"Nous aimons essayer de nouvelles choses"
A l'occasion de la sortie de Long Road Made of Gold, sixième album de Kamchatka, nous avons pu échanger avec Thomas "Juneor" Andersson, leader du groupe, afin d'évoquer l'évolution de sa musique en dix ans, l'arrivée de Per Wiberg au sein du groupe et les changements qui ont été apportés. Les autres projets de cet artiste complet, passionné et prolifique ont également été évoqués.
Bonjour Thomas et merci de nous accorder cette interview. Long Road Made of Gold, le nouvel album de Kamchatka arrive seulement un an après The Search Goes on, comment avez-vous travaillé aussi vite ?
Quand nous avions enregistré The Search Goes on, c'était le premier avec Per Wiberg à la basse. Roger, le bassiste originel, était parti, mais Tobi et moi avions décidé de continuer l'aventure. Nous n'avions rien d'autre à faire ! [rires] Nous avions donc demandé à Per de produire l'album et éventuellement de faire bassiste de session. Je savais qu'il jouait de la basse parce qu'il avait assuré ce rôle sur un autre projet que nous avions eu ensemble, King Hobo. C'était tellement bien de jouer tous ensemble que nous avions senti que le groupe était revenu sur la bonne voie. J'avais tout écrit sur The Search Goes on et ensuite, j'ai continué. Per a commencé à écrire, trois de ses chansons sont dans l'album. Du coup, après la tournée, comme on avait déjà de la matière, on a décidé d'enregistrer.
Per Wiberg était déjà impliqué dans Kamchatka avant cela.
Oui, il a fait toutes nos pochettes d'album. Il faisait déjà partie de la famille, du coup, quand il s'est mis à jouer, c'était comme si il était dans le groupe depuis des années. Avant c'était comme un quatrième membre du groupe, mais son arrivée était comme une bouffée d'oxygène.
Avec un nouveau compositeur, est-ce que l'équilibre du groupe a été perturbé ?
A l'époque où Roger était dans le groupe, il écrivait beaucoup. Nous nous partagions la composition pour chaque disque.. Quand il est parti, j'étais très stressé, parce que c'est une chose d'écrire la moitié d'un album, mais de penser aux variations et à l'ensemble quand on écrit tout, c'est autre chose. Je n'étais pas sûr d'en être capable. Mais Per, à la production, m'a beaucoup aidé et a fait en sorte que ça marche.
A-t-il apporté de nouvelles influences au sein du groupe ?
Oui, quand il a pris les commandes dans The Search Goes on, nous lui avons laissé carte blanche. Il voulait que ce soit plus classic rock qu'avant, avec moins de blues et de jam, que ce soit plus direct. Il voulait que mon chant soit également plus assuré. Du coup, son arrivée a aidé à durcir notre son.
Qu'as-tu pensé du résultat à l'époque ?
J'étais très content et très fier du résultat. A l'époque, Tobi et moi pensions quitter le groupe, car après 10 ans en étant dans le même groupe, nous étions déstabilisés. Du coup, c'était une victoire de réussir à faire The Search Goes on.
D'où vient le titre Long Road Made of Gold ?
Selon moi, je vois ce long voyage (long road) comme le fait d'être musicien. J'ai commencé la guitare à six ans et en 2002, nous avons formé Kamchatka et nous en sommes maintenant au sixième album. C'est une longue route. L'or (gold) est la musique, les rencontres et la vie autour de la musique. Le titre est aussi contenu dans deux chansons de l'album, "Long Road" et "Made of Gold". Il y a comme un puzzle qu'on retrouve avec ce titre.
Vous avez produit cet album tous ensemble. Certains artistes préfèrent avoir une oreille extérieure pour produire leur album, comment cela se passe pour vous ?
Quand nous entrons dans le studio, nous laissons nos égos à l'extérieur. De fait, nous pouvons librement discuter de nos idées, pour savoir si une va ou ne va pas, c'est primordial pour que le résultat soit concluant dans l'album. La confiance est aussi un élément important dans le groupe, par exemple, nous faisons confiance à Per quand il a une idée, nous aimons essayer de nouvelles choses.
Dix ans après la sortie du premier album de Kamchatka, comment vois-tu le groupe ?
Je ne me suis jamais ennuyé. Je suis fier qu'on ait pu sortir des albums de cette musique qu'on aime tant. La musique qu'on créée est sincère et vient de l'intérieur, quel que soit le contexte. Il nous arrive de créer quand on est sur scène, car on jamme beaucoup, on laisse notre feeling parler. Et avec ce vent de nouveauté que Per a apporté, c'est le même groupe, mais avec une petite différence. Du coup, je suis prêt pour encore dix ans ! [rires]
Concernant la scène, justement, vous n'êtes jamais venus jouer en France jusqu'alors.
Nous avons une mission : avoir beaucoup de dates à faire en France. Je me suis toujours demandé pourquoi, mais j'espère qu'on pourra régler ça bientôt.
Concernant vos autres projets avec Per, comptez-vous poursuivre l'aventure avec King Hobo ?
En fait, nous avons un deuxième album de prêt qui n'est pas encore sorti. J'espère qu'on pourra le faire d'ailleurs, il est bien. Les chansons sont un peu plus structurées que le premier, mais il y a toujours de la place pour les jams. C'est une aventure assez drôle, à la base, on s'est enfermés dans une petite maison au beau milieu de la Suède avec Jean-Paul Gaster (Clutch), Ulf Rockis Ivarsson et Per pour jammer pendant une semaine. Au final, c'est devenu un album !