Samedi, 12h15 - Mainstage 1
"... les Butcher Babies ne sont pas venus au Hellfest pour enfiler des perles : leur son est brutal, et leur set s’avère intense..."
La foule est déjà relativement dense devant la Mainstage quelques minutes avant que les Butcher Babies l’investissent. Les conversations dans le public dressent plusieurs profils de spectateurs : les badauds qui se retrouvent là un peu par hasard, les fans du groupe, et également un certain nombres de métalleux attirés par l’aspect visuel des Américains, ou plutôt de leurs deux frontwomen. Eh bien pour ces derniers, pari perdu ! Pas de tétons pointant sous de minuscules morceaux de scotch aujourd’hui, car Heidi Shepherd et Carla Harvey se sont assagies et adoptent des tenues plus conventionnelles ! Tenues qui plaisent quand même aux premiers rangs, et qui feront venir nombre de festivaliers désoeuvrés, grâce aux écrans géants faisant office de publicité alléchante.
Trève de mauvais esprit, les Butcher Babies ne sont pas venus au Hellfest pour enfiler des perles : leur son est brutal, et leur set s’avère intense et sans temps mort. Bien qu’en retrait, les trois musiciens Henry, Jason et Chrissy qui accompagnent les deux chanteuses font un beau boulot, et ont un jeu assez carré. La balance n’est malheureusement pas à leur avantage, avec un rendu assez brouillon de la guitare et une basse trop proéminente, qui vient empiéter sur les voix, comme trop souvent lors de cette édition 2015 du festival.
Malgré tout, le concert est dynamique, grâce à un bon jeu de scène des chanteuses. Ces dernières communiquent beaucoup avec le public pendant et entre les morceaux. Le public quant à lui est mené à la baguette, et réagit aux moindres invectives du groupe. Les slams sont de rigueur dès le second titre, et l'audience saute en rythme sur le motivant “Goliath”, ou le syncopé “Mr. Slowdeath”. Cette ambiance ne se calmera pas du concert, et ne semble pas surprendre le groupe, qui s’emploie à entretenir l’énergie du pit.
A ce petit jeu, Heidi est la meilleure, et prend plusieurs fois la parole entre les morceaux, afin de remercier, motiver et expliquer certaines paroles au public, pour qu’il puisse les reprendre par la suite. Carla et sa longue chevelure bleue en revanche, est un poil moins bavarde mais possède la voix saturée la plus convaincante et puissante. Un léger bémol est à mentionner concernant ses parties claires, où la justesse n’est pas toujours au rendez-vous. Sa collègue aux cheveux rouges est par contre irréprochable à ce niveau.
Les deux frontwomen chantant quasi systématiquement en même temps, les faiblesses de l’une sont la plupart du temps compensées par l’autre, si bien que le résultat est assez convaincant.
Ce qui gène plus en revanche, c’est le manque de variété des titres joués, que l’on peine à différencier lorsqu’on les découvre pour la première fois. Seul le nouveau titre “Monster’s Ball”, convainc vraiment, avec ses influences à la Pantera : le public ne s’y trompe pas et lance un pogo pendant le refrain qui lui a été appris par Heidi une poignée de secondes auparavant.
Cette faiblesse relative des titres est rattrapée par l’énergie déployée sur scène par les chanteuses, qui headbanguent généreusement tout au long des trente minutes qui leur sont accordées et interagissent autant que faire se peut avec les premiers rangs. Poignées de main, high fives et descente dans le pit lors du dernier titre : tout un programme !
Une belle énergie, et un nouveau titre qui donne envie de poser une oreille sur l’imminent second album Take It Like A Man : c’est ce qu’on retiendra avant tout de cette demi-heure de set. Quelques points sont à revoir, et une configuration plus intimiste saurait peut-être les corriger. La réponse mi-juillet à Paris au Divan du Monde !
Photos © 2015 Nidhal Marzouk - www.nidhal-marzouk.com
Setlist :
New Song
The Mirror Never Lies
Goliath
Jesus Needs More Babies for His War Machine
Mr. Slowdeath
Monster's Ball
Magnolia Blvd.