Sabaton grandit encore et toujours. Le groupe suédois possédait déjà une croisière et un festival à son nom en Suède. Cette année, une édition allemande de ce festival a vu le jour. Baptisé Sabaton Open Air – Noch Ein Bier Festival, l’évènement se déroulait sur un jour dans le magnifique cadre de l’amphithéâtre de Gelsenkirchen et accueillait en plus de Sabaton, 4 formations de heavy metal. Récit d’une première édition peu gâtée par la météo.
Ciel gris, pluie et vent glacial. Tel fut le programme de toute la journée ! Il va sans dire que dans ces conditions, l’attente à l’entrée de l’amphithéâtre ne fut pas des plus plaisantes… D’autant plus que les portes ont ouvert avec 45 minutes de retard ! Une fois dans l’enceinte du festival, nous constatons que seuls les 4 premiers rangs seront à l’abri des intempéries. Mais le public n’est pas le seul à souffrir de ce temps comme nous le verrons plus tard, car même certains groupes vont pâtir des redoutables rafales de vent.
BLOODBOUND
Rajoutée assez tard à l’affiche, la formation suédoise Bloodbound est la première à fouler les planches aujourd’hui. Malheureusement pour eux, souffrant déjà d’une mise en son plutôt calamiteuse (les basses et la batterie couvrant tout le reste) les musiciens sont aussi forcés de jouer sur les instruments de Civil War (et la basse de Sabaton), la compagnie aérienne ayant égaré tout leur matos. Heureusement le groupe bénéficie d’un soutien moral important, car la plupart des membres de Sabaton et certains musiciens de Korpiklaani regardent la prestation du côté de la scène.
Le set de 30 minutes ne suffit pas à réchauffer le public qui accueille le combo très poliment. La prestation des musiciens n’est pas à prendre en compte, chacun faisant de son mieux dans les conditions peu faciles de cette journée. Mention spéciale à Daniel Sjögren (batterie) et Jocke Leandro Johansson (basse), tous deux membres de Twilight Force qui dépannent le groupe (peut-être de manière permanente) avec brio. Le manque d’originalité de Bloodbound lui fait aujourd’hui défaut et cette courte prestation ne laissera malheureusement pas de souvenir indélébile.
Setlist de Bloodbound :
• Bloodtale (intro sur bande)
• Satanic Panic
• Iron Throne
• Moria
• In The Name Of Metal
• Nosferatu
CIVIL WAR
Pour une raison inconnue, le soundcheck de Civil War prend énormément de retard et c’est donc bien après le début prévu de leur set que le groupe (composé de trois anciens membres de Sabaton) arrive sur scène. Malgré ce retard, le son est tout aussi mauvais que celui de Bloodbound avant, ce qui nous fait craindre le pire pour le reste de la journée. Niveau setlist, bonne surprise, le concert démarre on ne peut mieux avec "USS Monitor" directement suivi de "Saint Patrick’s Day", soit les deux titres les plus enthousiasmants de chaque album du groupe. Revoir Rikard Sundén (guitare), Daniel Mÿhr (claviers) et surtout Daniel Mullback (quel batteur !) sur scène nous fait vraiment plaisir d’autant plus que leur complicité ne fait aucun doute comme en attestent les nombreux regards qu’ils se lancent.
Nous sommes cependant vite déçus de l’attitude du chanteur, Nils Patrik Johansson (officiant aussi dans Astral Doors) qui restera fixe au milieu de la scène pendant toute la prestation, se déplaçant juste de temps en temps jusqu’à la batterie pour boire dans une tasse à café. Le set s’avère au final peu enthousiasmant de par cette attitude peu avenante du frontman, des problèmes techniques (ce métronome qui résonne dans la sono au début de "Schindler’s Ark"), le son catastrophique et une setlist mal équilibrée qui, après un début sur les chapeaux de roue, se perd dans les mid-tempos un peu ennuyeux. En raison du retard pris sur l’horaire prévu, une fois "Bay Of Pigs" terminé, Mÿhr chuchote quelque chose aux oreilles de son chanteur qui nous annonce alors que c’était le dernier titre de leur set et qu’ils doivent s’en aller. Un groupe à revoir dans de meilleures conditions, indéniablement, car leur deuxième album, Gods And Generals, sorti cette année, était loin d’être mauvais.
A noter que peu après la fin de leur set, Daniel Mÿhr et Daniel Mullback seront aperçus en train de serrer des mains et signer des autographes dans le public ! Sympa !
