Un peu plus d'un an après leur passage en compagnie de Benighted, les Lillois de Loudblast sont de retour dans cette salle du Divan du Monde. Mais cette fois-ci, c'est un programme un peu particulier qui s'offre à nous avant cela. Ce soir, les death métalleux de Ghusa font leur grand retour sur scène après 18 ans d'absence à Paris. De plus, ce sont pas moins de cinq groupes qui vont se succéder sur la scène du Divan pour la finale du Headbang contest, le tremplin métal dont nous vous avions déjà parlé. Et la pression est bien là sur les épaules des participant,puisque parmi eux, deux groupes seront choisis à l'issue de cette finale pour participer au prochain festival Motocultor. Cerise sur le gâteau, les prestations des groupes sont filmées pour une prochaine diffusion dans le cadre de l’émission « Une Dose 2 Metal ».
Ghusa
En raison du grand nombre de groupe qui sont prévus ce soir, l'ouverture des portes se fait relativement tôt, si bien que le Divan du Monde n'est pas plein lorsque Ghusa entre en scène. Qu'importe le nombre de personnes dans la salle, les musiciens se donneront à fond pendant la demi-heure qui leur est allouée. Le concert débute par une interprétation puissante du thème du film "28 Days Later", malsain à souhait et qui colle à merveille à l'univers des musiciens. Ceux-ci sont d'ailleurs tous couverts de sang, rappelant que Ghusa officie dans un death metal old school fortement influencé par la scène suédoise (Entombed n'est pas loin et fera d'ailleurs l'objet d'une reprise).
Venus défendre leur rétrospective 25 years of death metal, les musiciens ne s’économisent pas, à l'image de Chuck (ex- No Return) leur charismatique leader qui harangue le public présent, pied sur le retour. Heimdall, le bassiste du groupe est également déchaîné, interagissant beaucoup avec le premier rang. On remarque également la présence de Paul Rousseaux (Architect of Seth, Mylidian) derrière les fûts, remplaçant au pied levé le batteur du groupe. Malgré ce remplacement temporaire, on sent une forte cohésion de groupe et le batteur s'en sort à merveille. D’ailleurs, tout le monde est bien en place, ne sacrifiant pas l’intensité et la puissance au profit de la technique instrumentale.
Ghusa, dont l'acronyme signifie "God Hates Us All" se permet logiquement de reprendre "Disciple", l'hymne de Slayer, ce qui enchante la salle qui reprend en chœur le fameux refrain. Les soli de Fred et Vincent, les deux guitaristes de Ghusa (et de W.I.L.D) font également honneur à ceux de King et Hennemann.
C'est un set carré et puissant que Ghusa nous a délivré ce soir, pour fêter de la plus belle des manières leur retour sur scène. On espère ne pas avoir à attendre aussi longtemps pour revoir la formation en live.
Setlist GhUSa
Intro/ 28 Days Later
Casket garden (Dismember cover)
No God for the Living
Blessed be (Entombed cover)
Carve Up
Genocide
Disciple (Slayer Cover)
Finale Headbang contest
La claque administrée par Ghusa à peine digérée, c'est désormais au tour de cinq groupes aux profils totalement différents de venir s'exprimer et défendre leur musique sur scène. Tour à tour, le public qui se fait de plus en plus fourni verra se succéder des jeunes formation œuvrant dans des styles assez variés, du heavy metal (Three seconds rule) au hardcore (Artweg) en passant par le thrash (Heart Attack), le stoner (One last Shot) ou encore le death mélodique (Icon of Destruction). De même, le public est assez éclectique, puisque dans la salle se côtoient les fans de death venus pour Ghusa et Loudblast, mais également les plus jeunes venus soutenir leurs amis musiciens pour la finale du tremplin. On croise également des personnes plus âgées, certainement les parents des participants, pour une audience loin du public métal habituel.
Artweg
En toute honnêteté, votre serviteur n'est pas forcément amateur de tous les styles interprétés par les groupes du HBC, mais il faut reconnaitre que tout le monde fait preuve d'une belle énergie sur scène. D'ailleurs, c'est assez courageux de la part de jeunes musiciens amateurs de tenir un set d'une demie heure devant un public pas forcément acquis à leur cause et dans une salle prestigieuse comme le Divan du Monde.
