Dirty Shirt – Dirtylicious

Avec sa quatrième sortie, cette formation roumaine confirme tous les espoirs que les  médias metal ont placé en elle depuis ses débuts. Dans un style folk metal enjoué,  Dirtylicious est un parfait mélange de sonorités modernes, d'énergie communicative,  d'assimilation des racines locales et de songwritting soigné. L'invasion viendra de l'Est, qu'on se le dise.


“Mon ami, viens ici, ne joue plus la comédie!
          C’est la fête, c’est la folie, il faut juste avoir envie.“

  (paroles introduisant le titre  «Balkanique»)

Ah la Roumanie. Ses villages possédant chacun leur château de Vlad L'Empaleur, ses Dacia 1300 “Renault 12”  pilotées par des conducteurs n'ayant pas peur de prendre des risques sur  la route, ses habitants chaleureux et francophiles (pafaitement francophones même pour  certains), ses paysages à la fois beaux et mélancoliques. La Roumanie est un charmant pays, disons-le.

Musicalement, on y trouve, au hasard, des  groupes de power metal symphonique sortant des albums aux paroles évoquant des loups-garous et sorcières ou de black metal progressif  rendant hommage à la spiriualité transylvannienne. L'identité roumaine reste donc souvent  ancrée dans la scène rock ou metal de ce pays qui mérite plus d'exposition.Tout comme  certaines formations qui, mine de rien, essaient de faire carrière depuis un moment.

C'est le cas de Diry Shirt, une troupe formée en 1995 et qui avec Dirtylicious (disponible  depuis le 26 avril sur Promusic Production) livre déjà son quatrième album studio. Dirty  Shirt est considéré dans son pays comme étant une des formations les plus innovantes, au  talent salué par de nombreux magazines, locaux et internationnaux. En effet, le groupe est sorti gagnant de la Metal Battle Romania et obtenu la deuxième place  de la finale internationale du Wacken Open Air en 2014.  Signalons aussi que Freak Show leur précédent album paru en 2013 a reçu d'excellentes chroniques, notamment dans la  presse metal française. Il y a pire comme références.

Les musiciens sont originaires de Seini, ville située dans la “célèbre” région historique de  Transylvanie. Pourtant musicalement nous sommes loin d'un black metal vampirique  (avouez que vous y avez pensé sur le coup). Le son des roumains s'apparenterait plutôt à une  scène qui a pris de l'ampleur depuis quelques années : le folk metal. Mais attention pas de  vikings ou de guerriers germains portant casques, sandalettes, armures et jouant de la  bombarde ici.

Dirty Shirt préfère la sobriété vestimentaire (du moins si l'on en croit leurs photos promo)  et mêler les influences de la musique traditionnelle roumaine à un metal très moderne, ce qui  donne parfois plus l'impression d'entendre un groupe de fusion (au sens mélange de genres  différents avec un petit côte déjanté) que des disciples de In Extremo ou Ensiferum.

Dirtylicious est un album enthousiasmant, déjà par sa durée : environ quarante-cinq minutes  pour onze titres, et aucun déchet. On privilégie la qualité à la quantité, ce qui fait que l'on ne  s'ennuie pas à son écoute. Un véritable exploit car le groupe s'exprime majoritairement en  Roumain (mais aussi parfois en Français et Anglais), mais ce qui pourrait dérouter toute  nouvelle oreille à la musique de Dirty Shirt au contraire lui donne un charme  supplémentaire.

L'enthousiasme se retrouve aussi dans cette volonté affichée  de mettre en valeur les racines  musicales du pays, cela dès l'instrumental introduisant Dirtylicious «Ciocârlia», adaptation  d'un air traditionnel (popularisé par  le compositeur local Georges Enesco), on est ici dans un folk metal enjoué et dansant mêlant violons et grosses guitares.

Le groupe fait d'autres emprunts à la musique roumaine en mélangeant ou adaptant quelques  airs traditionnels comme sur «Dulce-i vinu» (mention spéciale au chant a capella “imbibé”  concluant le titre et qui accentue le côté festif), «Cobzar», «HoŠ£ii» et «CăluŠŸarii». Pour le  reste on a l'impression d'entendre un System Of A Down mêlant son neo metal à un orchestre tzigane (il porte ici le nom énigmatique de Transylvanian Folkcore Orchestra),  ce qui donne des titres d'une énergie dévastatrice comme «Moneyocracy» avec son intro  électro et son gros riff, «Mental Csárdás» qui mélange violon, percussions, boucles electro,  groove et accordéon ou le dansant et festif «Dirtylicious». Citons ausssi ce morceau qui  peut-être considéré comme le manifeste de Dirty Shirt «My Art» facilement mémorisable  avec son refrain accrocheur.

On passe parfois aussi de la mélancolie à la fête (ou l'inverse) comme sur «Maramu'» et  «Balkanique» qui débute comme une ballade chantée en veillée à l'atmosphère nostalgique  avec guitare acoustique, percussions et violons avant de  virer à la ronde endiablée autour du  feu de bois allumé pour l'occasion ou «Cobzar» qui est presque une power ballad. Les musiciens sont appliqués et inspirés et on sent que le groupe n'a qu'une envie : partager  son extraordinaire énergie avec un public qui n'en demandera pas moins. Dirty Shirt doit  faire des ravages sur scène.

A noter que le son de l'album bénéficie d'une production soignée et que le mixage et le  mastering ont été faits à Los Angeles, cet atout supplémentaire donne une chance de carrière  internationale aux roumains.

Si vous voulez vous préparer avec entrain à la saison des festivals qui approche, ce délicieux  Dirtylicious fera très bon office de décrassage auditif avant la déferlante rugissante estivale.

Liste des morceaux :

1«Ciocârlia»
2 «Moneyocrac»
3«Mental Csárdás»
4«Maramu’»
5«Balkanique»
6«Dulce-i vinu’»
7«Cobzar»
8«HoŠ£ii»
9«Dirtylicious»
10«My Art»
11«CăluŠŸarii»
 

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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