Samedi 9 mai 2015, à Mâcon. Il est 17 h.
La fête médiévale se déroule encore dans la cour, c'est l'occasion de discuter quelque peu avec deux éminents et sympathiques membres d'Equilibrium: Robse Dahn, au chant et René Berthiaume, un des fondateurs du groupe, guitariste et aussi compositeur de la plupart des titres.
Commençons avec Erdentempel, le dernier album.
Robse: Le tout dernier !
Même si cela fait déjà un an. Les journalistes sont toujours curieux de ce qui va venir après... Ce disque ressemble à une sorte de best of de l'histoire du groupe, malgré les évolutions de line up. Comme une sorte de mix entre diverses influences: un peu de folk, un peu de power, un peu de pagan, un peu de tout. Une sorte de medley, en exagérant un peu bien sûr ! Equilibrium signifie l'équilibre justement, est-ce que c'est important pour vous de tout mélanger ainsi ?
Robse: En tout cas c'est important de mélanger tous ces styles sur le même album, car sinon ça serait ennuyant. Tu as ces titres profonds et ces choses plus joyeuses, ensuite reviennent quelques mélodies tristes et après ça bouge à nouveau. Je trouve ça pas si faux que ça ton exemple de medley.
René: C'est plutôt important pour nous que nous ayons des alternances sur l'album. A titre personnel, j'aime bien les albums qui ont une même ambiance du début à la fin, mais pour
Equilibrium, il nous semble important d'avoir des changements. Quand tu écoutes une chanson, tu peux pas dire "OK, ce groupe fait ce genre de chose". Tu dois écouter tout l'album pour pouvoir te dire "OK, ils sont joyeux, ils sont plutôt mélancholiques". C'est important, on fait évidemment ce qui nous fait plaisir, et du coup ça nous fait également plaisir sur scène d'avoir ces changements, ces différentes ambiances.
Pouvez-vous vous classer dans un style musical ? C'est important pour vous de pouvoir vous définir quelque part ? Qu'est-ce que vous faites d'ailleurs exactement ?
Robse: Je crois qu'on l'avait déjà définit simplement quelque part, où on avait simplement marqué en-dessous "métal épique allemand", sans rentrer dans les nombreux styles du genre viking-black-pagan metal. Par exemple, pour le pagan, on devrait aller également dans cette direction avec les textes; on a aussi toute cette partie folk, avec orchestrations et hymnes. Du coup, il ne reste que ce terme unique "épique" ou "bombastique" metal.
Par rapport aux influences païennes, que l'on ne peut pas nier, y-a t'il quelqu'un parmi vous qui s'intéresse vraiment à ce genre de choses, à travers de la reconstitution ou autre ?
Robse: Non. On trouve ça incroyablement intéressant, on adore regarder ce genre de chose, cela fait d'ailleurs parti d'un ensemble au final, ce folklore, le metal, le moyen-âge, tout ça va ensemble, et on peut aussi très bien le relier musicalement. Nous avons de nombreux amis de cette scène, des groupes, mais le faire nous même, revivre les batailles des anciens Germains, combattre à l'épée, tout ça ne correspond pas à nos loisirs. Mais on trouve ça intéressant, parce que cela fait également parti de notre scène.
Chez vous il y a quelqu'un de passionné par Skyrim, il me semble que c'est...
Robse: Lui là...(rires)
Qu'est-ce que tu peux dire à propos de ta vie de gamer ?
René: Les jeux sur ordinateur sont pour moi depuis l'enfance un loisir important. Mais ce n'est pas juste pour s'assoir et jouer à FIFA, c'est comme une histoire, un film ou un livre. Tu déconnectes du monde et ça t'inspire également. Et je trouve ça toujours très intéressant, par exemple avec Skyrim, car les développeurs du jeu essaient de créer un monde fantasmagorique, mais qui est inspiré par le monde réel, à travers toutes ces montagnes, etc. C'est inspiré par la nature réelle. Et tu le retrouves quand tu te promènes en vrai dans des montagnes, des forêts.. Je trouve ça très inspirant. Ca a toujours été une grande source d'inspiration pour Equilibrium. Tu joues à Skyrim et tu te retrouves dans cette atmosphère. Surtout quand tu vies dans une grande ville. J'étais à ce moment à Münich, et quand tu sors, tu vois passer les voitures à toute allure "zummm, zummm!". Ce n'est pas inspirant !
