Yann Le Baraillec et Yves Tattevin, organisateurs du Motocultor

L'expansion constante
 

L'affiche de la prochaine édition du Motocultor, qui se tiendra du 14 au 16 août à Saint-Nolff (Bretagne), est désormais complète. On y trouve plus de groupes, parmi lesquels des noms plus populaires qu'auparavant. Yann Le Baraillec et Yves Tattevin, tous les deux organisateurs du festival, expliquent cette augmentation, sans oublier de présenter leurs ambitions, sans avoir les yeux plus gros que le ventre.

Bonjour à vous et merci de nous accorder cette interview. Vous vous préparez à faire votre sixième édition en plein air du Motocultor, parlez-nous de l'évolution du festival.

Yann Le Baraillec : Déjà, on a le nombre d'entrées qui a connu une forte croissance ! [rires] Dans les premières éditions en salle on était quelques centaines de personnes, ensuite, en 2010, on est passé à 4500, 2011 on a fait 5500, en 2012 on est passé à 11 000, pour la première édition à Saint-Nolff en 2013 on est passé à 12 000 et l'année dernière on a fait 17 000. On est en pleine expansion et c'est parti pour augmenter à la prochaine édition. Concernant les groupes, on a la confiance des tourneurs, avec des groupes de plus en plus gros d'année en année, des propositions aussi. Il y a certains groupes qu'on rêvait d'avoir il y a quelques années et maintenant on est pas loin de les avoir. Du coup, on a gagné en crédibilité auprès des groupes, mais aussi du public.

Parmi les conséquences de cette expansion, on a maintenant une troisième scène, comment est venue l'idée ?

Yves Tattevin : Il y a plusieurs aspects à traiter : l'aspect artistique et l'aspect financier. L'avantage de la troisième scène, c'est qu'on peut élargir vers d'autres styles qu'on ne faisait pas forcément avant, puisqu'on est plus sur une base black, death et thrash depuis le début. On introduit parfois d'autres styles, comme l'année dernière, le samedi, on avait six groupes plus orientés punk et rock n'roll comme Brother Dege ou LesSheriffs et il se trouve que ça n'a pas plu à tout le monde, ce qui est compréhensible, vu que ça sort du metal. La troisième scène permet de placer ces groupes-là et ceux qui n'aiment pas ont toujours du metal sur les deux autres scènes.

Yann : Cette année, il n'y aura pas de punk, parce que nous n'avons pas eu d'opportunité, mais on a remarqué qu'on pouvait intégrer d'autres styles sur la journée du samedi, ça pouvait plaire, vu qu'on avait vendu plus de 1000 places pour cette journée seulement alors qu'on en vend entre 400 et 500 d'habitude. Cette année, la journée la plus marquante sera celle du vendredi avec pas mal de groupes de hardcore, alors qu'on en a quasiment pas eu en 2012. Ces groupes ne seront pas sur la troisième scène, mais c'est cette scène qui nous permet une concentration de groupes. Sinon on a aussi plus de stoner sur l'ensemble du week-end, on n'a pas pu tout mettre sur une journée.

Motocultor

Du coup, pouvez-vous nous parler l'orientation artistique de chaque scène ?

Yann : Sur la Dave Mustage, tous les styles de musique peuvent se retrouver, c'est là qu'on mettra les plus gros groupes à partir de 18h, bien qu'il y aura quelques têtes d'affiche sur les deux autres scènes. Concernant celles-ci, elles seront calées sur des créneaux en même temps, la Supositor Stage sera plus dans la tradition du festival avec du death, du thrash, du black et aussi du hardcore. La troisième scène aura les groupes de pagan, du metal mélodique comme Delain, tout ce qui est avant-gardiste et planant, comme Alcest, ainsi que du doom et du stoner.

Qu'en est-il du développement du festival sur le plan international ?

Yann : C'est quelque chose qu'on essaie de développer depuis des années, la troisième scène va nous aider. Les autres festivals européens tournent à plus de 100 groupes, là, on passe de 45 à 66 groupes. On commence à entrer dans un nombre qui peut motiver ceux qui viennent de loin. En revanche, on ne compte pas augmenter ça dans les années qui viennent, on compte rester sur trois scènes avec des concerts qui commencent entre 12h et 13h avec des sets de 40 minutes pour les groupes.

Yves : Là, on se retrouve avec un prix proche de celui du Summer Breeze (Allemagne), qui a plus de groupes que nous, mais avec un moindre écart par rapport à l'année dernière, où il n'y avait que 45 groupes. C'est naturel pour le public de s'orienter vers les festivals où il y a le plus de choix.

Y aura-t-il du coup une augmentation de la capacité d'accueil du festival ?

Yves : Il se trouve que la scène sera en dehors de l'espace délimité par le site, du coup il sera un peu plus grand. On va augmenter la jauge de 30 %, en passant de 5000 à 8000 entrées payantes par jour. Si ça peut rassurer les gens sur le long terme, ça ne va pas beaucoup augmenter par la suite, d'autant que le site est délimité par les bois autour. Notre objectif est de passer cette année la barre des 6000 entrées par jour. Ce genre de jauges nous arrange, car passer à 15 000 par jour, en plus des difficultés sur le terrains, nous placerait dans un autre type de concurrence pour d'autres festivals européens. Un groupe comme Slayer est du genre à passer dans un festival généraliste en Allemagne, avec des groupes de rock bien plus mainstream et dans des structures qui ont bien plus de moyens que nous. Nous ne voulons pas non plus nous imposer parmi les énormes festivals en France, mais avoir une position de leader dans les festivals de plus petite taille. L'intérêt n'est pas de grossir à tout prix, mais de trouver un modèle viable.

Yann : Avec une jauge à 15 000 entrées par jour, ce serait aussi dur au niveau de la programmation. Pour ça, il faut avoir des groupes qui sont régulièrement haut-placé dans l'affiche du Hellfest, donc on ne va pas faire venir deux fois chaque groupe. On a déjà quelques groupes en commun, mais ce sera aussi compliqué de se renouveler. Un groupe qui commence maintenant pourra avoir le niveau de popularité d'un Sepultura ou d'un Carcass dans cinq ans. En revanche, pour avoir un nouvel Iron Maiden, ce sera bien plus difficile.

Motocultor

Comment gérez-vous votre programmation par rapport aux autres festivals d'ailleurs ?

Yann : On a tout intérêt à ne pas programmer les mêmes groupes que les autres festivals, mais c'est toujours difficile avec 66 groupes à faire jouer, d'autant que, dans certains styles de musique, le choix est restreint. Rien qu'avec le Hellfest, ils ont 163 groupes, on en a 5 % en commun, ce n'est gênant pour aucun d'entre nous. L'avantage est aussi dans les périodes, en juin et en août, ce ne sont pas les mêmes groupes qui tournent, sauf pour certains. Il faut trouver les bons compromis avec les groupes des autres festivals. Pour des festivals éloignés comme le Sylak ou l'Extremfest, ce n'est pas trop gênant d'avoir quelques groupes en commun, quoiqu'il n'y en a pas beaucoup cette année. Avec le Fall of Summer, qui est plus près, c'est un peu plus délicat, mais nous n'avons pas non plus beaucoup de groupes en commun. L'intérêt est de trouver un équilibre pour qu'aucun des festivals ne soit pénalisé. Vu qu'on est proche géographiquement avec le Fall of Summer et le Hellfest, on va être amené à beaucoup discuter à l'avenir.



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