Une nuit plus tard, nous revoilà en début d'après-midi pour le petit plus du festival de Chair et d'Acier: la fête médiévale.
La cour de la Cave à Musique est à nouveau remplie de divers stands, allant de la taverne de Cornemel et ses doux breuvages, aux fées emprisonnées, aux pains anciens, aux bijoutiers elfiques jusqu'aux spectacles de fauconnerie et de combat médiéval.
Vous reconnaîtrez Vincent Urbain de Sangdragon, qui visiblement sait manier un nombre impressionnant de types d'armes, entrain de nettoyer les projections glissantes du spectacle de cracheur de feu.
La troupe de la Maisnie du Chevalier Bragon démontre d'ailleurs avec intelligence et savoir-faire quelques techniques de combat, inspirées d'anciens manuscrits, ainsi qu'un spectacle de cracheur de feu.
Bien qu'au final peu étendu, le marché médiéval attire bon nombre de chalands, dont certains ne sont venus que pour cela, faisant fît des concerts de fin de journée. Les animations ponctuent intelligemment l'après-midi, même si vers la fin, la hâte de retrouver les lourds sons de guitare commence à me tarauder.
J'en profite pour interviewer René et Robse d'Equilibrium, pour faire la transition entre cette après-midi de détente et le retour à la "vraie vie" à base de riffs sauvages !
Il est dix-neuf heures. Les portes de la Cave s'ouvrent à nouveau, laissant place à un public visiblement plus nombreux que la veille.
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Architekt:
La soirée débute avec un groupe présentant une musique relativement abordable. Un chant clair, des mélodies, une bonne rythmique, bref, tout pour plaire !
Architekt est le nouveau nom du groupe de heavy Fire Wizzard. On sent bien sûr encore l'influence heavy metal dans les titres, mais l'évolution a clairement transformé la musique en un metal beaucoup plus atmosphérique, avec de nombreux passages mélodiques. Le mélange est donc assez intéressant. Le groupe joue à domicile à Mâcon et offre une bien belle entrée en matière à cette soirée de concerts.
Notons aussi la présence de plusieurs musiciens que l'on retrouvera par la suite sur scène au sein de Sangdragon.
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Cerevisia:
Après le Cernunnos Pagan Fest où leur son n'était pas au rendez-vous, les marseillais de Cerevisia ont fait une bien meilleure impression. Le groupe affiche fièrement ses influences folk/pagan à travers des fourrures et des peintures tribales et l'ensemble est dynamique et vivant.
Il faut croire que l'air mâconnais leur a réussi, et le public ne s'y trompe pas. La Cave à Musique commence à ressembler à une grotte bien remplie de guerriers qui ne demandent qu'à en découdre à travers le pit.
Cerevisia rend clairement hommage à travers leur musique aux grands poncifs du genre, au point où je crois entendre du Finntroll sur plusieurs de leurs titres. Etant par ailleurs un grand fan de ce dernier groupe, je ne peux que m'en réjouir, mais d'un autre côté, je regrette quelque peu ce manque d'originalité de la part d'un jeune groupe français. Il me semble important de développer un style propre, car sinon autant faire un groupe de reprises ! Je ne voudrais pas avoir l'air de critiquer froidement, mais qui aime bien châtie bien. Et on ne peut pas nier les qualités scéniques de la formation.
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Impureza:
Voilà un groupe que j'attendais avec impatience. En effet, je les ai raté à l'occasion de divers festivals et beaucoup de monde, aux goûts différents, m'ont dit du bien de cette formation hispano-française.
Et puis très franchement, dans l'univers du metal, le flamenco-death metal reste une originalité intéressante.
Je dois donc avouer que je n'ai pas été déçu par ce que j'ai pu voir et entendre aujourd'hui !
D'une part, la composante death metal est superbement exécutée. Les morceaux et les riffs s'enchaînent avec une grande débauche d'énergie et de puissance. C'est le genre de sensation que j'ai pu ressentir lors de certains concerts de grands noms comme Krisiun ou Loudblast. La puissance brute, mais néanmoins ici accompagnée de nombreux éléments techniques de qualité. La maîtrise est bien présente au sein du groupe. L'enthousiasme également.
Les passages de flamenco, à la guitare classique, rehaussent encore cette impression. La musique traditionnelle espagnole est à l'image du groupe: passion, fureur et grandeur.
D'autre part, outre la maîtrise purement techniques des instruments et du chant, Impureza livre ici un concert sans faute. Leur présence sur scène, et l'intensité de l'échange avec le public, et bien vivante.
Les regards échangés avec les spectateurs m'ont fait pensé parfois à la relation qu'a le matador avec le taureau qu'il combat: le respect, mais aussi l'affrontement à venir. Un peu comme si les musiciens annonçaient symboliquement au public, à travers leur œuvre, que la fin est inévitable: Impureza va tous vous achever. Mais dans l'honneur.
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Sangdragon:
Après l'énorme baffe assénée par Impureza, les nombreux musiciens et choristes de Sangdragon ont un lourd challenge à relever. Cela va d'autant s'avérer plus difficile à faire que leur style musical est plus léger et plus symphonique.
