Marilyn Manson au Hellfest 2015

Samedi, 01h00 – Mainstage 2

"L’Antichrist est [...] très en voix, surtout dans les parties criées, qui [...] sont irréprochables du début à la fin du set."

Clôturer la journée bondée de samedi après un feu d’artifice absolument somptueux, et un concert de Scorpions qui a tenu toutes ses promesses, voilà ce qui attend le prince du trash Marilyn Manson.

Après nous avoir pris à revers, et agréablement surpris avec son dernier opus The Pale Emperor, il est temps pour Manson de transformer l’essai sur scène. Aux dernières nouvelles, l’empereur des ténèbres a un peu perdu sa réputation de frontman, et beaucoup déplorent  la dégradation de ses prestations et le manque de théatralité du spectacle qu’il offre : à minuit passé, les conditions sont parfaites pour se forger notre propre idée !

A l’issue d’une longue introduction lancinante, sur fond de flashes et lumière rouge, la silhouette de Marilyn Manson apparait, enveloppée dans un long manteau noir, sur le morceau "Deep Six" extrait du dernier album. Quelques effets de scène comme de puissants jets de fumée à l’avant de la scène sont déjà de la partie. Lorsque le nuage libéré par ceux-ci se dissipe, on découvre en backdrop de magnifiques vitraux à l’effigie de l’Antichrist, dans des poses religieuses très réussies. Visuellement, on a droit à un certain nombre d’effets assez réussi, comme lorsque, dans la pénombre, seul le visage du frontman est éclairé par une lampe fixée à son micro : effet "exorciste" garanti, et saisissant !

Rapidement, le groupe pioche dans sa discographie plus ancienne, avec coup sur coup le toujours délectable "Disposable Teens" et le single "mOBSCENE" de l’excellent Golden Age Of Grotesque. Ce dernier ne sera d’ailleurs à l’honneur qu’une seule fois, à notre grand regret. Antichrist Superstar est en revanche très représenté, avec pas moins de quatre titres interprêtés.

Le son est relativement bon, même si la voix est par moments un peu trop en retrait. L’Antichrist est par ailleurs très en voix, surtout dans les parties criées, qui malgré leur exécution sans doute éprouvante, sont irréprochables du début à la fin du set. Les morceaux sont parfois un peu mollassons, la faute à une batterie assez irrégulière qui traine de temps en temps la patte.

En dépit d’un Manson assez bavard et cynique ("You’re amazing ! Just like me…"), ce qui gêne dès les premiers titres, ce sont les transitions entre les morceaux. La plupart du temps, la scène se contente d’être plongée dans le noir en attendant le début de la composition suivant. L’effet induit est assez étrange, on a presque l’impression d’assister aux temps de chargement entre deux vidéos Youtube… Ceci n’empêche pas de profiter des morceaux à proprement parler, à l'image de tous ces festivaliers qui sautent et slamment à tout va, mais donne parfois un effet décousu.

Ce 20 juin étant l’anniversaire du Twiggy Ramirez, le frontman ne se gêne pas pour le notifier, et interpréter avec le reste du groupe quelques mesures  du "Happy Birthday" des Beatles. Un peu plus tard, avant "Rock Is Dead" il demandera à tout le groupe d’arrêter de jouer, et menacera de ne pas reprendre le concert tant que le public, incrédule, n’aura pas jeté ses vêtements sales sur le bassiste. Le public ne semble pas bien saisir la situation, qui devient assez étrange et inconfortable.

L’état du frontman, probablement coké jusqu’à la nuque, saute aux yeux par moments. Cela expliquerait bien ses quelques sautes d’humeur imprévisibles, comme lorsque, sur "Dope Show" justement, il attrape une tortue gonflable dans le public, et l'utilise pour illustrer ses paroles, qui deviennent  "We fuck your face, we’d really like to kill you", en lieu et place de "We love your face, we’d really like to sell you". La pauvre tortue ne survivra pas au viol public, puisqu’elle se fait ensuite lacérer sous les yeux médusés de son propriétaire, par l’énorme couteau de boucher ornant le micro du chanteur.

Moins théatral que par le passé, le maître de cérémonie sait pourtant prendre son rôle de personnage possédé et dérangé. Alors qu’il a éclaté une bouteille de bière en début de concert pour s’ouvrir le dessus de la main, nous conseillant d’essayer cette technique à la maison, il sait aussi plus tard nous donner la chair de poule par ses halètements malsains introduisant "Angel With The Scabbed Wings". Malgré les mauvaises langues, le personnage est toujours dérangeant, comme lorsque dans un décor IIIème Reich un peu limite, il se met en équilibre sur son pupitre pour copuler avec une créature imaginaire.

La communion avec le public, assez passif, s’étant jusque là limitée aux refrains du dispensable mais attendu "Sweet Dreams", Marilyn Manson achève son set par une descente dans le pit sur "The Beautiful People". Le nouvel empereur du glam indus quitte la scène sans un remerciement, dès la fin de ce dernier morceau, dans un dernier sursaut de dédain dont on ne sait s’il est scandaleux ou génialement lié au personnage joué sur scène par Brian Warner.

Setlist :
Deep Six
Disposable Teens
mOBSCENE
No Reflection
Third Day of a Seven Day Binge
Sweet Dreams (Eurythmics)
Angel With the Scabbed Wings
Tourniquet
Rock Is Dead
The Dope Show
Antichrist Superstar
The Beautiful People

Photos © 2015 Nidhal Marzouk - www.nidhal-marzouk.com
Toute reproduction interdite sans l'autorisation écrite du photographe.



Partagez cet article sur vos réseaux sociaux :

Ces articles en relation peuvent aussi vous intéresser...

Ces artistes en relation peuvent aussi vous intéresser...