En pleine tournée des festivals, et juste après un passage devant la foule immense du Rock Am Ring, Blues Pills s’offrait ce mardi 9 juin une date à Metz, dans un cadre nettement plus intimiste. L’occasion pour le public lorrain d’admirer enfin la coqueluche de la scène rock psychédélique, qui fédère curieusement beaucoup de metalleux, de par sa promotion par le label Nuclear Blast. En compagnie de The Wise Dude’s Revolver, ce concert avait tout pour être un évènement à ne pas manquer, et le public ayant fait le déplacement ne s’y est pas trompé.
The Wise Dude’s Revolver
La soirée commence avec les lorrains de The Wise Dude’s Revolver. Après une intro acoustique, les locaux laissent rapidement parler leur rock psychédélique inclassable, qui va immédiatement obtenir l’adhésion du public de la BAM. Et pour cause, le sextette est loin de se laisser enfermer dans un simple trip revival et alterne tout au long du concert entre ce son rétro qui évoque Tame Impala et des influences plus modernes, allant du post-rock/shoegaze au folk-rock, en passant par le drone.
Tous ces styles sont admirablement combinés et forme un ensemble hypnotique, hors du temps qui se traduit par des chansons plus ou moins longues, certaines approchant les dix minutes. La plupart du répertoire musical du groupe est propice à la contemplation, avec quelques rares envolées cheveux au vent. Tous les titres sont propices aux expérimentations, que ce soit par l’utilisation de congas ou de sonorités orientales sur « Hide and Run », ou d’une antenne radio sur la conclusion, « John Dies At The End ».
Petit contretemps pour Clément le bassiste puisqu’il casse une corde dès les premiers titres, ce qui l’obligera à assurer (assez brillamment d’ailleurs) tout le concert avec seulement trois cordes. Les autres membres sont assez versatiles et changent régulièrement d’instrument, surtout lorsqu'il s’agit d’alterner entre passages acoustiques et amplifiés. Mention spéciale à Valentin, le percussionniste, qui apporte avec une précision remarquable une touche entraînante au combo, surpassant parfois son camarade batteur.
The Wise Dude’s Revolver est principalement venu pour faire la promotion de son dernier EP, Here The Sun, joué en quasi intégralité ce soir. Peu bavard avec le public, le groupe laisse sa musique parler pour lui et à en juger par l’ovation qu’il reçoit du public à la fin de ses 50 minutes de temps de jeu, on peut penser que le pari est réussi.
Setlist :
Eleanor
Robber
Air
Hide And Run
The Murderer (Is My Best Friend)
The Night Is Over…
…And Here Comes The Sun
John Dies At The End
Blues Pills
Après un long changement de plateau (plus d’une demi-heure), le groupe basé en Suède peut enfin monter sur scène, pour le plus grand bonheur du public. Accompagné de son éternel tapis, Blues Pills nous embarque pour 1h15 de rock psychédélique tout droit sorti des années 60 en balançant d’entrée de jeu son tube, « High Class Woman ».
En début de concert, le son est un peu moins clair que pour The Wise Dude’s Revolver, et c’est une Elin Larsson un peu sous-mixée qui doit lutter pour se faire entendre. Ce défaut sera vite corrigé mais bien que l'entrée en matière soit bonne, on reste inexplicablement sur notre faim, comme s’il manquait un petit supplément d’âme pour emporter définitivement la salle.
Ce n’est qu’à la moitié du set, lorsque résonne les premiers accords de la magnifique « No Hope Left For Me » que le groupe parvient enfin à briser la glace et finira le concert de façon débridée, en se lâchant totalement. Les titres les plus puissants sont donc joués plus tard, à l’image de « Black Smoke », « Little Sun » ou « Time is Now », seule chanson qui s’écarte un peu du schéma classique Blues Pills et s’aventure vers les rives du rock alternatif.
Tout le monde commence à connaître les capacités vocales d’Elin, et elle bluffe une nouvelle fois avec son chant tout en justesse et son attitude chaleureuse et souriante. Mais Blues Pills est un quatuor et il faut bien reconnaître que tous les membres excellent dans leur domaine, sans être trop éclipsés par l’aura de la chanteuse. Dorian Sorriaux, toujours aussi concentré sur son jeu balance sans sourciller des solos et des rythmiques très propres notamment sur « Bliss » ou « Elements and Things », tandis que le bassiste Zack Anderson fait parler son jeu de main droite qui apporte beaucoup de groove aux titres. Nouveau batteur dans la formation, André Kvarnström prouve également son talent sur « Time is Now ».
Pour tenir un set en tête d’affiche avec seulement un album et un EP à son actif, le groupe a choisi de jouer peu de chansons (seulement 12), en agrémentant le tout de jams et d’interludes semi-improvisés où les talents des musiciens et surtout celui de Dorian s’expriment. Certes ces interludes prennent beaucoup de place dans le concert, mais leur rôle devrait diminuer avec la sortie d’un prochain album et ils permettent aussi de modifier totalement des titres comme « Little Sun », conclue par un final rapide en apothéose. Blues Pills joue d’ailleurs plus volontiers les anciennes versions de ses chansons, permettant aux possesseurs de l’album éponyme de les découvrir sous un nouveau jour.
Petite surprise lors du rappel, puisqu’Elin nous annonce un morceau acoustique issu du prochain album et revient le jouer en duo avec Dorian. « Yet to Find » c’est son nom, promet déjà de belles choses et laisse la part belle à la voix exceptionnelle de la frontwoman. Après ce moment intimiste, cette dernière entame le déjà classique « Devil Man » où le public est invité à chanter jusqu’à en perdre la voix, pour un résultat qui donne le sourire à l’ensemble des membres du groupe.
Malgré un début de concert un peu mécanique, Blues Pills s’est donc bien rattrapé et aura fait passer une très belle soirée au public, à en juger par la longue ovation reçue par les quatre membres à leur sortie de scène. Quoi qu’on en dise, le quatuor a déjà à son actif une ribambelle de tubes assez impressionnante, et malgré le jeune âge et la notoriété éclair conquise, on sent un groupe qui ne perd pas la tête et garde une certaine proximité avec son public. En attendant de voir les voir (encore) grandir, on ne peut que savourer des soirées comme celle-là.
Setlist :
High Class Woman
Ain't No Change
Astralplane
Dig In
Bliss
No Hope Left For Me
Time Is Now
Little Sun
Elements and Things (Tony Joe White cover)
Black Smoke
Rappel :
Yet to find
Devil Man
© Photos : Oeil du Viking Photographie