par Vyuuse
Après un EP des plus médiocres, U.D.O. sort son nouvel album, Rev-Raptor. Autant dire que l’EP était trompeur, car, si l’album a ses défauts, il n’en reste pas moins réjouissant.
On n’y croyait plus. L’EP Leatherhead sorti il y a quelques mois montrait un Udo mou et peu impliqué. Il faut dire qu’avec trois mid-tempos, dont un seul bon (qui n’a pas fini sur l’album) et une ballade mielleuse, on était en droit de se demander quelle mouche avait piqué notre chanteur à la voix si caractéristique.
On espérait tout de même un album positif. Pour une fois, c’est arrivé. Udo est sorti de ses gonds, et même si on est loin des morceaux qui ont fait sa gloire, on est en face d’un Heavy Metal bien carré et poilu comme on les aime. La chanson-titre, qui démarre l’album, annonce la couleur. Riff simple mais qui colle, refrain qui explose, batterie sur-vitaminée et un Udo qui y met un peu du sien. La recherche de l’efficacité prime sur tout l’album. Pas de chichis, pas d’orchestre bontempi ou d’interludes cheap, c’est pas le genre de la maison. Juste un clavier qui vient soutenir les riffs ou les chorus dans certains titres, et des chœurs qui soutiennent les refrains, comme le veut la tradition allemande. Voilà les seuls effets que se permet le groupe remonté à bloc.
Les chansons sont donc brut de décoffrage, souvent tenues par un riff principal, et axées sur la même structure. Ca marche souvent ("Rev-Raptor", "Renegade", "Terrorvision"), des fois moins ("Leatherhead", "Pain-Man"). Si les accélérations sont de mise, le groupe reste souvent dans le mid-tempo. Jusque là rien d’étonnant, on a affaire à un album traditionnel d’U.D.O., qui donne tout son sens au terme « Heavy Metal ». Là où U.D.O. étonne, c’est que les ralentissements sont aussi réussis. Si la ballade "I Give As Good As I Get" est un peu gnan-gnan au niveau des paroles, elle reste accrocheuse, tout comme "Underworld", ou la majestueuse "Fairy Tales of Victory". Il n’y a jamais que "Days of Hope and Glory" qui laisse le fan sur sa faim. On n’est pas en présence d’un ratage complet, mais le groupe aurait pu aller plus loin. Les allemands restent plus crédibles quand la musique est plus brute, en témoigne le gros tube en puissance de l’album, "True-Born Winners", qui risque de faire un carton en live. On en aura peut-être un aperçu le 27 octobre prochain au Divan du Monde.
Un album n’aura jamais été aussi en phase avec sa pochette. Agressif, brut, un brin kitsch, mais aussi surchargé. 51 minutes, c’est beaucoup trop pour ce qu’U.D.O. a à proposer. Attention à l’indigestion, surtout pour les gourmands qui lorgnent l’édition limitée, qui a son lot de bonus tracks. La boulimie musicale n’est pas le propre d’U.D.O., c’est tout à fait dans l’air du temps, mais on en vient à regretter les albums anciens qui faisaient moins de 40 minutes. Au final, Rev-Raptor se retrouve inutilement alourdi, et multiplier les écoutes est plus difficile. La stratégie d’efficacité des compos aurait du être impliquée dans la production de l’album. Un élagage aurait été plus que souhaitable.
Si Udo revient puissant et implacable, avec un album plaisant et agréable, il faut avouer qu’il n’écrit pas l’histoire du Metal, comme il a pu le faire par le passé. Le lest n’est pas le seul défaut de l’album. A force de vouloir être efficace, on en vient à des compos moins travaillées, et de fait moins marquantes, à part certaines.
Note : 6.5/10
Interview d'Udo Dirkschneider réalisée il y a quelques semaines