Robse: C'était des abeilles ? (rires)
René: Les jeux sur ordinateur peuvent être très inspirants. Je trouve faux de dire que c'est juste pour passer le temps, ou s'amuser. C'est plutôt comme un film, c'est de l'art.
Et toi, tu n'es pas fan de jeux, mais quels sont tes loisirs ?
Robse: Je travaille à Berlin dans un laboratoire, quand je suis pas en tournée avec Equilibrium, j'ai une fille, et je passe énormément de temps en été au jardin.
Un vrai jardinier amateur ?
Robse: Des fleurs, des étangs, des poissons, tout ça... Je voyage aussi beaucoup. Je trouve le repos aux plages de galets où je cherche des fossiles. C'est mon loisir.
Et ça t'inspire également ? Ou ça t'apaise ?
Robse: Oui, et ça me repose l'esprit. Ca tire un peu sur la nuque, à force de regarder au sol, mais ça repose.
René: A chaque fois qu'on va vers la mer, par exemple au Hellfest en France, ou en Jamaïque, on le voit.
Il cherche des fossiles ?
Robse: Exactement ! La semaine dernière, en Norvège, j'ai rapporté une énorme pierre. On avait un peu de surpoids dans nos bagages ! Je suis arrivé avec, je crois 9 kg de bagages, et je suis revenu avec 18 ! Bon, il y avait aussi des bières norvégiennes...
Il s'agit ici de la seule date en France cette année ?
Robse: Jusqu'à ce jour, oui.
René: On prévoit peut-être en octobre d'aller à ....Chelsta ?
Sélestat ? En Alsace ?
René: Oui ! Peut-être, c'est entrain de se planifier.
Revenons un peu sur la musique. La dernière chanson à boire, "Wirtshaus Gaudi" a super bien marché. La vidéo a eu du succès. C'était incroyable, si on y réfléchit; je pense que vous avez fait cette chanson, juste comme ça, une parmi d'autres ?
Robse: Exact.
Comment expliquez vous ce succès ?
Robse: C'est tout simple. Chaque métalleux, n'importe qui vient de près ou de loin de cette scène, fonctionne avec de l'alcool. Sur chaque festival, comme aujourd'hui par exemple, il y a des gens tranquillement dehors entrain de boire une bière au soleil. Ce qui est chouette avec la scène metal, c'est que tout ça n'est pas pris au sérieux. Tout tourne, comme pour nous dans le groupe, autour de l'amusement. C'est la même chose lorsqu'on compose, quand on écrit, ou quand René écrit, il n'écrit pas un truc qui pourrait éventuellement plaire à quelqu'un, il écrit ce qui lui plait déjà à lui, ce qui nous plait, ce qui colle avec le groupe. Avec une chanson à boire, tu touches déjà tout le monde de cette scène. Des millions de métalleux regardent ça, et se disent "ah ben oui, je connais, comme la semaine dernière au bar !". Chacun boit en festival, dans la tente, au bar. Et c'était aussi une sorte d'annonce au monde: Robse vit comme ça ! Et on fait aussi ce qu'on veut tout simplement. Et chacun connait cette situation. Il y a eu quelques personnes qui ont trouvé la vidéo stupide, en disant "qu'est-ce que vous avez à faire dans la scène metal ?". Comment peut-on trouver une vidéo comme ça stupide ? Au final, tout tourne autour de ça. Bien sûr, un black metalleux qui est à fond dans son truc, qui aimerait de préférence tuer tous les chrétiens et brûler des églises, mais bon, eux, ils ont tout de façon aucun humour. Il n'y a pas de problème avec ça. Mais dans la scène dans laquelle nous évoluons, cette vidéo dit tout: bonne humeur, boire des petites bières, faire la fête, bonne ambiance: Equilibrium.
Robse: Pas seulement ! Si on avait eu plus de temps, on voulait tourner plus de vidéos. Mais on a manqué de temps, il devait y avoir une vidéo fun et une dramatique. Bon, il n'y a eu que la vidéo amusante. Mais pour le prochain album, on a plein de plans.
Justement, le prochain album est-il déjà quelque part en tête ? Ou un peu plus loin que juste dans la tête ?
Robse: On a déjà une date de sortie : le 11/11/2025.
