General Lee – Knives Out, Everybody!

Avec ce nouvel album, ces soldats nordiques de l'underground hardcore/metal  proposent une musique à la fois hautement énergique, enthousiaste et violente sans  oublier d'être imaginatifs par moments. Knives Out, Everybody! est la bande son  parfaite d'un film imaginaire où se croisent démons, cowboys de l'Enfer et karatékas  hystériques.

C'est bien la peine de prendre comme nom celui d'un des plus célèbres généraux américains  sudistes, un gars qui a traversé fièrement dressé sur son cheval des champs de bataille  enveloppés dans la fumée des canons puant le charnier, et de ne pas donner dans le rock  sudiste tiens. Car effectivement General Lee n'est pas du tout à rapprocher de Lynyrd  Skynyrd ou Molly Hatchet. Non là on est plutôt sur des bases hardcore autour desquelles le  groupe brode son propre univers.

Ce dynamique septuor (car la formation compte en son sein trois guitaristes, ce qui leur fait  au moins un point commun avec Lynyrd Skynyrd ) formé à Béthune en 2000 sort avec  Knives Out Everybody !, disponible sur Basement Apes depuis le 15 juin, son déjà  quatrième album. Après avoir exploré les possibilités du post-hardcore sur ses précédentes  réalisations, notre Général a voulu lâcher les brides de la cavalerie pour entamer un grand  galop dans les plaines de la débauche d'énergie.

Et si de chevaux il est question sur ce nouvel effort, c'est plutôt de ceux que l'on peut trouver  sous le capot d'un dragster ou autre bolide, du genre celui que l'on entend en intro de « Fuel  Injected Suicide Machine » et qui annonce le programme des hostilités qui vont suivre : à  fond sur le champignon ! Ce morceau hardcore, avec ses claps enjoués, ne fait pas de  quartier, on démarre la « Fuel Injected Suicide Machine » pour une virée sur le Boulevard de  la mort dont on ne connaît pas vraiment l'issue. Pourvu que l'ivresse soit là. Disons le :  Knives Out Everybody ! transpire l'énergie du punk/hardcore mais est aussi un hommage  sincère au cinéma « Grindhouse » popularisé par Quentin Tarantino.

Et ce n'est pas tous les jours que l'on peut entendre un titre évoquant ces bonnes vielles VHS  (les moins de trente ans ne peuvent pas avoir connu) comme « Hellbound On VHS ».  Morceau sur lequel les vocaux torturés d'Arnaud se mêlent au chant mi-chanté/mi-crié de  Vincent Peignart-Mancini, qui fait pour l'occasion des infidélités à The Butcher's Rodeo (et  à AqME), en ajoutant une touche plus rock'n'roll à ce titre court, rapide mais efficace.

Ce n'est pas donné non plus à tout le monde de rendre hommage à la fois au maestro du «western spaghetti » et à Al Jourgensen sur un « Sergio Leone Built My Hot Rod » qui  débute sur un swing rockabilly avec pétarade de pistolet avant que la fureur core ne prenne  le dessus.
De même, un groupe qui salue le grand Jim Kelly (et sa coupe afro) sur « Black Samurai »,  un titre d'une violence et d'une énergie folles, construit comme un combat de karaté,  nunchaku dégainé, avec des choeurs de ninjas en guests et des passages un peu beatdown ne  peut mériter que le respect. Ce morceau est un véritable hymne à la baston cinématographique.

Et que dire de « Letter From Aaron Kosminski From Hell » qui évoque l'ombre de Jack  l'Eventreur (Kominski, barbier juif londonien a été un des suspects de cette célèbre affaire  criminelle) ? Ce titre lourd comporte de nombreuses cassures, comme des coups de scalpel  donnés sur des chairs flasques dans les rues brumeuses du Londres de la fin du dix- neuvième siècle.

General Lee revient parfois à ses premières amours post comme sur « Satanico  Pandemonium » un titre pesant et oppressant rappelant Neurosis et qui par son atmosphère  évoque l'Enfer sur Terre et la fin du monde, sujets éternels du cinéma fantastique. Ce genre  d'ambiance se retrouve aussi sur « The Conqueror Worm », un mid-tempo rampant et  menaçant qui donne vraiment l'impression que des vers affamés rampent vers nous. Le  passage avec des percussions martiales et la chorale de damnés concluant ce titre renforce ce  sentiment de malaise.
Mais voilà, l'essentiel est quand même d'aller droit au but sans faire de prisonniers comme  sur « The Nameless Six » avec cette voix rageuse trafiquée qui nous fait comprendre que ça  va charcler même si le break en fin du morceau sonne post et suffocant.

Évoquons aussi la présence de deux autres invités, en plus du déjà cité Vincent Peignart- Mancini, sur Knives Out Everybody !. Il y a déjà Alex Diaz, chanteur de The Prestige sur  « The Beast Inside » qui de son flow hystérique rajoute encore encore plus de violence à ce  morceau hardcore metal de possédés aux breaks bien lourds. « Night Chaser » lui voit  l'intervention de Manon Hlldr; chanteuse de The Shiny Deers un groupe folk originaire  aussi du Nord de la France et au style bien éloigné de General Lee donc. Cette intervention  apporte une petite touche de douceur dans cet univers de brutes, un rayon de lumière dans ce  chaos. De plus, la dualité des différentes voix fonctionne parfaitement. Ce titre est par  ailleurs une très agréable façon de conclure l'album.

Sinon, un petit jeu à faire en écoutant Knives Out Everybody !: compter le nombre de larsens  car personnellement j'en ai rarement autant entendu sur un album. C'est un peu comme le  nombre de coups de feu échangés dans un vieux film de John Woo, on sait que c'est too much, violent mais aussi excitant.

Si vous aimez organiser vos barbecues en écoutant un groupe comme Every Time I Die  (proche des béthunois dans la façon d'aborder le genre hardcore) ou aller aux toilettes pour  lire Mad Movies ou votre collection de Metaluna, Knives Out Everybody ! est pour vous.  Ceux qui sont heureux déjà ce sont les participants à la campagne de crowdfunding  organisée par le groupe pour financer l'enregistrement de ce nouveau disque. En effet, ils ont  reçu chez eux en plus de l'album, à la pochette superbement illustrée par le graphiste Matt  Ryan, quelques goodies sympathiques. Le Général sait récompenser ses troupes.

Liste des morceaux :

1 « Fuel Injected Suicide Machine »
2 « The Beast Inside (feat Alex Diaz/The Prestige) »
3 « The Nameless Six »
4 « The Conqueror Worm »
5 « Hellbound On VHS (feat Vincent Peignart-Mancini/The Butcher's Rodeo) »
6 « Sergio Leone Built My Hot Rod »
7 « Satanico Pandemonium »
8 « Black Samurai »
9 « Letter From Aaron Kosminski From Hell »
10 « Night Chaser (feat Manon Hlldr/The Shiny Deers) »

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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