System of a Down à  Paris Bercy (06.06.2011 et 08.06.2011)


System Of A Down – Episode 2011 : Un nouvel espoir
 

On n’y croyait plus, et pourtant, c’est arrivé. 5 ans après leur retrait de la scène metal, System Of A Down s’est reformé le temps d’une tournée. Ils ont décidé de mettre les bouchées doubles au pays du camembert en remplissant Bercy 2 fois, 6 ans quasiment jour pour jour après leur dernier passage en France. Et le bilan est plus que concluant !

Comme le groupe ne fait quasiment que des festivals en Europe, ils font la tournée seuls, et ce sont des groupes de passage qui assurent la première partie. Le lundi 6, c’est le groupe …And You Will Know Us By The Trail Of The Dead qui s’y est collé.

…And You Will Know Us By The Trail Of The Dead
 

Groupe texan qui a déjà quelques albums à son actif, mais qui reste très méconnu en France. Ils ont été plutôt mal accueillis par le public. Leur musique relativement calme avec quelques incursions expérimentales n’a semble-t-il pas vraiment plu au public parisien qui s’impatientait de voir System of a Down et leur rythmiques saccadées. Le groupe lui-même ne semblait pas très impliqué dans son jeu, et était servi par un son plutôt médiocre. Les mélanges de genres peuvent donner de belles surprises, mais dans le cas présent, avec un groupe clairement pas adapté à la tête d’affiche et aussi peu d’entrain, on ne peut qu’être déçu. Les « System » scandés par le public et la mine déconfite des musiciens en fin de concert en témoignent.

Le surlendemain, c’était un groupe très différent qui a ouvert la soirée. Il s’agit du groupe de Stoner Clutch.

Clutch

On aurait pu s’attendre à un accueil glacial des parisiens, devant ce groupe à l’identité Rock n’Roll old school très marquée. Mais c’est sans compter le talent et le charisme des membres de ce groupe, qui se sont sûrement attiré bon nombre d’auditeurs supplémentaires ce soir-là. Le groupe maîtrisait parfaitement son son gras et chaud avec des effets de guitare à la pelle. La qualité sonore était cette fois de leur côté, ce qui a permis au public de mieux apprécier leurs compos très accrocheuses. Que dire aussi de la voix grave et bien élevée au whisky du chanteur Neil Fallon ? Avec une telle prestation, on a une fois de plus la preuve qu’une première partie très différente du groupe principal peut plaire. On espère voir Clutch plus souvent dans nos contrées.

Mais trève des amuse-bouche, reste maintenant à passer aux choses sérieuses. Après une bonne demi-heure d’attente et l’installation d’un drap blanc sur lequel était projeté le logo du groupe, les lumières s’éteignent, et les premiers coups de cymbale retentissent…


SYSTEM OF A DOWN

Et c’est avec "Prison Song" que les californiens commencent les hostilités. Ce titre d’ouverture de Toxicity parfait pour le live, a été quelque peu ralenti, pour mieux en faire ressortir les aspects groovy. Première chose positive qu’on constate : le son. Clair et limpide, tous les instruments se distinguent parfaitement et ressortent de manière propre et précise. Du jamais entendu à Bercy, une salle habituellement peu idéale pour la sonorisation. Ici, le groupe est magnifiquement servi, et peut enchaîner les chansons sans laisser aucune excuse aux fans qui ne les reconnaissent pas.

Mais si le son est un élément primordial en concert, une question qui brûlait les lèvres de tous les fans a trouvé sa réponse ce soir : Que vaut System Of A Down en 2011 ? Force est de constater que le groupe est au top de sa forme. Le groupe est heureux d’être sur scène et le montre bien en jouant avec le public et en affichant de grands sourires, les membres se font des blagues entre eux (on retiendra Daron et Serj qui jouent à chat pendant "Darts" le 06 juin) et se démènent sans problème sur scène. L’enchaînement de chansons sans temps mort ne leur fait pas peur, et le temps n’a pas encore pu faire trop de ravages à nos musiciens.