Quoique. Dès le début du concert, on constate bien vite que même si le groupe se plait dans des ambiances quelque peu mystiques, leurs origines black/death sont bien présentes. En effet, des titres comme "Front of Steel", une fois passée l'introduction de "Waterborn" à base de chants en latin du plus bel effet sur scène, démontrent toute la puissance du metal et annoncent un concert énergique. Riffs rageurs, batterie déchaînée, chants et chœurs saccadés, voilà les secrets d'une soirée réussie chez l'ambassadeur du metal français.
En effet, Sangdragon parvient à accomplir le tour de force de mêler tellement d'influences musicales, qu'on pourrait presque le qualifier d'un best of. Ce qui est particulièrement remarquable, c'est que cela se fait sans jamais s'égarer loin des chemins tracés depuis Daemonium et Akhenaton, les deux précédentes formations, qui ont certes connues des évolutions musicales et conceptuelles, mais qui sont toujours restées à proximité d'une sorte de black/death symphonique. Mais vouloir coller une étiquette sur ce groupe est totalement vain. En passant, pour mieux comprendre l'intéressante histoire de cette formation, je vous renvoie à l'interview de Vincent Urbain, que j'avais réalisé l'an passé au même endroit et qui éclaire bien des choses.
Sangdragon, c'est un peu comme un pokemon pour adulte fan de metal: la dernière transformation est souvent la plus puissante...
Ce soir à Mâcon, le concert avait quelque chose d'exceptionnel, puisqu'il reprenait l'intégralité du dernier album Requiem for Apocalypse (dont vous retrouverez la chronique sous peu sur La Grosse Radio). L'album étant structuré avec des temps forts et des passages plus acoustiques, cela tombait bien, puisqu'un concert réussi doit également répondre à ces critères, même si pour l'occasion, l'ordre des titres a été adapté.
Là où la diversité musicale de Sangdragon est impressionnante, c'est quand même les passages "reposants", comme l'un des titres phares de l'album, "Father of all Kings", malgré ses arpèges et ses parties de chant féminin lyrique, parviennent à s'envoler loin dans les sphères du metal épique pêchu.
Le concert enchaîne les titres de qualité, et les musiciens n'hésitent pas à communiquer avec le public, à parler entre eux, après tout, ils sont chez eux et c'est soir de fête dans la Cave !
Comme toute fête profite d'un peu d'artifice, un spectacle de feu prend place sur la scène. Si la scène était plus grande, j'imagine qu'ils auraient pu ajouter acrobate et combattants, virer tous les autres groupes et faire un concert de quatre heures, c'est dire que la représentation de ce soir était intense.
La fête s'est d'ailleurs achevée avec la seule exception à ce concert "spécial dernier album", avec le très à propos "The Final Battle (against your dark side)", digne représentant de l'époque Akhenaton.
La soirée aurait pu très bien s'achever là, mais non, il reste encore Equilibrium !
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Equilibrium:
La tête d'affiche était très attendue. Après Arkona l'an passé, à l'occasion d'un concert exceptionnel au niveau de l'ambiance, les allemands d'Equilibrium se devaient de lever la barre très haut.
Les vieux routards du metal épique savent s'y prendre et ne se laissent pas facilement impressionner. Ils sont capables d'asséner un show rôdé, avec des figures imposées, tout en réagissant efficacement au public.
Ce dernier n'a pas fait le déplacement pour rien, et après avoir été chauffé, voir surchauffé par les groupes précédents, se lâche complètement sur le dernier set. Bon nombre de slammers prennent d'assaut la scène, et n'hésitent pas de taper l'accolade avec Robse.
Derrière, on voit les roadies inquiets, mais peut-être que personne ne les a prévenu que le public mâconnais est un peu spécial: très festif, mais surtout bon enfant !
En tout cas, les musiciens semblent apprécier l'engouement du public et s'amusent tout autant que les spectateurs, ce qui est toujours un excellent signe de qualité !
La setlist était clairement orientée vers le dernier album, Erdentempel, dont venaient la plupart des chansons, avec quelques exceptions de ci delà, comme "Der Ewige Sieg" ou "Blut im Auge" par exemple.
La "nouvelle" bassiste, qui accompagne le groupe depuis l'an dernier, Jen Majura, semble en grande forme, et on sent la complicité entre elle et les deux guitaristes. Le frontman, Robert "Robse" Dahn semble très à l'aise également et gère au mieux le flux parfois intense de fans prenant appui sur la scène avant de se jeter dans le public.
C'est un peu ça aussi le festival de Chair et d'Acier, on y voit des scènes exceptionnelles dans une chaude ambiance festive et les organisateurs n'hésitent pas à jouer un peu avec les règles strictes qui règnent pendant la plupart des concerts, voire à slammer avec leur public.
De chair, et d'acier, le nom n'aurait pas pu être mieux choisi ce soir.
Thomas Orlanth
Photos : © 2015 Thomas Orlanth - galeries complètes sur le site internet: www.thomasorlanth.com / Facebook . Toute reproduction interdite sans autorisation spécifique du photographe.