Vendredi 8 mai - Mâcon
Après la bonne surprise de l'an passé, la pression pèse sur les épaules des organisateurs de la deuxième édition du festival de Chair et d'Acier qui s'est tenue à Mâcon en ce début mai. Il fallait faire au moins aussi bien, si ce n'est mieux qu'en 2014.
En effet, lancer un festival sur deux jours, ou trois si on compte la fête médiévale incluse, en faisant le pari de faire venir des têtes d'affiches intéressantes, est toujours un challenge, même après une première édition réussie !
Si l'affluence, notamment le vendredi soir, a été moindre, il n'en reste pas moins que le public s'est déplacé et que la Cave à Musique était pleine de fêtards samedi soir. La météo a été souriante également, permettant à la fête médiévale qui se déroulait l'après-midi dans la cour de capter un public pas forcément venu pour les concerts.
Mais commençons donc par ce vendredi, que je débute quelque peu en retard, après avoir essuyé un violent orage sur la route, mais qui a visiblement épargné Mâcon.
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Gliesers:
Bien que le concert en soit déjà à sa fin, la salle est encore bien vide. Cela ne semble cependant pas avoir empêché les grenoblois de Gliesers de se lancer corps et âme dans leur show.
Gliesers fait parti de la vague française de post metal. C'est le genre de terme que l'on emploie lorsqu'on ne sait plus trop où classer un groupe utilisant diverses influences, allant du planant ambiance jusqu'aux violentes accélérations avec des riffs bien lourds, en passant par des passages complexes dans l'esprit du metal progressif.
Je n'ai pas eu besoin de plus des deux derniers titres pour me rendre compte que ce groupe a de toute évidence un potentiel et une capacité à plaire à un public diversifié.
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Right to the Void:
Alors que la salle se remplit petit à petit, mais sans encore beaucoup de conviction, les sudistes de Right to the Void montent sur scène. Pendant que les musiciens peaufinent leurs réglages, le chanteur nous fait une petite démonstration de son esprit d'à propos et nous raconte une petite blague de bon goût, que j'ai noté et que je peux donc vous retranscrire ici: "C'est Toto, son père, il l'encule". Voilà, comme entrée en matière, je trouve ça fin et délicat et surtout très bref. Je vous rassure tout de suite, l'auteur est bien meilleur au chant qu'à la narration de "blague" ! Bon, elle aura eu le mérite de mettre l'ambiance rapidement...
En effet, de la conviction, ils en ont tous à revendre ! Leur death metal mâtiné de thrash technique a de la patate. Le set est convainquant du début à la fin. Il faut dire qu'ils ont montré tout de suite ce qu'ils savaient faire en commençant par "Swallow's Flight", un des tubes de leur deuxième album et dernier en date Light of the Fallen Gods. De même, le morceau de fin, éponyme de leur premier album Kingdom of Vanity démontre, s'il en fallait une preuve, que le groupe possède un certain potentiel créatif et nous laisse un petit arrière goût plaisant dans l'oreille. On peut donc espérer que l'avenir leur sourit s'ils poussent un peu plus loin l'originalité dont ils peuvent faire preuve à l'occasion.
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Voice of Ruin:
Les suisses de Voice of Ruin exercent dans un style plus brut de décoffrage. Le growl est plus profond et l'agitation guitaristique plus intense. De dire que l'ensemble est plus dansant n'est qu'à peine exagéré. En effet, nous assistons à la fois au premier wall of death de la soirée, et tant qu'à faire, également au premier circle pit. Je ne mettrais pas cela (seulement) sur le compte des bières qui commencent à faire leur effet (d'ailleurs, il y a beaucoup de gens parfaitement sobres), mais surtout sur le fait que les titres assènent des grosses claques à travers la figure tout au long du show.
