Theatre of Tragedy – Last Curtain Call


Le rideau tombe...

par Sanguine_Sky

Une mémoire qui dure, qui perdure, une empreinte qui reste et un grand vide laissé lorsque le groupe qui procure tant d'émotions n'est plus … C'est donc la fin pour Theatre of Tragedy, qui aura marqué un genre tout entier, aux fondements de l'histoire du metal « gothique », à la belle et la bête, avec cette alternance entre l'ogre et la sirène, l'obscurité et la lumière, l'alliance des ténèbres et de la clarté. 17 ans de carrière pour le combo en provenance de Stavanger, et pourtant tellement remplie, avec son histoire. Des albums sublimes laissés en héritage (l'éponyme, Aégis mais surtout le chef d'oeuvre Velvet Darkness They Fear), de quoi consoler un peu, en se disant que, finalement, ils auront posés une véritable marque, et que réécouter ces opus après le départ définitif, c'est toujours un beau lot de consolation, qui permet de se replonger dans le passé, même si certains auraient aimés entendre les vieux morceaux avec Nell Sigland, la chanteuse qui est arrivée après le renvoi de Liv Kristine (un mal pour certains, une bénédiction pour les autres). Enfin, ça, c'était jusqu'au mois de Mai.

 

AFM Records c'est un gentil, très gentil label, et à partir de maintenant il sera interdit d'en dire le moindre mal. Car les voici qui nous donnent un superbe cadeau de Noël avant l'heure, à savoir le CD + DVD du live d'adieu du sextette, Last Curtain Call (nom très explicite au passage), de quoi offrir ce baume aux plaies douloureuses de la séparation. Enfin, méfiance méfiance, après tout, ce n'est pas hypocrite d'avouer que certaines formations ne sont définitivement pas destinées à faire de la scène, livrant des déceptions concerts après concerts. Et inversement, parfois, on peut avoir d'excellentes surprises et vénérer le côté scénique, qui fait paraître un album bien fade et propret à côté. A présent, il ne reste plus qu'à découvrir de quel côté se situe Theatre of Tragedy.

 

Note avant de continuer : la chronique ci-dessous ne reflète que le CD live et non le DVD.

 

Le choix de la setlist : Excellent, tout simplement. Tous les plus grands classiques de l'existence des norvégiens sont bien présents. Toutes les époques sont représentées et mis à part Assembly qui manque à l'appel (ce qui est assez normal car, en plus d'être dispensable, cet album n'a plus rien de metal), on retrouvera avec plaisir des titres de la période sombre des scandinaves. Un morceau ou deux qui manquent ? Peut-être aurait-on pu substituer sans grand regret « Image » par « Lorelei », mais c'est un détail minime, car entendre à nouveau « Bring Forth Ye Shadow » ou encore « A Hamlet for a Slothful Vassal » n'est que pur moment de jouissance, et, de plus, en condition live, ré enregistrées avec une nouvelle chanteuse, et si Liv et son timbre n'étaient pas à votre goût, voilà une chance pour ces derniers de se racheter. Visiblement, la formation a souhaitée à satisfaire les fans de chaque ère du groupe, et c'est vraiment tout à leur honneur, car en plus, en se penchant de plus prêt sur le répertoire présenté, la balance entre les opus semble plutôt équivalente et bien pesée (et bien pensée), de quoi ravir toutes et tous, sauf les « die-hard » d'un âge ou d'un autre qui regretteront de ne pas voir suffisamment d'un tel ou d'un tel (certains râleront déjà de l'absence de « Cassandra » ou « Lorelei »).