Ca va être une date facile à mémoriser. (rires)
Robse: On a besoin de temps. On veut tourner une vidéo pour chaque chanson. Et comme on a prévu environ 30 titres... Et du coup, on a besoin de quelques années... (rires)
Et si quelqu'un venait tout d'un coup, on disant "salut, je suis millionnaire, prenez ce que vous voulez et faites en ce qui vous chante", qu'est-ce que vous feriez ?
Robse: Avec l'argent ? Avec Equilibrium ?
Thomas: Oui, avec le groupe. Qu'est-ce qui serait pour vous un rêve à réaliser avec le groupe, qui sera peut-être un jour possible de faire ?
Robse: Je crois qu'à ce jour, la priorité serait de nous acheter un gros tourbus qui a la classe.
René: Exactement. Ou un hélico.
Mais votre bus est déjà pas mal grand, il occupe la moitié de la rue.
Robse: Oui, il est juste ce qu'il faut et assez grand pour le groupe et les roadies. On est 5 membres du groupe et 6 roadies. Il y a aussi notre ami français, et chef du fanclub d'Equilibrium.
René: Mais il est pas à nous. Il est juste loué.
Robse: Donc cela serait le premier truc qu'on achèterait. Ensuite, on enverrait René chez le chirurgien esthétique pour l'arranger un peu (rires).
Et puis le reste, on le donnerait à des œuvres caritatives.
René, tu es d'accord avec ça, car je vois que tu es entrain de réfléchir ?
René: Pour l'opération, c'est pas trop mon truc, mais le bus est une bonne idée en tout cas.
Robse: Ou alors on pourrait faire avec un énorme tas d'argent, notre propre festival où on jouerait en tête d'affiche. Nos premières parties seraient bien sûr Metallica, Rammstein, etc.
On ne sait jamais ! Pour vous, en 2015, que signifie Equilibrium pour vous, en un seul mot ? Vous n'êtes pas obligé de donner la même réponse.
Robse: Et bien... "Chouette" ne le décrirait même pas partiellement. "Super chouette". On donne aujourdh'ui seulement notre 5ème show en 2015, mais on était déjà à Miami, en Jamaïque, à Mexico, en Norvège, France.
Mâcon". Une belle région viticole.
René: Oui, c'est la Bourgogne ici.
Robse: Bordeaux ?
René: Non, en Bourgogne.
On est en Bourgogne, et Mâcon est encore une zone spécifique, avec ses propres vins. Vous devriez en demander après le show.
René: Les voyages. On a beaucoup joué en Allemagne, mais entre-temps, on s'oriente vers les autres pays, car nous voyions qu'il y a aussi des fans. Et comme l'a déjà dit Robse, on était beaucoup sur la route cette année.
Robse: On a eu un merveilleux succès avec Erdentempel. On a eu des demandes d'Asie, d'Australie, des USA, du Canada, Costa Rica. C'est délirant et ça ne s'arrête pas.
Thomas: Cela ne vous étonne-t-il pas un peu ? Après tout, vous n'avez quasiment que des textes en allemand, c'est quelque part restrictif non ?
Robse: A mon avis, 99% vient de la musique. Elle est prenante et est dansante. Les gens se bougent et même ceux qui ne nous connaissent pas, voire même qui ne veulent même pas essayer de nous apprécier, restent et se disent que c'est quand même plutôt chouette ce truc. Et nos fans hardcore traduisent les textes pour eux-mêmes. Et de toute manière, avec ce type de chant, avec des growls, tu ne comprends de toute manière pas grand chose, à moins de lire les textes par la suite. Cette musique va au-delà des frontières, il ne s'agit pas spécialement de musique allemande. Il y a tout dedans, du folklore irlandais, du sud-américain. Chouette.
Mais je m'y attendais. Je l'ai entendu, et je me suis dit ça va donner quelque chose d'énorme. Ca sonne un peu prétentieux, mais je l'aime beaucoup.
René: C'est un peu le plus bel effet secondaire. On découvre des pays et on rencontre des gens. C'est une grande motivation.
Thomas: Je vous laisse le dernier mot, si vous voulez dire quelque chose à l'attention de vos fans français ?
Robse: J'espère qu'on va garder ce rythme, et qu'on sera tous les quarts d'année ici. Car en France, c'est toujours incroyable à chaque fois. Ce n'est pas juste les gens, mais aussi la nourriture et les scènes. Vous faites quelque chose ici avec votre son, il est toujours chouette.
René: Et la nourriture. "Fromage, chocolat".
Merci beaucoup !
Thomas Orlanth
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