Profitant d’un temps mort dans son emploi du temps pourtant chargé, le batteur de Nile (dont le nouvel opus s’apprête à sortir cet été) a composé et enregistré son premier album solo. Sorti sous son propre nom, le musicien grec y dévoile ses talents de compositeur, mais prouve également sa maîtrise de nombreux instruments au cours des 11 pistes de l’album. En effet, le batteur a choisi d’enregistrer seul cet opus, à l'exception de certains soli réalisés par des invités prestigieux (dont bien entendu ses compères de Nile, Kars Sanders et Dallas Toller-Wade) et des parties de chant (Mike Breazeale et Efthimis Karadimas s'en chargeant).
C'est une introduction proche de ce que peux proposer Nile qui ouvre l'album, amenant l'auditeur sur les rivages antiques de la Méditerranée. Dès le premier vrai titre, l’éponyme « Invictus », nous sommes plongés dans un death progressif où la batterie s'emballe sur des riffs relativement lents, mais toujours en servant les compositions. Kollias l'a déjà prouvé par le passé, il maitrise la batterie à la perfection, étant passé maitre dans l'art des blast beat. Le batteur semble en effet inépuisable sur l'ensemble des 11 titres (comme sur « Voices » et ses plans rythmiques époustouflants à la double pédale). Néanmoins, c'est sur d'autres terrains que le musicien grec est attendu ici.
Coté guitares, Kollias se débrouille également à merveille, même s'il n’hésite pas à déléguer sur les leads. Et en ce qui concerne les compositions, tout est excellemment bien dosé, entre agressivité et technique, tout en n'oubliant pas les thématiques guerrières qui parsèment l'album et qui viennent immédiatement à l’esprit.
Bien sur, la comparaison avec les derniers albums de Nile est inévitable, Kollias oeuvrant dans un style de compositions relativement similaire. De plus le chant de Breazeale qui intervient ponctuellement sur Invictus est proche de celui de Sanders, même si les plans instrumentaux dominent largement. « Apocalypse » propose une incartade plus progressive dans de l'ambiant magnifiquement dominé par des cordes épiques a souhait et un solo de clavier que n'aurait pas renié un Keith Emerson. Ce titre a le mérite de permettre à l'auditeur de prendre sa respiration avant l’avalanche de blast introduisant « Epitaph ».
Sur l’ensemble d’Invictus, l’inspiration est belle est bien présente et évoque les meilleurs opus de Morbid Angel (Domination en tête) et de Nile (Annihilation of the Wicked). Elle est ici renforcée par une production puissante, mettant tous les instruments sur un pied d’égalité.
Loin de proposer un album de musicien pour les musiciens, le batteur n'a pas oublié la qualité des morceaux dans ses propos et a su se faire plaisir sans pour autant faire preuve d’égoïsme et d’égotisme. On pourra peut être reprocher une trop grande homogénéité entre les titres (« Voices » et « Treasures of Nemesis » sont fait du même alliage) si bien qu'aucun morceau plus fort que les autres ne ressort du lot.
Mais c'est une belle réussite que George Kollias se permet ici, peut être plus inspirée que At the Gates of Sethu, le dernier opus en date de son groupe principal. Espérons que le batteur soit plus présent dans le processus de composition des Américains, tant il est capable de belles choses. Qui plus est, George Kollias a eu l'excellente idée de proposer cet album gratuitement sur son site internet, alors n’hésitez plus avant de jeter une oreille dessus, vous ne serez pas déçus du voyage !
Note : 8,5/10