Midnattsol – The Metamorphosis Melody

Décidément, les grands noms du metal à chant féminin ne cessent de faire parler d'eux ces temps-ci : Nightwish annonce un nouvel album pour 2012, avec bien sûr et toujours la séduisante (question de point de vue) Anette Olzon au chant, Within Temptation s'amuse à diviser avec The Unforgiving qui n'a plus rien à voir avec le passé des bataves, et dans le registre des groupes moins connus mais qui peuvent avoir de l'envergure dans les années à venir, Delain annonce également un nouveau bébé, Draconian confirme qu'ils ne sont pas morts et nous apportent pour bientôt une nouvelle livraison, Leaves' Eyes va sortir Meredead, Krypteria nous revient avec All Beauty Must Die, Amberian Dawn et Diabulus in Musica entrent encore en studio, Amaranthe sort de l'ombre avec un brûlot éponyme, bref, c'est le printemps, les bourgeons fleurissent, et les offrandes avec.

 

Mais la formation qui nous intéresse, c'est les germano-norvégiens de Midnattsol, qui après seulement deux albums se retrouvent déjà propulsés dans les devants des scènes, avec une horde de fans plutôt considérable, et il faut avouer qu'à son époque, Where Twilight Dwells pouvait laisser entrevoir un certain potentiel, alors que Nordlys, de par des changements musicaux conséquents, à divisé les fans, de nouveaux étant arrivés alors que d'autres ont quittés le navire. L'un des points de discorde, c'est le chant de Carmen Espanaes, petite soeur de la célèbre Liv Kristine (Leaves' Eyes, ex-Theatre of Tragedy), qui avait quelque peu changé sa façon de chanter, passant à une voix plus lyrique et à un timbre assez différent. Et que l'on aime ou que l'on déteste, cette modification n'a laissé aucun fan indifférent. Mais le combo germano-norvégien ne se laisse pas abattre, et voici que sur le célèbre label autrichien Napalm Records se trame le complot The Metamorphosis Melody, le 22 Avril 2011. Et, première chose qui se remarque, la chanteuse n'apparaît pas sur la pochette pour une fois.

 

Dès les premières écoutes, on ne peut pas dire que ce troisième album soit très jouissif. Malheureusement, et c'est bien ce qui était à craindre, les cinq membres n'offrent rien d'intéressant à se mettre sous la dent, et les morceaux, aux incursions progressives assez douteuses et très maladroites, n'ont rien de marquant ni de particulièrement accrocheur. C'est bien simple, la recette du vite écouté, vite oublié s'applique sans vergogne, tant et si bien qu'aucun titre ne reste en mémoire pour le pauvre auditeur qui ne peut que constater l'ampleur des dégâts. Dommage, car quelques tentatives semblent bien amorcées, mais tombent trop rapidement à l'eau, comme « Spellbound » qui, après le passage du premier refrain, s'embourbe dans un méli-mélo confus, et le rythme soutenu du départ, pourtant élément important et positif, donnant un véritable relief à la piste, tombe dans une lenteur malvenue et malhabile.

 

Voilà donc un album qui s'empêtre dans un vide absolu, car si les musiciens ont de la technique, ce qui se ressent par quelques coups de guitare relativement techniques mais pas forcément utiles, l'oubli d'un peu de simplicité et de refrains entraînants est totalement préjudiciable. Bon, s'il fallait retenir et sauver quelques titres de la noyade, « Spellbound » serait en tête de liste car les premières minutes témoignent que Midnattsol est capable de faire de jolies choses, mais également « Forvandlingen » pour son introduction réussie, ses parties de guitare agréables et adroites, qui donnent un second souffle, un bel élan à un morceau qui aurait pu être mieux réussi s'il avait été plus pertinent dans sa direction musicale. Pour le reste, il est difficile, quasi-impossible même d'aller repêcher quelque chose de sauvable. En revanche, si vous dites mauvais, alors les germano-norvégiens ont plein de choses à vous raconter, à commencer par exécrable ballade « Goodbye », d'une platitude à faire peur, et, comble du comble, réunissant tous les clichés du genre, avec l'air acoustique larmoyant, le chant vaguement triste mais n'insufflant aucune émotion, on touche vraiment le fond. D'autres titres viennent faire parler d'eux, et en de très mauvais termes, notamment « The Tide » qui traine la patte et lasse, ou encore « My Re-Creation », avec un côté faussement prog foncièrement irritant, et n'apportant strictement rien, si ce n'est un détour du titre vers la case poubelle, sans même avoir le droit à une seconde chance.

