancho ont pour vocation de servir les compositions, sans faire office de déballage technique outrancier.
Mais là où le groupe cherche à se démarquer, c’est en proposant plusieurs interludes, sous forme de pistes assez courtes, parfois acoustiques, allant flirter avec l’ambiant et le prog (« Enantiodromia » presque proche d’un Tool, « In the Womb of Chaos» ou encore « Arrival of Saturn » qui flirte avec le drone). Non content de diversifier et d’aérer l’album, cette démarche (rappelant celle initiée récemment par Illuminati) permet également de mettre en avant la diversité des influences des musiciens.
Ces passages et interludes permettent également de mieux apprécier la déferlante de riffs techniques et brutaux, bien mise en valeur par une production qui si elle se veut moderne n’est pas froide et sans âme pour autant.
Du point de vue musical, peu de reproches sont à formuler. Les compositions sont solides mais manquent peut-être un peu d’originalité dans ses parties les plus violentes pour réellement accrocher l’oreille (« Suspended over the Abyss »). Les Costaricains manquent encore de maturité et n’ont pas encore digéré toutes leurs influences pour réaliser un album personnel, surtout sur les compositions les plus brutales. Néanmoins, cet opus devrait plaire aux amateurs du style, en raison d’une technique sans faille et de la qualité des compositions. Si vous attendez avec impatience le successeur de Pinacle of Bedlam de Suffocation, jetez une oreille sur ce groupe, vous ne serez pas déçus du voyage.
Note : 7,5/10
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