Polaris, groupe hexagonal de heavy metal progressif, est connu des fidèles de la Grosse Radio. Il fut, en effet, l'un des invités de la House à Gratte.
Aujourd'hui, Polaris nous présente son premier album, The Va'Adian Chronicles qui, du titre à la pochette en passant par le look des gars, s'affiche comme un concept album. Je ne m'étendrai pas sur ledit concept mais je vous invite vivement à en apprendre plus en lisant l'interview du groupe dans nos pages...
Retour à la musique avec une galette de près d'une heure vingt d'un voyage éclectique et original dans le monde du heavy metal progressif. Avec l'intro "Polaris", on embarque presque littéralement avec un blabla qui évoque franchement une hôtesse de l'air et, comme je suis une brèle en anglais, je m'en tiendrai à cette image somme toute assez plaisante. Rapidement les premiers accords débarquent, clairs et positifs ; puis le thème vient confirmer cet aspect presque joyeux et je dois bien avouer qu'un léger sourire me gagne alors, comme mûrit par un certain enthousiasme. En effet, la tendance générale actuelle de la scène metal est plutôt "dark" et de très nombreuses formations metal mettent en avant leur côté obscur, alors jouer la carte de la luminosité est plutôt remarquable.
Les choses sérieuses commencent avec "Cybernetic Wars" : du bon heavy épique aux guitares aigues et à la basse puissante et mélodique. L'efficacité de la section rythmique est redoutable : un bon bloc de mortier qui ne crache pas sur de belles variations et des nuances subtiles avec un superbe grain de basse et un paquet de plans de batterie hyper efficaces. Le clavier est toujours pertinent, qu'il soit discret et fondu dans l'ensemble, imposant au premier plan, futuriste ou traditionnel... dans toutes les situations et en un mot : il assure. Côté guitares ça mouline dur avec des rythmiques nerveuses, quelques passages néo classiques et des soli bien heavy qui tiennent la longueur sans problème avec des retournements et des harmonisés bien ficelés.
Rapidement, j'ai été frappé par la voix quasi nasillarde, façon Kaï Hansen à l'ancienne. Là, les choses deviennent délicates car, à mon sens, cette voix est un élément caractéristique qui endosse une grande partie de la personnalité du groupe et, en même temps, un point sensible tant elle est chargée d'imperfections. Chacun se fera son avis à l'écoute de tous ces refrains entraînants et, pour ma part, je kiff car je n'ai jamais été fan de chants aseptisés et trop propres pour être honnêtes, mais certains passages de Va'Adian Chronicles me semblent trop malhabiles pour ne pas accrocher l'oreille (les envolées du morceau de bravoure "A secret revealed" en sont peut être l'exemple le plus flagrant).
Sans être rédhibitoire, cet état de fait entame quelque peu la qualité de l'album et il m'a parfois fallu plusieurs écoutes pour apprécier certains passages. Car les voix sont nombreuses, variées et très bien agencées. "Science almighty" commence avec un chant black - qui aurait gagné à être plus franc -, "Heading for the crystal dome" contient de superbes parties vocales (mais qui, fragiles, viennent fricotter avec la limite de la justesse) et une fin faite de belles variation. En gros les chanteurs osent, ils incarnent leurs rôles et jouent le jeu à fond et, si ils manquent parfois d'aisance, ce travail est respectable et apporte un grand nombre de couleurs aux titres et une dimension délicieusement théâtrale à l'album.
Les parties les plus complexes sont parfaitement fondues dans le reste de la musique, elles sont toujours subtiles et adaptées, évitant aisément le piège du pompeux. Si Polaris donne dans le progressif, sa musique est avant tout branchée sur le secteur heavy metal et rappelle que subtilité et recherche ne vont pas toujours de paire avec prise de tête. Les breaks divers et nombreux laissent chacun des instruments briller et apporter sa pierre à l'édifice et l'ensemble a une grosse patate et de l'énergie à revendre.
Alors, bien sûr, question pêche ils sont forts, mais comme ces gars sont très polyvalents, je tiens à souligner le titre "Recurrent Dream", une magnifique ballade qui s'épanouit sans jamais tomber dans la caricature du débarquement basse/batterie : ici le vibrato, les nappes et les thèmes se combinent avec grâce pour nous émouvoir. D'ailleurs "Infinity", dans le genre calme, est plus resucée et, par là même, moins touchant (même si, évidemment, une intervention de mouettes ça le fait toujours...).
Pour finir, si le point faible réside selon moi dans les voix, il reste que, à travers les thèmes et arrangements, l'inspiration est au premier plan. Tout en étant facile d'accès et accrocheur, The Va'Aian Chronicles n'est pas un album simple ; plusieurs passages dans votre platine seront profitables et, au vu des nombreuses qualités de cette galette, nul doute que les choses vont aller en s'améliorant... c'est dire !