Les princes de la nuit de sortie à Paris
par Vyuuse
Initialement prévu à l’Elysée Montmartre, c’est finalement au Bataclan que le concert a lieu. Si le flacon change, l’ivresse reste la même. Groupe à bloc, setlist en béton et ambiance chaleureuse. Le marteau des dieux est prêt à s’abattre.
Power trio venu tout droit de Hollande, le groupe nous a offert une bien belle entrée en matière malgré son nom imprononçable. Du bon hard rock clairement orienté old school avec des riffs accrocheurs, des solos mélodiques, et surtout un sentiment d’urgence prédominant. Le groupe semble savoir différencier vitesse et précipitation dans ses compos. Leur prestation allait de paire avec leur musique. Transpirant de partout, les deux membres mobiles ont pu occuper l’espace et captiver le public présent, tout en gardant leurs talents de musiciens. On notera une reprise de Thin Lizzy, « Don’t Believe a Word », dédiée à la mémoire du guitariste Gary Moore, décédé en janvier. Une bien belle découverte, pour un groupe qui correspondait tout à fait au public de Saxon. On leur souhaite une belle carrière Leur premier album, sobrement intitulé Vanderbuyst, est sorti l’année dernière chez le label Ván.
Ce groupe anglais évolue dans un Heavy Metal à vocation plus mélodique. Ils n’ont malheureusement pas réussi à autant convaincre que les hollandais. La faute à un son qui avalait les guitares, mais aussi à des compos nettement moins énergiques dans l’ensemble. En plus de cela, le groupe s’est permis de jouer deux ballades dans son set relativement court. Avec cet exercice très difficile que peu ont réussi, les anglais se sont tirés une balle dans le pied. On retiendra quand même la motivation des musiciens et leur contact chaleureux avec le public. En fin de set, ils ont tenté de mettre tout le monde d’accord avec la reprise de « Holy Diver » en l’honneur de Dio, disparu il y a bientôt un an. Dommage pour ce groupe qui n’était vraisemblablement pas à sa place en première partie d’un groupe tel que Saxon.
Les nombreux fans avaient du mal à garder leur patience. Un concert de Saxon reste un évènement dans le monde du Metal. S’ils n’ont pas la même popularité qu’un Iron Maiden ou un Metallica, Saxon reste un groupe qui a su marquer les esprits et acquérir un statut plus qu’honorable. Qu’en est-il de ce groupe en 2011 ? En tournée pour Call to Arms, un album fort réjouissant (voir la chronique de Sanguine_Sky réalisée il y a peu ), les anglais n’ont pas perdu de leur superbe.
Saxon a fait preuve d’une énergie folle sur scène, à grand renfort de headbanging et de musiciens qui savent occuper l’espace scénique intelligemment. Et cette énergie ne baissera aucunement malgré les deux heures du set. La part belle est faite aux vieux titres. On en aura donc 5 du légendaire Denim and Leather, qui fête ses 30 ans cette année. Cela aura permis de ressortir les excellents « Never Surrender » et « Play It Loud » des placards. Les autres vieux classiques sont toujours aussi efficaces, comme « Motorcycle Man », « Dallas 1 PM » ou encore « And The Bands Played On ». Si les titres des années 80 étaient à l’honneur, le groupe a quand même bien défendu son dernier bébé avec pas moins de 4 chansons, dont l’efficace « Hammer of the Gods » ou encore l’épique « When Doomsday Comes (Hybrid Theory) ». On a aussi eu droit à “I've Got to Rock (To Stay Alive)” de l’album The Inner Sanctum, ou « Man & Machine » de Lionheart. Les titres de différentes générations s’enchaînent avec les classiques sans dépareiller, et au public de répondre avec la même ferveur.
Les jeunes comme les moins jeunes ont su faire preuve de répondant face aux légendes vivantes présentes devant eux, et ne laissaient pas le grand Biff Byford chanter tout seul. Ce dernier a bien montré son expérience de la scène et a su ponctuer le show d’interventions spontanées et directes. Les musiciens n’ont pas hésité à allonger les chansons pour le laisser faire chanter le public. Leur prestation était d’ailleurs irréprochable. Servis par un son massif et puissant, les musiciens ont su mêler talent et énergie, sans faux pas. Notre cher Biff était bien en voix et gouaillait en beau diable, sans évidemment oublier les sifflements dont il a le secret. En plus de l’aspect technique, le groupe était en totale osmose avec le public.
Mais si tous ces éléments positifs étaient réunis, ce concert n’aurait pas atteint ce niveau d’excellence s’il n’y avait pas eu l’esprit. En l’espace d’une soirée, Saxon a su montrer ce qu’était l’esprit Hard Rock, en mêlant patate, envie de tout casser et tranches de vie délicieuses, que ce soit à travers les paroles de chansons ou les courtes anecdotes de Biff, sur le festival « Monsters of Rock » de Donington (maintenant appelé « Download ») ou sur des groupies qu’ils ont rencontré.
Un concert légendaire qui restera dans les esprits des metalleux chanceux qui ont pu y assister.
Setlist :
Hammer of the Gods
Heavy Metal Thunder
Never Surrender
Motorcycle Man
Back in '79
I've Got to Rock (To Stay Alive)
Dallas 1 PM
Call to Arms
Rock 'n' Roll Gypsy
Demon Sweeney Todd
And the Bands Played On
Man and Machine
The Eagle Has Landed
Play It Loud
When Doomsday Comes (Hybrid Theory)
Denim and Leather
Princess of the Night
Rappel 1:
Crusader
747 (Strangers in the Night)
Rappel 2:
Strong Arm of the Law
Wheels of Steel