Lake of Tears – Illwill

Mauvaise volonté ?

par Ju de Melon

Lake of Tears, voici un groupe underground à la carrière plutôr riche si l'en est. Tant est si bien qu'il est devenu au fil des années assez culte pour bon nombre d'amateurs du genre. Quel genre me diriez-vous ? Cela devient compliqué, d'autant plus que les suédois n'ont eu de cesse d'évoluer et de rouler leur bosse depuis 1994, aboutant ici à une nouvelle mouture de leur musique en la personne de Illwill, la 8ème offrande du combo.

Tout prit pourtant forme, artistiquement parlant, en 1999 avec un Forever Autumn sonnant comme l'aboutissement d'une trilogie rock metal psyché-doom-gothic'old school puisant ses réserves chez Pink Floyd, Deep Purple, Metallica ou Paradise Lost. S'en suivent un split (ou l'impression de ne pas pouvoir mieux faire ?) puis une reformation inattendue et une suite de carrière plus poussée vers un psyché rock progressif, jusqu'à cette nouvelle 8ème galette, prévue ce 29 avril chez AFM Records, aux relants plus... intenses.

Mais attention, qui dit intensité ne dit pas forcément brillance ou solidité. A moins qu'on ne puisse ici suggérer une fulgurance soudaine, ce Illwill va en perturber plus d'un, se détachant ainsi de The Neonai, Moons and Mushrooms ou Black Brick Road (ses trois prédecesseurs) sur plus d'une forme. Lançant peut-être ici l'idée d'une nouvelle trilogie... à moins que le groupe n'en ait de toute façon pas la moindre prétention ?

Sortez la double le basse, un côté speed, et vous obtiendrez un Lake of Tears plus heavy péchu que jamais. Quasiment punk même, autant le dire. Non, le quatuor scandinave ne se lance pas dans la reprise de Motörhead, pourtant lorsqu'on se laisse surprendre par l'introduction "in your face" d'un "Parasites" décapant, on se sait plus quoi penser ni sur quel pied danser. Alors oui, ce titre est très bon, certainement le meilleur ici, on pourrait d'ailleurs le jumeler avec le tonitruant "Midnight Madness" et sa douce folie obscure (on se rapproche doucement du black metal ici) bien convaincante ou "The Hating" avec ces riffs quasi power metal thrashisant en intro et un break final rappelant le single "Island Earth" du précédent opus. D'autres s'amuseront à lui trouver un écho pseudo thématique sur un "U.N.S.A.N.E." bien moins réussi, largement plus tempéré (voire pesant) niveau vitesse et aux paroles frôlant le ridicule ("Come feel my touch baby, come feel the flame!"). Tout ceci ne manque donc pas le soulèvement de quelques questions stylistiques.

Lake of Tears aurait-il perdu toute notion de subtilité et de mélancolie dans sa musique ? Plus ou moins mais pas forcément, certains breaks plombés restant suffisamment obscurs. Cependant l'évolution en marche laisse des traces, et si un morceau comme "House of the Setting Sun" pourrait rappeler la glorieuse période Forever Autumn, elle ne le fait que par brefs moments et s'étire finalement en ce qui aurait pu être comme une face B oubliée de l'époque. Frustrant. On perd ici le rythme et sombre un poil dans l'incompréhension, comme sur plus d'une structure bâtissant les contours de ce brûlot...

Le ton était de toute façon d'ores et déjà donné en introduction avec un "Floating in Darkness" au rythme certes soutenu mais contebalancé d'une batterie étrangement cadencée. Une impression de "choses faites à la va-vite" se dégage bien vite et nous place ainsi dans un léger mal-être musical que nous cherchons à comprendre... Pourtant nous ne sommes pas dans le prog à proprement parler, alors pourquoi ?

Peut-être au final que le titre éponyme aurait pu être en son introduction le plus représentatif de ce que peut être Lake of Tears "en général", mais là c'est le chant qui fait mal tant il semble bien plus forcé que par le passé. Drôle d'impression, fusion improbable entre James Hetfield et Nick Holmes, une caisse de cigares écoulées en plus. "Such a cold place"... Ouais, à croire que le vocaliste Daniel Brennare n'est pas sorti assez couvert.

Zappons vite fait sur le pire que pouvait nous offrir le groupe, totalement "Out of Control" le temps d'un titre où semble s'égosiller un cowboy maléfique, cette piste ayant au moins le bon goût d'être courte. Et revenons en fait sur le côté speed/punkisant qui, bien que ultra déstabilisant, s'avère le fait le moins choquant d'un CD bien inégal... Au final, le psyché disparait un peu (même si le punk peut en être considéré comme une variante) et la touche gothique ne subsiste véritablement que dans le fort sympathique "Behind the Green Door", aux touches vocales à la Peter Steele et qui semble être un véritable hommage au leader disparu de Type O Negative... Et ce jusque dans le titre ! De quoi être vert...

Lake of Tears 2011

Surprise décevante ? Perte de cap ? Hmm après tout, quand on y pense et qu'on étudie de près la riche discographie du groupe, Lake of Tears est une de ces rares formations qui a toujours su faire fi des modes et des étiquettes stylistiques restreintes. Toujours avec cette envie de surprendre, de nager à contre-courant, de jouer sur les contre-pieds, pour mieux nous étonner... Ceci ne peut malheureusement pas excuser certaines maladresses et quelques autres précipitations souvent malsaines. Dommage, nous n'étions pas forcément loin de quelque chose de bien, et nous devons nous contenter d'un résultat tout juste moyen.

Note : 6/10

Page Myspace de Lake of Tears

NOTE DE L'AUTEUR : 6 / 10



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