"I'm the reaper outside your door"
Peu de groupes tournent autant qu’Halestorm en support d’un album et la France n’aura pas été épargnée par la tornade des Américains. En peu de temps, le groupe est passé de première partie à headliner et la capacité des salles grandies au fur et à mesure. Into The Wild Life va décontenancer l’auditeur qu’il soit lambda ou habitué pour le meilleur, rien de plus.
A l’écoute du premier morceau dévoilé, "Apocalyptic", l’auditeur est en terrain connu même si on sent une certaine maturité d’écriture et des influences inconnues sur les deux premiers albums. Puis "Mayhem" est apparue, une déferlante de puissance et assurément le morceau le plus heavy d’Halestorm à ce jour. Et juste avant la sortie finale d’Into The Wild Life, c’est "Amen" qui a eu droit à son clip et fait office de single. Il faut dire que le morceau est accessible, qu’il possède un refrain imparable et que sa durée en fait un morceau facilement passable en radio.
Jusqu’ici, peu de surprises. Les morceaux sont ce qu’on peut attendre de Lzzy Hale et sa bande, mais c’est à l’écoute complète de l’album que l’influence de l’enregistrement à Nashville (dans une église transformée en studio d’enregistrement, excusez du peu) avec le producteur Jay Joyce apparaît. L’enregistrement quasi live des morceaux se ressent, ici rien d’aseptisé. Into The Wild Life sent bon la sueur, la campagne amerloque et le blues. Et ça fait du bien de voir un groupe prendre des risques, se remettre en question et ne pas nous ressortir la même recette encore et encore. Halestorm aurait très bien pu ressortir un The Strange Case Of… 2.0 et nous étions en droit de nous y attendre au vu des premiers morceaux, heureusement ce n’est pas le cas.
A l’instar de "Love Bites (So Do I)" sur son prédécesseur, "Scream" et sa puissance chatouille les cages à miel de l’auditeur dès les premières secondes avec un riff simple mais efficace. "I Am The Fire" est un des morceaux les plus réussis de ce nouvel album, on y retrouve la rage qu’avait Halestorm sur son premier album. Cet instinct pas foncièrement contrôlé, cette naïveté passive et les envolées lyriques d’une Lzzy qui en surprendra plus d’un tout du long d’Into The Wild Life.
Ne parler que de Lzzy sur cet opus serait une grave erreur tant Halestorm est un groupe où chacun apporte sa pierre à l'édifice. Les capacités d’Arejay Hale à la batterie ne sont plus à démontrer et pourtant, le bougre arrive à surprendre à de nombreuses reprises comme sur l’intro de "Sick Individual" ou encore sur "Mayhem" (comme nous avons pu le voir lors de la date parisienne), son jeu a évolué et sa complicité avec Josh Smith (basse) apporte une base rythmique qui joue sur l’ambiance de chacun des morceaux. Si on parle de progrès, impossible de passer sous silence ceux de Joe Hottinger (guitare) qui est tout bonnement époustouflant sur l’album – et en live d’ailleurs – avec des riffs bien sentis, quelques soli et surtout une capacité à dégotter des mélodies imparables.
Un album d’Halestorm sans ballade n’en serait pas un, cette fois-ci le morceau s’appelle "Dear Daughter" et ce n’est malheureusement pas la réussite de l’année. Il faut dire que lorsque le rythme ralenti, les Américains ont tendance à se perdre un peu. Et c’est dommage parce que cela brise l’élan. Heureusement que "New Modern Love" vient remonter le niveau dans un style encore inconnu pour le groupe. C’est d’ailleurs sur ce morceau que l’ambiance d’enregistrement en live se ressent le plus, dommage que cet effet s’estompe sur les morceaux beaucoup plus heavy.
Comme "New Modern Love" et un peu plus tard dans l’album "What Sober Couldn’t Say", "The Reckoning" est un morceau dont les racines blues se font ressentir dès les premières secondes. Les modulations dans la voix de Lzzy apportant un certain cachet à l’ensemble.
Into The Wild Life est un album surprenant et qui a de quoi décontenancer le fan comme l’auditeur lambda. Halestorm a pris un virage sur ce nouvel opus, un virage qui l’éloigne du standard radiophonique quand on exclue les singles comme "Amen" ou "Apocalyptic". L’ambiance blues peut plaire comme déplaire, en revanche on ne pourra pas enlever au groupe de s’être écouté plutôt que de nous sortir un de son précédent album. Dans l’ensemble, Into The Wild Life est un album très bien réussi même si il manque un petit quelque chose pour en faire l’album indispensable.
Note réelle : 7,5/10