Setlist de Civil War :
• USS Monitor
• Saint Patrick’s Day
• Gettysburg
• Schindler’s Ark
• Gods And Generals
• Bay Of Pigs
KORPIKLAANI
Heureusement le son de Korpiklaani est bien mieux que celui des deux formations précédentes. Nous n’osions imaginer la cacophonie qui pourrait résulter si le violon et l’accordéon des Finlandais étaient sonorisés de la même manière que Bloodbound et Civil War. Heureusement, dès "Viinamäen Mies" nos craintes s’envolent… tout comme certains membres du public ! En effet, les premières secondes du set voient aussi la naissance du premier pogo de la journée et l’arrivée des premiers slammeurs. Peut-être est-ce dû à l’extrême préparation du groupe ? En effet, le batteur Matson a passé une grande partie du set de Bloodbound au fond de la scène à régler des détails sur sa batterie.
Korpiklaani mise beaucoup sur son très bon dernier album puisque la majorité du set d’aujourd’hui lui sera consacré (4 titres sur les 8 dont l’excellent "Sahti", nouvel hymne indéniable). Après les quatre extraits de Noita, le groupe décide de calmer un peu les choses en se lançant dans l’ambiancé Sumussa hämärän aamun" qui calme l’ambiance. Mais la fête redémarre dès "Metsämies" pour ne plus s’arrêter.
Les musiciens, sourire aux lèvres, se donnent sans compter malgré le temps (le vent aura vite fait d’emporter au loin les chapeaux du guitariste Cane et du bassiste Jarkko Aaltonen). Seul bémol de ce très bon concert, le groupe pâtit du retard pris sur le programme et doit lui aussi écouter son set. Heureusement Jonne Järvelä (chant) gère cette situation un peu mieux que son collègue de Civil War puisqu’il avertira public qu’il s’agit du dernier titre avant un "Vodka" bien repris par les fans.
Setlist de Korpiklaani :
• Viinamäen Mies
• Pilli On Pajusta Tehty
• Lempo
• Sahti
• Sumussa hämärän aamun
• Metsämies
• Uniaika
• Vodka
POWERWOLF
Si la majorité du public est logiquement venue pour Sabaton, il ne fait aucun doute que Powerwolf dispose aussi d’une bonne fan base aujourd’hui, certains fans s’étant même déguisés et maquillés à l’image des membres du groupe ! Si le combo bénéficie d’un temps de jeu agréable (une heure), le vent et la pluie ne se calment toujours pas et leurs décors ne peuvent donc pas être placés sur scène, résultant en une interdiction de l’accès aux photographes à la demande du groupe qui semble un peu déçu de devoir proposer un show « au rabais ».
Pourtant il n’en sera rien, car musicalement, rien n’est à redire. Attila Dorn est bien en voix (quelle puissance !) et les musiciens débordent d’énergie. Les (faux) frères Charles et Matthew Greywolf entourent toujours le chanteur, jouant comme d’habitude de leur ressemblance et de leur positions symétriques sur scène tandis que Falk Maria Schlegel dispose maintenant de deux claviers sur scène (un de chaque côté) et passe de l’un à l’autre quand il n’est pas simplement en train de haranguer la foule à l’avant de la scène, donnant une nouvelle dynamique au jeu de scène de Powerwolf.
Défendant son nouvel album, Blessed & Possessed, le groupe allemand en joue ce soir trois extraits : les singles "Army of the Night" et "Armata Strigoi" (qui permet au public de donner de la voix) ainsi que le morceau titre. Le public accueille très bien ces nouvelles compos, les reprenant en chœur comme les classiques. Un public qui d’ailleurs est plus calme que lors du concert précédent, les fans se contentant ici de frapper des mains et chanter les paroles des morceaux.
La setlist ne propose pas de véritable surprise puisque Powerwolf enchaîne ses plus grands hits, mais la qualité des compos, la communion avec le public et les discours d’Attila (en allemand forcément) souvent pleins d’humour suffisent à faire de ce set une véritable réussite. Si le groupe pèche par manque d’originalité en studio, ses concerts sont toujours une réussite.
Setlist de Powerwolf :
• Lupus Daemonis (intro sur bande)
• Sanctified With Dynamite
• Coleus Sanctus
• Army of the Night
• Amen & Attack
• Armata Strigoi
• Resurection By Erection
• Werewolves Of Armenia
• Blessed & Possessed
• We Drink Your Blood
• In The Name of God (Deus Vult)
• Lupus Dei
• Wolves Against The World (outro sur bande)
SABATON
Et nous voilà maintenant prêts à accueillir les héros de la soirée, ceux pour et par qui tout ce festival a lieu: Sabaton! Et si, comme les autres groupes, les Suédois se produisent ce soir sans backdrop, laissant une vue dégagée sur le cours d’eau à l’arrière de la scène nous faisant parfois voir des bateaux passer et leurs passagers observer les concerts d’un regard étonné, tous leurs décors de scènes sont bel et bien présents : le tank sur lequel est placée la batterie de Hannes Van Dahl bien évidemment, mais aussi les casques, grenades et ceintures de munitions placés sur des pieds de micros en forme de fusils d’assaut, des filets de camouflages, des caisses de munitions et même des panneaux « achtung, mines ! » placés en plein concert par un de leurs roadies, Jamie qui sera mis à l’honneur ce soir (nous y reviendrons).