Dans le concours de l'humour, débuté avec le groupe précédent, on reste dans le haut niveau. "Vous êtes fans de Machete ? Parce que la prochaine chanson parle de faritas" nous annonce le chanteur, avant d'enchaîner avec le superbe "Through the Eyes of Machete", qui rend hommage à cette belle série de films mêlant amours et dangers. Enfin, plutôt femmes nues et meurtres. Mais bon, j'essaie de montrer que le death metal pouvait être délicat. En fait, ce qu'il faut surtout retenir ici, c'est que pouvoir chanter "Machete kills, Machete kills again!!", c'est quand même génial. Et Voice of Ruin y a pensé tout simplement ! Rien que pour ça, ils méritent amplement la réaction du public.
Bref, un groupe que je vais clairement mettre sous surveillance et que je recommande vivement d'aller voir si l'occasion se présentait près de chez vous.
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Celeste:
Après une première moitié de soirée assez bourrine, il est temps de ralentir un peu le rythme. Quoi de mieux que les lyonnais de Celeste, qui exercent dans un style post quelque chose, sludge truc, black bidule, enfin quelque chose qui doit être écouté tranquillement dans une cave sombre. Ca tombe bien, la Cave à Musique est sombre, surtout quand on éteint les lights de la scène, que l'on rajoute un peu de fumée et qu'on met une jolie lumière rouge et sombre.
On ne voit donc plus grand chose des musiciens. Heureusement qu'ils ont tout prévu: ils sont équipés chacun, y compris le batteur dans le fond qui est de ce fait encore moins visible que les autres, d'une lampe frontale rouge. Sont-ils des fans de Cyclope et des X-Men ? Sont-ils particulièrement timides ? Je ne sais pas, en tout cas, ils ne doivent pas beaucoup aimer les photographes. La musique est à cette image, sombre, lourde, avec néanmoins de violentes accélérations ponctuées de violents flashs.
Les guitares sont comme de pesantes pierres tombales, qui viennent enfermer le crâne de l'auditeur dans une masse étouffante et distordue. L'atmosphère qui se dégage du concert est prenante. En effet, le risque avec ce genre de musique, c'est l'ennui. Mais ici, les accélérations sont suffisamment nombreuses et surtout bien placées, pour éviter ce risque. D'autre part, la puissance est bien là.
L'ambiance visuelle n'est donc pas qu'un simple artifice, mais augmente l'expérience auditive.
Autant je les ai détesté en tant que photographe, autant j'ai vraiment apprécié en tant que spectateur.
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God Dethroned:
Lorsque j'ai appris leur présence sur l'affiche, j'ai crû d'abord à une erreur. Ne s'étaient-ils pas séparés en 2011 ? C'est sans compter la persévérance du frontman Henri Sattler. C'est donc à un concert quelque peu inédit que nous assistons à Mâcon ce soir. God Dethroned fait tout de même parti du firmament de l'Histoire du death metal, et le groupe semble avoir fait le pari d'axer le show sur bon nombre de vieux titres. "The Art of Immolation", "Boiling Blood", "Soulcapture 1562", "Grand Grimoire" sont autant de chansons quasi-mythiques. Ce choix du passé est à mon avis le bon lorsqu'on a une discographie aussi fournie qu'eux.
Le show était réglé, même si on pouvait deviner, à travers quelques regards échangés entre les membres du groupe, que tout cela était relativement nouveau. C'était une sorte de répétition grandeur nature de ce que pourrait être God Dethroned dans cette nouvelle phase de la vie du groupe.
A voir le spectacle de ce soir, on ne peut qu'être optimiste pour la suite !
Notons en passant que la setlist affichée par le groupe a été modifiée, incluant par exemple "Sigma Enigma", "Typhoid Mary" et "The Killing is Faceless" (en rappel).
La première soirée de concerts s'achève donc très bien. Certes, le public n'était pas si nombreux que l'affiche l'aurait mérité, mais ceux qui étaient présents avaient donc eu la chance de ne pas être trop serrés et de ont pu profiter dans de bonnes conditions du beau spectacle qui était présenté.
Notons encore une fois le bon choix des groupes. Il est évident que les organisateurs savent inviter intelligemment de quoi réussir une soirée de concerts !
Thomas Orlanth
Photos : © 2015 Thomas Orlanth - galeries complètes sur le site internet: www.thomasorlanth.com / Facebook . Toute reproduction interdite sans autorisation spécifique du photographe.