Samedi, 14h20 - Altar
Crusher ! C'est assez rare pour être précisé, il s'agit là d'un des dignes représentants de scène metal locale alsacienne. On constate après quelques secondes que le plaisir d'être présent sur la scène du Hellfest est là et que la patate est encore bien présente après toutes ces années !
Il faut dire aussi que si une partie du public était composée de vénérables quarantenaires ou plus, il y avait aussi bon nombre de jeunes excités qui se sont merveilleusement adaptés au son de Crusher, propice aux circle pit et aux pogos.
L'ambiance est clairement à la fête, et le groupe compte bien en faire profiter le public à travers une distribution de tee-shirts.
Mais Crusher, c'est aussi un groupe sérieux et engagé. Avant même de commencer le concert, Crass met les choses au point par un "j'emmerde toutes les religions", avant d'entamer "Progress without Regression". Preuve s'il en fallait qu'il n'est pas obligatoire de se couvrir de corpse paint et de parsemer la scène de croix renversées pour être anti-religieux.
Cette thématique prédomine d'ailleurs dans le show, tant à travers la setlist qu'à travers les petits commentaires du chanteur.
Par exemple, le titre "Sell the Vatican's Wealth" s'accompagne d'un petit conseil : "Au lieu de donner des leçons, le Pape n'a qu'à vendre sa montre ou sa bague..."
Côté visuel, Crusher nous a concocté une petite performance à l'esthétique SM. En effet, deux femmes latexées déambulent régulièrement sur la scène et mettent à merveille en pratique les fantasmes les plus fous de probablement bon nombre d'intolérants religieux. L'une, au look réellement démoniaque, s'enfonce de longues aiguilles un peu partout sur le corps, pendant que la seconde se colle languoureusement à Crass tout en n'hésitant pas à vérifier si tout est en ordre dans son pantalon. Tout cela ne gêne en rien le chant, qui se poursuit comme si de rien n'était quand il est nécessaire, alors que les musiciens assènent implacablement le metal burné de Crusher.
Pour bien marquer les esprits sur le message véhiculé par le show, à savoir garder sa liberté de penser avant tout, Crass n'hésite pas à se laisser attacher par ses deux succubes, grâce à des ficelles accrochées à des aiguilles traversant la peau de ses avant-bras.
L'ensemble étant relié à un attirail de marionnettiste, qui transformera le frontman en marionnette agitée par les deux démones. Et cela ne l'empêchera pas de continuer à chanter !
D'autres noteront la ressemblance frappante avec des croix...
Si on ajoute à tout ceci le perçage de ses joues par de grandes aiguilles, on ne peut qu'espérer que les personnes un peu trop sensibles ne soient pas sous l'Altar.
Encore une petite surprise se produit sur "Storm brewing", où Steeve de Zuul FX arrive précipitamment (apparemment retardé par une interview) et prend le chant.
Pas de doute, la vieille scène française a encore de beaux jours devant elle. Et le meilleur moyen de le résumer, c'est par un titre du groupe : "In Your Face" !
Quoi qu'il en soit, un phénix vient de se relever d'une très longue absence, et visiblement, il vient de tout écraser sous son passage.
Un de mes grand moments du Hellfest.
Thomas Orlanth
Photos : © 2015 Thomas Orlanth - galeries complètes sur le site internet: www.thomasorlanth.com / Facebook . Toute reproduction interdite sans autorisation spécifique du photographe.