Shape of Despair – Monotony Fields

Shape of Despair est de ces groupes qui nous obligent à faire preuve d'une grande patience. En effet, onze longues (interminables) années séparent Monotony Fields, nouvel album au compteur des Finlandais, de son prédécesseur. La formation ne laisse pas l'auditoire sans nouveautés, car il s'agit de la première œuvre avec le nouveau chanteur du groupe, Henri Koivula, fraîchement récupéré chez Throes of Dawn. En sus, l'opus propose une version réécrite de « Written in My Scars », occasion idéale d'entendre et de juger les capacités du nouvel arrivant par rapport au frontman précédent. Les Finlandais avaient pris un virage ayant déçu une partie des amateurs du groupe avec un Illusion's Play bien en-dessous des capacités du combo. Cette galette est-elle synonyme de renouveau?

Dès les premières notes de l'opener « Reaching the Innermost » nous vient le plaisir des retrouvailles. Shape of Despair nous emmène, d'une main glacée, dans un univers funeral doom aux tons rêveurs et propices au voyage. Le clavier mène la danse, et distille de savoureuses ambiances tout au long des dix minutes dédiées à la piste. Aucun doute n'est possible, on retrouve bien là le combo auteur d’œuvres magistrales telles « Shades of… » et « Angels of Distress ». Un soin particulier est apporté aux atmosphères, toujours plus évocatrices et introspectives. La voix d'Henri ne bouscule aucunement les habitudes de la formation. Son growl, profond et puissant, se mêle parfaitement aux instruments et l'apogée est atteinte au moment où sa consœur Natalie Koskinen vient le soutenir de ses notes enchanteresses. Une entrée en matière prometteuse qui ne sera pas la seule réussite à mettre au compte des Finlandais.

Henri Koivula est un homme providentiel, élargissant la palette de Shape of Despair. Si le growl du frontman est irréprochable et ne souffre jamais de la comparaison, y compris sur « Written in My Scars », le musicien fera appel à son chant clair sur la piste « The Distant Dream of Life », morceau surprenant par cet apport et sa relativement courte durée. Le titre est une réussite intégrale, parvenant à captiver sur une durée bien moins conséquente qu'à l'accoutumée, notamment grâce à de superbes lignes vocales et à une interprétation sans failles. Difficile de ne pas y voir un écho à Throes of Dawn. L'instrumentale se fait lourde et puissante, accompagnant tout en contraste le chant plus cristallin d'Henri. Cette facette de sa personnalité se manifestera à plus d'une reprise, à l'instar d'un « Descending Inner Night » de très belle facture mais un brin moins intéressant que d'autres morceaux présents sur Monotony Fields.

C'est l'un des rares défauts de cette œuvre : captivante, elle l'est, assurément. Cependant, la longueur importante de l'ensemble ne va pas sans quelques faiblesses par endroits. « Withdrawn », à titre d'exemple, aurait gagné à plus de concision. La pièce tourne sur elle-même mais échoue à nous transporter vers les contrées glaciales habituellement dessinées par la plume des Finlandais. Les frissons se ressentiront à bien d'autres moments, comme sur « The Blank Journey », magistralement composée d'un bout à l'autre, où les arrangements et les chœurs de Natalie en fin de course invitent à fermer les yeux et à se laisser porter loin. Très loin. Qui sait où l'esprit pourrait nous amener…

Shape of Despair

Monotony Fields renoue avec les meilleurs moments de Shape of Despair. Les onze longues années préparées à son élaboration auront été judicieusement employées par la formation, qui signe là l'une des plus belles réussites de l'année. Sans être irréprochable, ce disque saura combler les fans du groupe et les amateurs de funeral doom. L'étreinte hivernale des Finlandais est toujours aussi douce et reconfortante.

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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