Dimanche, 23h10 - Mainstage 1
"On assiste [...] à un concert à deux vitesses, composé d’une part des fans frustrés d’assister à un set trop ciblé, et d’autre part des die-hard fous de joie d’entendre quelques pépites."
Le public commence à être au bout du rouleau, après ces trois jours de concerts incessants, qui ont été autant d’occasions de se dépenser sous un soleil de plomb. Et il n’est pas encore temps de relâcher l’effort, car Korn est l’avant dernier morceau, et pas des moindres, à investir les Mainstages.
Alors que les Américains se font un peu attendre, on peut admirer la configuration dépouillée de la scène. Quelques bougies disséminées sur les têtes d’amplis font office de décoration, et l’habituel pied de micro sculpté de Jonathan Davis est remplacé par un matériel tout à fait banal. Sans aucun doute, c’est un retour aux sources jusque dans la scénographie, pour cette tournée marquant l’anniversaire du premier album éponyme Korn.
Ce premier album est d’ailleurs, comme prévu, joué dans son intégralité, ne laissant que peu de place à d’autres titres, qui seront finalement au nombre de deux. Ce choix est, il est vrai, très intéressant pour les fans de la première heure et les festivaliers qui ont déjà pu voir le groupe plusieurs fois sur scène. En revanche, et c’est le cas de nombreuses personnes en configuration festival, le métalleux moyen est déçu par l’absence de nombreux hits, comme "Here To Stay" ou encore "Dead Bodies Everywhere", pour ne citer qu’eux. On assiste donc à un concert à deux vitesses, composé d’une part des fans frustrés d’assister à un set trop ciblé, et d’autre part des die-hard fous de joie d’entendre quelques pépites.
En parlant de pépites, la prestation comporte le terrible "Daddy", interprété seulement à deux reprises avant 2015, il y a plus de vingt ans. Le titre malsain au possible, où Davis raconte les abus sexuels dont il a été victime lorsqu’il était enfant, est un moment très fort du set. Davis est comme possédé pendant le morceau, et l’ambiance pesante qui s’installe donne la chair de poule.
Malheureusement, pendant une bonne partie du set, la balance est à blâmer. Seule la basse est en avant, et vient grignoter tout le reste de la scène sonore. Certes, sur "Ball Tongue", on profite énormément des slaps vigoureux de Fieldy, qui avec ses cordes fluos et sa démarche reste au sommet de la classe, même sans maquillage. Mais on perd au passage la guitare de Head, qui est déchaîné comme jamais du début à la fin de la prestation.
Pendant "Clown", le running gag de la Mainstage 1 frappe encore, et la façade rend l’âme : plus de son ! Le groupe quitte alors la scène sans un regard pour le public : un comportement assez décevant si on le compare à la réaction d’Airbourne, qui en grands maîtres du rock’n’roll, ont su maintenir l’ambiance et occuper le public pendant la coupure. A la décharge des membres de Korn, si un tel incident est acceptable suite à une maladresse quelconque, le voir ainsi se répéter témoigne d’une faiblesse technique, ce qui est assez intolérable au sein d’un événement de cette ampleur.
Après quelques minutes de calme, le son revient et "Clown" est repris depuis le début, avec une balance sensiblement meilleure : l’ambiance peut remonter.
Juste après les riffs dantesques de "Faget", Jonathan Davis débarque sur scène, cornemuse en main, pour un "Shoot And Ladders" qui reçoit une véritable ovation.
Le rythme diminue ensuite légèrement jusqu’à l’énorme "Daddy" déjà mentionné, qui vient clôturer en beauté ce premier album, véritable pilier du nu metal.
Le groupe revient sur scène pour deux ultimes morceaux, pendant lesquels Davis peut enfin compter sur son fidèle et célèbre micro. "Falling Away From Me" et "Freak On A Leash" réveillent enfin le gros de la foule, mais la balance se détériore énormément, si bien que la dynamique se rompt à cause d’une voix quasi inaudible.
Au final, la prestation de Korn est en demi-teinte : si elle aurait probablement été un franc succès en salle, la configuration festival n’y est en revanche que peu adaptée, du fait de son contenu.
Le son – lorsqu’il fonctionnait – n’a pas non plus été irréprochable, mais les quelques gemmes interprétées avec brio valaient malgré tout l’effort d’oublier maux de pieds et de dos engendrés par ces trois jours de Hellfest.
Setlist :
Blind
Ball Tongue
Need To
Clown
Divine
Faget
Shoots and Ladders
Predictable
Fake
Lies
Helmet in the Bush
Daddy
Encore:
Falling Away from Me
Freak on a Leash
Photos © 2015 Nidhal Marzouk - www.nidhal-marzouk.com
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