Cela commençait à faire quelques temps que nous n’avions plus de nouvelles du projet Pain, alors qu’un album de Hypocrisy est paru il y a deux ans … En effet Peter Tägtgren a pris l’habitude d’alterner les sorties entre ses deux projets. Quelle fût alors la surprise, quelques mois plus tôt, que le multi-instrumentiste et producteur suédois avait annoncé avoir travaillé en secret avec une autre légende sacrée du metal indus, Till Lindemann, vocaliste du sextette allemand Rammstein, silencieux lui depuis déjà 2009 … Lindemann était né.
Plusieurs teasers plus tard, un premier single « Praise Abort » est dévoilé, et met fin à toutes spéculations quant à l’orientation du projet. Musicalement, les amateurs de Pain seront en terrain connu, et vocalement, la principale différence est celle de la langue. Till chante ici dans la langue de Shakespeare et non plus dans celle de Goethe. Dommage, on aurait pu attendre de la part des deux protagonistes quelque chose d’aventureux, incluant pourquoi pas des growls de Peter, de la musique un peu plus death à l’image d’Hypocrisy, le tout mélangé à la voix puissante et charismatique de l’Allemand … Il n’en est rien. Les deux comparses restent ancrés dans leurs habitudes.
Quoiqu’il en soit, manque d’originalité ne veut pas forcément dire mauvais,fort heureusement. Et c’est bien cette phrase qui pourrait résumer Skills In Pills, premier opus du duo. Sur les dix compositions (onze sur l’édition deluxe) ici proposées, on ne voit pas laquelle ne ferait pas office de single. L’efficacité est donc omniprésente, le tout porté par une production signée Peter himself du plus bel effet, et comme à sa grande habitude fourni un travail irréprochable.
« Skills In Pills » met d’entrée les pendules à l’heure, et confirme la direction dévoilée avec « Praise Abort ». Le metal industriel de Peter est sublimé par la grandiloquence vocale de Till, les tout à travers des paroles subversives, provocatrices au possible bien évidemment à prendre au second degré. Les références aux formations dont sont issus les deux protagonistes sont donc légion. Notamment à travers « Ladyboy » et son refrain simple et entêtant au possible dans les arrangements ressemblent à celui de « Shut Your Mouth », issu de Nothing Remains The Same de Pain.
« Fat » et ses arrangements symphoniques est lui également à mettre en avant, de part son côté hymnesque impressionnant. « Golden Shower » évoquera lui le côté guerrier de Rammstein à travers son pré-refrain et ses chœurs épiques, « Fish On » n’est ni plus ni moins qu’un hit en puissance, mais ce que l’on retiendra volontiers, ce sont les ballades. Au nombre de deux (ou trois selon les éditions), on y retrouve un Till touchant, comme on ne l’a pas retrouvé depuis longtemps tant les dernières tentatives de l’exercice avec son groupe principal s’avérèrent langoureuses et désappropriées.
Lindemann nous sert donc un album de metal industriel qui donne tout sens au genre. Compositions simples, entêtantes, et enchainant les hits. Car au final n’est il pas là un exercice compliqué que de pondre un hit ? Sur Skills In Pills, il n'y a que ça … Amateurs de Pain et Rammstein, ne boudez pas votre ce plaisir avec ce réjouissant album, bien dans l’air du temps.