Rédemption ou damnation ?
par Goeth
Envie d’un bon album de black metal ? Envie d’écouter un bon groupe de pagan ? Envie de flûtes endiablées, de violons et de cornemuses tenant la dragée haute aux guitares hurlantes ? Envie de voyage musical vers un pub irlandais, les lacs du Connemara ou la Sibérie ? Si c’est là ce que vous cherchez, amis lecteurs… n’écoutez pas le nouveau Primordial ! Il s’appelle Redemption At The Puritan’s Hand, est sorti le 26 avril chez Metal Blade Records, et ne vaut pas le détour.
Au demeurant, il fallait s’y attendre. Depuis leur premier album, Dark Romanticism en 1993, le quintet irlandais nous avait habitués à une musique assez plate, et surtout jamais renouvelée au fil des albums. Et bien que quatre ans se soient écoulés depuis le dernier, To The Nameless Dead, il n’y avait aucune raison pour que cette dixième galette déroge à la règle.
On passera donc rapidement sur une litanie de critiques qui pourrait vite virer à la complaisance. Citons quand même cet éternel côté Amon Amarth d’une lenteur à la limite du chant traditionnel corse (pas question ici d’attaquer les Corses, juste de préciser que ce n’est pas ce qu’on attend d’un album de metal !). Ou encore ces morceaux dont la durée ne passe jamais sous la barre des 6:20 minutes… ce qui s’explique déjà par le fait qu’il mette systématiquement près de deux minutes à partir. ET ce, tout en ne « pétant » jamais vraiment ! On passe en effet l’album à attendre l’explosion vers laquelle semble tendre une musique planante, mystique et en même temps pleine d’énergie, une explosion qui n’arrive malheureusement jamais.
Prenons un exemple caractéristique : « No Grave Deep Enough », premier morceau de l’album. Sept minutes et dix secondes, dont 1 :38 minutes d’introduction lente, très lente, iiiiiiinteeeeeeermiiiiiiinaaaaaable… qui débouche sur un riff d’une platitude mélodique affligeante, à l’image du chant. Chant qui, au passage, rattrape tout de même globalement la musique, non par son intérêt musical (il est, lui aussi, plat comme une limande), mais grâce à une voix indéniablement puissante de A.A. Nemtheanga, très chamanique.
Car des intérêts, la musique de Primordial en présente quelques uns. Nul musicien ne rate totalement la porte de la qualité (sauf Colonel Reyel, mais c’est une autre histoire…). Premièrement, il faut souligner la qualité de la production, bien meilleure que sur les précédents opus. Puis, musicalement, il y a du bon : une ambiance mystérieuse, quelques parties batteries très intéressantes allant du tribal au guerrier, des passages instrumentaux d’une qualité certaine… Mais un manque d’énergie cruel vient s’ajouter à un défaut impardonnable et irrattrapable : la redondance des morceaux. Inutile de s’étendre sur le sujet, prenons une formule claire : huit pistes, huit morceaux identiques.
Alors, huit morceaux longs, lents, sans énergie, et tous semblables en tous points (ou presque)… autant lâcher le mot : en écoutant cet album, on s’ennuie ferme ! Ainsi, à moins d’être déjà fan du groupe (sait-on jamais, même Superbus a des fans !), il est inutile de vous attarder sur cet fade galette. A fortiori si vous aimez le Celtic metal, car s’il y a une dimension bien cachée dans la musique de Primordial, c’est bien celle-ci : ni flûte, ni violon, cornemuse, vielle, bombarde ou biniou. Quid ?