Samedi, 12h50 - Valley
Monarch! au Hellfest? En voilà une nouvelle qu'elle est bonne! Une annonce qui peut susciter quelques craintes. Les compositions des musiciens étant plus connues pour leur effet cathartique que pour fédérer sous une tente, il était légitime de se poser la question de la réussite du set des Français dans de telles conditions.
Il faut bien l'avouer, la configuration festivalière n'est pas idéale pour s'imprégner de l'ambiance des titres présentés. L'ampleur des compositions est bien plus importante dans un espace réduit que sur une scène aussi vaste que la Valley. C'est donc un défi de taille pour le quintette que de faire régner une ambiance noire, propice au rituel, sous une tente de festival. Les artifices fidèles du combo sont d'ailleurs bien présents : gros amplis, lumières rouges, croix renversée sour l’œil de la chanteuse, et console sur laquelle sont posées des bougies afin d'intensifier ce décorum qui accompagne le groupe partout où il va.
Quant à la musique interprétée, il va s'en dire qu'elle divise. Drone / doom oblige, le propos est lent, répétitif, sombre et demande un intense effort de concentration et une introspection complète pour pouvoir s'immerger dans les atmosphères lugubres de Monarch!. Une épreuve qui demande de la patience, et qui ne sera pas forcément du goût de l'ensemble du public : les uns sont en transe, complètement envoûtés par les pistes incantatoires et les assauts lents et musclés de la section rythmique, tandis que les autres ne verront absolument aucun intérêt à cette performance scénique, et préféreront prendre la fuite.
La prestation, pourtant, se révélera sans faille, avec un groupe très en forme. L'opener « Blood Seeress » annonce la couleur, et obscurcit immédiatement la Valley. Les ténèbres gagnent la scène au fur et à mesure que la pièce défile, tandis que les hurlements déchirants d’Émilie côtoient ses chuchotements et autres voix enfantines, qui montrent la polyvalence de la jeune femme. La frontwoman n'est pas là pour bercer ou cajoler, mais plutôt pour nous faire frissonner, et « Pentagrammes » qui emboîte le pas à cet opener confirme cette volonté. L'ambiance monte crescendo, jusqu'à atteindre son point culminant au moment où Émilie se lâche sur les hurlements. On se retrouve comme envoûté, complètement subjugué par cette musique si intense. Chaque musicien est concentré à sa tâche, dans une mobilité réduite inhérente au genre. Si le combo dispose de quarante minutes pour son concert, seules trois pistes seront jouées. Le final « Cherry Bomb », reprise des Runaways dans une version remise au goût du doom, montrera une Émilie plus chantante mais toujours aussi menaçante. De quoi terminer en beauté.
Assurément, Monarch! ne plaira pas à tout le monde. Ce qui n'a jamais été leur objectif, par ailleurs. Mais ce concert est une nouvelle réussite à mettre au compteur du groupe. La chanteuse terminera en remerciant le public, qui, pour ceux qui ont été réceptifs aux ambiances, auront passé un excellent moment. Mission accomplie!
Setlist
Blood Seeress
Pentagrammes
Cherry Bomb
Photos : © 2015 Lionel / Born 666
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.