Le collectif anglais Lychgate sort son deuxième album An Antidote for the Glass Pill via le label Blood Music. Le lineup est ainsi composé: Greg Chandler (Esoteric) au chant et aux guitares, Alan K. Webb (Ancient Ascendant), Tom J.F. Vallely (Macabre Omen, Omega Centauri) et James « Vortigern » Young (The One).
Grosse intro, ambiance manoir et piano à l’étage mais personne n’ose monter les escaliers. A priori on n’est pas tout seul, les cloches au loin finissent par s’arrêter, perdues dans le brouillard anglais. Ainsi, dès les premières notes on s’imagine trouver un énième groupe de gothique vampiro metal mais on se rend rapidement compte que l’on a tord sur toute la ligne.
La musique est très organique, la voix gutturale, les synthés donnent le rythme. La musique de Lychgate est assez particulière, leur black metal se place entre l’ambiant et le post symphonique comme sur « Davamesque B2 » très orchestré.
Les synthés s’amusent sur « I Am Contempt » : musique difficilement classable tout comme la pochette, on a l’impression que chaque instrument fait sont business dans son coin sans vraiment se concerter avec les autres quant à savoir la direction à donner au morceau. Bon dans ces moments perdus, on va dire que c’est de l’avant-gardiste gothic symphonique, théatral et bruitiste.
La production tient bien la route. Heureusement car ce n’est pas une œuvre dans laquelle on rentre facilement. Changement de rythme, synthé omniprésent, voix pesante.
« Letter XIX » aussi a encore cette couleur particulière grâce à l’utilisation massive des orgues, passages majestueux, inquiétants, les guitares tiennent les seconds rôles. Nous sommes plus dans une œuvre structurée comme dans la musique classique, tourmentée, à part, avec un œil moderne.
« The Illness Named Imagination » me fait penser à des passages de Pierre Boulez en train de nous interpréter Béla Bartók sous acide dans la cave d’un hôpital psychiatrique désaffecté mais tout comme le compositeur et pianiste hongrois, « le mouvement mélodique », « le traitement sonore » et surtout « l’harmonie » ont leur importance et sont mis aux premiers rangs dans la genèse des morceaux.
Les titres ont l’air d’être structurer afin d’établir tout comme chez Bartók des rapports structurés et millimétrés pour équilibrer chaque partie de l’album. Tout en restant sur une idée de base, jouant sur toutes les tonalités via leur fonction (Tonique, Dominante ou Sous-dominante) les musiciens nous perturbent dans leurs recherches harmoniques comme savent le faire certains jazzmen.
An Antidote for the Glass Pill est une œuvre inclassable, moderne, déconcertante et stricte.
Lionel / Born 666