Officiant en tant que one-man band sous le nom de Schwarzer Engel, l'Allemand Dave Jason peut se targuer de faire preuve de productivité. Enchaînant sorties d'Eps et d'albums, le projet suit une cadence soutenue mais également des hauts et des bas. Avec ce quatrième opus de longue durée, Imperium I - Im Reich der Götter, le musicien poursuit ainsi son chemin dans un relatif anonymat en France, mais couronné d'un certain succès outre-Rhin.
L'Allemagne est connue pour sa scène industrielle et, évidemment, Schwarzer Engel ne déroge nullement à la règle. Officiant dans la tradition directe de nombreuses formations à la renommée plus importante, l'ensemble peinera à provoquer chez l'auditoire un semblant d'effet de surprise à quiconque est familier avec ce registre. Pourtant, l’œuvre n'est pas foncièrement inintéressante et s'écoute sans déplaisir. De nombreux arrangements symphoniques ornent les compositions, offrant un aspect majestueux aux morceaux. C'est notamment le cas sur l'opener « Gott vs Satan » qui ne manque pas d'efficacité. La recette est simple : un chant grave en langue allemande (Rammstein n'est pas loin), une orchestration de bon aloi et un refrain correctement écrit. Si les influences du compositeur sont criantes, elles n'empiètent jamais sur la qualité d'interprétation. L'ajout d'une voix extrême est également une idée intelligente, offrant davantage de polyvalence au propos de Dave Jason.
Le musicien de Stuttgart n'est pas un amateur mais ne brille ni par sa personnalité, ni par sa constance. Le défaut majeur d'Imperium I - Im Reich der Götter est de souffler le chaud et le froid, entre morceaux enthousiasmants et pistes sans grand intérêt. « Meine Liebe » ou « Ritt der Toten » souffrent cruellement de cette qualité d'écriture plus négligée. Plus généralement, si le tempo est varié au sein de l’œuvre, les titres moins énergiques ont du mal à emporter l'adhésion. « Du », à titre d'exemple, tente d'instaurer un aspect plus aérien et délicat qu'à l'accoutumée mais la composition tourne en rond rapidement et termine par ennuyer. Même constat pour « Schwarzkunst », bien plus sombre mais également plate. On ne peut que regretter de tels écarts en entendant la tubesque « Gott vs Satan » mais aussi l'entêtante « Schmerz Bleibt Mein » ou l'imposante « Beuget Euch ». La prestation au chant de Dave convainc aussi que Schwarzer Engel possède plus d'un atout dans sa manche mais n'utilise pas toutes les cartes qu'il possède pour tirer son épingle du jeu.
Imperium I - Im Reich der Götter n'est pas un mauvais album, loin s'en faut. Les pistes les plus agréables valent le détour et l'inspiration n'est pas aux abonnés absents. Néanmoins, Schwarzer Engel ne parviendra pas encore à s'extirper de la masse, la faute à de trop nombreuses irrégularités et à une personnalité qui peine à s'affirmer. On ne peut que souhaiter au maître à penser Dave Jason de passer à la vitesse supérieure et de rectifier le tir. La scène industrielle allemande est vaste et il est difficile de ne pas cataloguer ce projet comme groupe de seconde zone. Ce qui est dommage compte tenu du potentiel présent.