 

La performance : C'est un plaisir d'entendre les voix de Nell et de Raymond. Ce live ouvre avec « Hide and Seek », devenu désormais titre phare même si issu du dernier (malheureusement, on peut dire que c'est vraiment le dernier) album de la formation. Bien sûr, une question brûle les lèvres de chacun, à savoir si la jeune femme peut reprendre avec succès les anciens morceaux et, par conséquent, faire oublier le spectre Liv Kristine flottant toujours dans l'atmosphère ? La réponse est un grand oui, tant la demoiselle se montre convaincante, avec une voix qui colle parfaitement aux différentes pistes et qui, à la surprise générale, peut même produire de meilleurs résultats que ceux de la précédente frontwoman. Sa voix posée sur « And When He Falleth », « Machine » ou « Der Tanz Der Schatten » est franchement irréprochable, et se superpose brillamment sur ces petits bijoux, cultes dans la collection de perles. Néanmoins, on pourra discuter l'approche vocale de madame sur « Venus », qui possédait un charme tout particulier avec la première vocaliste et qui, ici, disparaît légèrement, dommage. Le chanteur lui est toujours agréable à entendre, beaucoup plus que sur CD. Miracle, il ne ruine plus « Ashes and Dreams » ou « Storm » et ses grunts comme sur « Hollow » ou « Frozen » (à titre d'exemple) sont très expressifs. Le côté belle et la bête dont les vieux routards sont des têtes de file ressort à la perfection, prouvant encore qu'avant d'être détrônés, bon nombre d'autres ont encore du chemin à faire (malgré quelques groupes très prometteurs tel Ancestral Legacy). « Forever is the World » vient clore l'oeuvre avec beaucoup de douceur, Nell étant accompagnée d'un délicat piano, qui livre ses dernières notes avant de tirer le rideau.

 

L'interaction : Il fallait bien trouver quelques défauts à ce dernier live, et force est de constater que les principaux se situent de ce côté-ci. Quelques applaudissements, quelques passages où le groupe s'adresse au public, une chanteuse qui harangue la foule ça et là, mais pas assez pour donner l'impression que ce soit vraiment vivant. Le défaut majeur n'est autre que ce manque de communication, qui donne vraiment le sentiment de vivre un concert et non de rester là bêtement à écouter un CD de vieux titres ré enregistrés pour l'occasion avec une nouvelle chanteuse, format « best-of des 20 ans du groupe », de ce côté là, l'auditeur aurait pu s'attendre à mieux. Bon, certes, à pire aussi, c'est vrai que sur certains live c'est totalement inexistant la connexion avec ses fans, mais les norvégiens auraient peut-être pu faire un effort pour soigner cet aspect avant de tirer leur révérence (c'est peut-être dans le caractère du coin, sait-on jamais, mais après s'être passé un CD live de Doro, même si le style diffère, sur cet aspect nos six lurons ont du mal à rivaliser).

 

Le son : Pour avoir un bon CD live, un son décent s'impose généralement. C'est avec une joie non dissimulée que le constat se fait une fois ce dernier sur notre platine, sur ce point-ci, les scandinaves ont su soigner chaque détail et bien s'appliquer à la tâche. Pas d'impression réelle d'éloignement, d'instrument trop fort par rapport à l'autre, les voix sont à un volume correct, les micros sont bien réglés, tout est en ordre pour offrir des conditions optimales d'écoute, ou de visionnage si c'est le DVD entre vos mains.

 

Conclusion : Foncez donc acheter tout ça, et que ça saute ! Cela pourrait tout résumer. Cette dernière offrande, l'ultime galette, est une réussite, qui parvient à combler les attentes et à donner une image positive du groupe après un Forever is the World (dernier album en date) plus mitigé. Une confirmation de la stature mythique des scandinaves qui passent haut la main l'épreuve de la scène et qui malgré quelques petites failles, livrent un excellent moment, qui passe si rapidement qu'une fois celui-ci terminé, l'envie de le remettre se fait ressentir.

 

Les derniers instants sur scène d'un groupe unique … c'est le dernier appel avant le rideau final … un rideau rouge, qui ferme une page. Last Curtain Call

 

 

Note finale : 8/10

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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