One last Shot
On pourra tout de même conseiller à certains participants de travailler un peu plus leur identité, certains artistes ayant du mal à faire preuve d'une certaine cohérence stylistique entre les titres, donnant parfois l’impression de faire un grand écart entre les genres. De même certaines influences sont clairement identifiables chez plusieurs vocalistes, preuve que plus de 30 ans après leur formation, Metallica continuent de faire des émules (le chant et le jeu de scène de James Hetfield a été étudié par plusieurs participants).
Heart Attack
Malgré tout, les musiciens semblent tous prendre beaucoup de plaisir à être là, tout comme le public qui jump sous les injonctions des deux chanteurs de Artweg, qui mosh avec le thrash direct de Heart Attack où qui se laisse emporter par le hard/stoner des cow-boys de One Last Shot. Il faut dire que les conditions scéniques et techniques sont excellentes et il y a fort à parier qu'il s'agit de la plus grosse scène sur laquelle se sont produit les jeunes musiciens jusqu’à présent. De plus, tout le monde joue le jeu et il ne semble y avoir aucune rivalité malsaine entre les groupes en dépit de l'enjeu de taille.
Icon of Destruction
Il est cependant dommage que Icon of Destruction,le seul groupe de la soirée comportant un clavier, n'ait pas bénéficié d'un meilleur son pour mettre en avant cet instrument. Malgré cela, comme leurs concurrents,les musiciens ne laissent pas passer l'occasion de s'exprimer avec énergie et avec des titres évoquant Children of Bodom.
Three Seconds Rule
Cette finale du Headbang Contest aura donc permis de mettre en avant la vivacité et la diversité de la scène métal française et d’offrir une belle tribune pour que de jeunes artistes puissent s'exprimer dans des langages musicaux variés.
Loudblast
En raison du grand nombre de groupes qui se sont succédés sur la scène ce soir, Loudblast ne bénéficiera que de 45 petites minutes de set, ce qui est forcément très frustrant, d'autant plus que "No Tears to Share", initialement prévu ne sera pas joué. Stéphane Buriez et ses compères viennent de rééditer via Listenable Records les albums Sublime Dementia, Disincarnate et l'EP Cross the Threshold.
Néanmoins, c’est toujours Burial Ground qui est mis à l'honneur dès le début du set. Comme à chacune de leurs récentes apparitions, Loudblast ouvre avec « A Bloody Oath ». Avec 30 ans de carrière, les Lillois assènent un coup de massue à tous les groupes amateurs du HBC faisant preuve d'une énergie communicative. Sur la scène comme dans la fosse, c’est la bagarre, au propre comme au figuré, si bien que Stéphane calme le jeu entre deux titres.
Musicalement, les Louds sont égaux à eux-mêmes à l'image d'Hervé Coquerel, le batteur, qui n’était pas présent lors du dernier passage parisien du groupe avec Death DTA, occupé avec Black Bomb A. Le batteur rattrape donc le temps perdu et tape deux fois plus fort, allant jusqu’à trouer une peau de caisse claire. Buriez ironise même : "chaque fois qu'on joue dans cette salle, on pète un truc", en référence à la corde qu'il avait cassé l’année dernière lors du concert donné avec Benighted.
Une fois le problème réparé, le concert est relancé sur les chapeaux de roue avec des titres tels que « Cross the Threshold » ou « Neverendin' Blast ». Mais c'est avec la reprise de Motörhead, le classique « Ace of Spade », que Loudblast créé la surprise et déchaîne les spectateurs. Drahkian (guitare) et Alex Lenormand échangent volontiers leurs places sur la scène et semblent apprécier ce coté rock n'roll dans le set, comme l'illustrent les grands sourires sur leurs visages.
« My Last journey » conclue ce set sans faute, mais bien trop court. Avec 45 minutes de jeu, Loudblast a su, comme à son habitude, mettre le public à genou et a prouvé que son statut de taulier de la scène française n'est pas usurpé.
La soirée se termine enfin par l'annonce des résultats de la finale du Headbang Contest. Nous aurons donc le plaisir de retrouver Heart Attack et son thrash direct, tout comme One Last Shot et son hard/stoner entrainant sur la scène du Motocultor en août prochain.
On retiendra également le set tout en intensité de la part de Ghusa ainsi la leçon administrée par Loudblast, toujours au top 30 ans après leurs débuts.
Setlist Loudblast
A Bloody Oath
Bitter Seed
Taste me
From Dried Bones
Neverendin' Blast
Flesh
Medley dementia
Ace of Spades (Motörhead cover)
Cross the Threshold
My last journey
Merci à Access live et au Divan du monde
Photographies : © Christophe Largeau 2015
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