Au jeu des comparaisons avec leur dernier passage en France, le 1er juin 2005, ces deux concerts l’emportent sans problème. D’une part au niveau du son, comme évoqué plus haut, mais aussi au niveau de la prestation, plus soignée. Daron Malakian a visiblement travaillé sa voix et ne massacre plus "Lost In Hollywood" comme il y a 6 ans. Serj chante toujours à merveille, même grippé, et montre que, malgré ses efforts solos nettement moins metal, qu’il sait encore crier avec l’énergie des débuts, mais de manière plus maîtrisée. Quant à la section rythmique, assurée par Shavo et John, elle reste carrée et sans faille. On notera également que le light show était bien plus travaillé et soigné, avec des spots bien rythmés et des couleurs choisies avec bon goûts. Le groupe n’a jamais réellement été amateur des gros décors, mais cela ne l’a pas empêché de changer le backdrop plusieurs fois pendant le concert, allant du logo du groupe à la célèbre main de la pochette du premier album.

Quelques touches de fantaisie ont été apportées aux différents titres, comme de la wah-wah dans "Deer Dance", une petite intro au tambourin pour "Radio/Vidéo", ou encore un riff chanté à la bouche dans "P.L.U.C.K.". Le groupe n’hésite pas non plus à réutiliser des éléments de la tournée de 2005/2006, comme l’intro ballade de "Cigaro", en totale opposition avec la chanson en elle-même, ou encore l’interlude de "War?" qui ajoute une touche émotive plutôt bienvenue dans ce déferlement de violence brute.

Violence est d’ailleurs le maître-mot de la fin de la setlist, pendant laquelle le groupe se déchaîne à n’en plus finir. Si c'est la même dans les deux dates, on peut dire qu'elle a été plutôt bien pensée. L’enchaînement "Suite-Pee", "War?", "Toxicity", "P.L.U.C.K.", "Sugar" restera sûrement dans les mémoires. Ce soir, tous les albums étaient représentés, même Steal This Album !, le grand oublié de la discographie de System, avec "I-E-A-I-A-I-O". C’est sans surprise que l’on constate que l’album Toxicity, plusieurs fois disque de platine, se taille la part du lion, avec pas moins de 10 titres, qui sont autant de classiques. Le double album Mezmerize/Hypnotize est évidemment de la partie, pour le plus grand bonheur des fans européens qui n’avaient pas eu de tournée pour Hypnotize (ceux qui ont acheté l’album à sa sortie se souviennent sûrement du sticker « en tournée au printemps 2006 »). Le groupe n’hésite pas à faire varier les plaisirs, et de balancer la violence de leur répertoire avec des titres plus calmes, comme le single radio-friendly "Lonely Day" ou la magnifique chanson folk arménienne "Sartarabad" à la fin de "P.L.U.C.K.", chargée d’émotion. Les épiques "Aerials", "Holy Mountains" et "Tentative" n’ont pas non plus été oubliés dans une heure et demie de concert haute en couleurs.

Si une prochaine sortie studio du groupe n’est pas d’actualité, ces deux concerts procurent un regain d’espoir considérable dans le cœur des fans de metal. En effet, le groupe a su montrer qu’il était encore capable de remuer du monde, même 5 ans après. System Of A Down a été, fut un temps, le groupe du renouveau dans le monde du metal. Un groupe qui apporte une très forte personnalité au genre, avec une rage dévastatrice, une envie de tout casser. En l’espace de deux soirs, on s’est retrouvé quelques années en arrière, quand System faisait avancer les choses. L’affluence du public (35 000 places qui se sont arrachées) montre que cette époque n’est pas oubliée. Reste à espérer que cette tournée leur donne envie de créer ensemble à nouveau, et qu’ils puissent à nouveau faire la leçon aux vieux de la vieille.

Setlist :

Prison Song
Soldier Side - Intro
B.Y.O.B.
I-E-A-I-A-I-O
Needles
Deer Dance
Radio/Video
Hypnotize
Question!
Suggestions
Psycho
Chop Suey!
Lonely Day
Bounce
Kill Rock 'n Roll
Lost in Hollywood
Forest
Science
Darts
Holy Mountains
Aerials
Tentative
Cigaro
Suite-Pee
War?
Toxicity
P.L.U.C.K.
Sartarabad
Sugar

Un grand merci à Marie Paquet et system35 pour les photos.



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