 

L'une des responsables de cette vertigineuse chute, et d'ailleurs probablement la principale coupable, c'est Carmen. Outre un timbre de voix assez commun et basique, ne modulant que très peu et provoquant un sentiment de monotonie assez inné, la demoiselle se permet d'offrir une prestation irritante, si ce n'est plus. Sa voix est souvent, à de nombreux passages, à côté de la plaque, et ses interprétations des pistes confuses, voir parfois à la limite du catastrophique. Sur quasiment tous les morceaux, voir même tous, elle est le point noir qui donne envie de décrocher et de passer à autre chose, et l'on en vient cruellement à se demander si l'opus n'aurait pas été meilleur et, surtout, plus écoutable en version instrumentale. Dégoulinant de mièvrerie, son chant ne fait que renforcer l'idée que sur ce point, Midnattsol doit sérieusement faire quelque chose. Pire, lorsque la musique du groupe se fait plus dense, elle ne parvient pas à suivre la cadence.

 

Abordons désormais le point de l'originalité. Là encore, la copie est blanche, et l'on se retrouve dans un terrain connu, assez basique, dans un style voguant entre metal symphonique et gothique, avec quelques légères tendances prog ou mélodique, qui ne sont pas là pour aider le groupe. Alors qu'ils auraient pu les incorporer de manière intelligente pour leur donner un zeste de personnalité (chose dont Midnattsol est dénué) car, s'il en est, l'idée est bonne et aurait pu être exploitée correctement, ce ratage vient anéantir les quelques efforts du quintette. Quitte à tenter de diversifier un peu sa musique (car oui, les compositions ne changent que très peu les unes par rapport aux autres), autant travailler un peu ce mélange d'influences, pour ne pas faire, comme ici, l'effet d'un soufflé qui aurait trop attendu et qui, finalement, retombe, perdant de ce fait toute sa saveur.

 

Niveau production, là, c'est le meilleur point de l'opus. Comme il fallait s'y attendre, le son est clair, précis et efficace, et aucun instrument n'est sous-exploité. Par moments, en revanche, la voix féminine se retrouve un tantinet noyée, mais cet effet sera plus à mettre sur le compte du manque de puissance de cette dernière que d'une erreur de mixage, tant le reste du travail est bien exécuté, et permet de sauver les meubles en surface, avant bien sûr de se rendre compte que sur un plan musical, le fond est complètement vide.

 

Que faut-il retenir de tout cela ? Que Midnattsol, malgré la réputation du groupe, ne possède pourtant pas les atouts pour se démarquer dans une scène où la concurrence est extrêmement rude. Entre des titres qui, globalement, sont assez faibles et ne possèdent pas d'étincelle de magie, de refrains avec une capacité à s'incruster dans la mémoire de l'auditeur, et, surtout, un énorme problème à régler d'urgence au niveau du chant de Carmen Espanaes, il y a de quoi rester vraiment dubitatif sur les capacités du groupe germano-norvégien. Nordlys annonçait déjà une descente aux enfers, The Metamorphosis Melody creuse la tombe de la formation encore plus profondément. Il va vraiment falloir se rattraper sur le prochain essai, car à la pesée, Midnattsol paraît encore bien insuffisant, et si la suite logique continue comme elle le fait en ce moment même, le futur album du combo sera encore moins bon que celui-ci, le quintette enchainant des oeuvres de qualité de plus en plus médiocre au fil de leur carrière. S'ils ne se ressaisissent pas, ils vont être forcés d'errer dans les bas-fonds. Mais voyons le côté positif des choses : ce type de formations permet de s'en détourner afin de se concentrer sur celles qui apportent véritablement quelque chose à la scène.

 

 

Note finale : 4/10

Site officiel de Midnattsol

NOTE DE L'AUTEUR : 4 / 10



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