Première surprise de ce concert, c’est avec presque dix minutes d’avance que les lumières s’éteignent et que "The Final Countdown" résonne (un exploit étant donné que tous les autres sets ont commencé en retard). Sabaton nous avait promis un concert spécial, mais il faut bien avouer que l’enchaînement "Ghost Division"/"To Hell & Back"/"Carolus Rex" de début de concert ne surprend plus personne. Et c’est alors que l’on commence à se dire que l’on va simplement avoir droit à un concert basique, mais bourré d’effets pyrotechniques et d’explosions, que Joakim Brodén (chant) nous annonce "No Bullets Fly", extrait du dernier album Heroes (2014) inédit en concert jusqu’à il y a encore quelques jours. C’est juste après cette première surprise que le public se met à chanter la mélodie de "Swedish Pagans" avec insistance, forçant le groupe à jouer ce titre plus tôt que prévu.
Toujours autant à l’écoute de son public, Sabaton a ce soir décidé de jouer des titres souvent demandés par le public allemand à commencer par le rapide "Screaming Eagles", le très fédérateur "Panzerkampf", "Coat Of Arms" trop rarement joué en dehors de Grèce et surtout un "Wolfpack" inattendu et inespéré. Ce dernier titre est spécial, car il a été choisi par un vote du public sur internet, mais aussi et surtout parce que pour le jouer, le groupe fait appel à une vieille connaissance : son ancien claviériste Daniel Mÿhr ! Ce dernier, qui a visiblement abusé de la bière allemande en coulisses, arrive sur scène avec le manteau qu’il portait sur scène lors du set de Civil War plus tôt dans la journée sauf qu’il ne porte plus rien en dessous à part un short militaire découpé afin de laisser sortir ses… testicules… Le temps qu’on lui installe son clavier, le reste du groupe se lance dans une impro sur le début du "We’re No Gonna Take It" de Twisted Sister évidemment repris en chœur par la foule. Quel plaisir de réentendre "Wolfpack" en concert ! Espérons que l’accueil donné à ce titre convainque Sabaton de jouer plus de morceaux de leurs premiers albums dans le futur. Après ce grand moment, Mÿhr redescend auprès de Joakim et… enlève son short avant de danser complètement nu sur l’air de "Super Mario" joué à la guitare par Chris Rörland… Surréaliste !
Cette soirée est aussi bien évidemment placée sous le signe de la bière. En aurait-il pu en être autrement quand le groupe nomme son festival Noch Ein Bier ? C’est ainsi que chacun à tour de rôle entre les titres, tous les musiciens de Sabaton devront boire des bières. Mais ce n’est pas tout puisque les premiers rangs auront aussi droit à de la bière gratuite ! En effet, Jamie, le roadie qui est aussi le concepteur du tank présent sur scène, quand il ne se promène pas sur scène avec un détecteur de métaux, s’en ira dans la fosse à photographes avec des gobelets et un fut de bière pour donner à boire aux spectateurs. Chouette initiative ! Les mots noch ein bier ne sont pas qu’une référence aux chants des fans allemands, car le groupe nous annonce qu’ils ont testé plusieurs bières au cours de la journée avec quelques membres du fan club teuton afin d’en élire une qui va devenir la bière officielle de Sabaton et être commercialisée sous le nom… « Noch Ein Bier » !
Un concert qui rime avec spontanéité et fête. À tel point qu’après le traditionnel rappel qui se fini sur "Metal Crüe" et sa pluie de confettis aux couleurs de la Suède, le groupe salue puis le chanteur rallume son micro et dit qu’il refuse de quitter la scène tout de suite. Les autres membres se saisissent alors à nouveau de leurs instruments et nous avons droit à trois titres de plus ! Un "Panzer Battalion" que nous n’espérions plus, un "Saboteurs" en hommage au fan club allemand du même nom et surtout, une apothéose avec "Gott Mit Uns" renommé "Noch Ein Bier" comme à chaque concert allemand pendant lequel Joakim Brodén, Chris Rörland et Thobbe Englund (guitares) se feront un plaisir d’improviser des paroles parlant de la boisson.
Setlist de Sabaton :
• The Final Countdown (Europe – sur bande)
• The March To War (intro sur bande)
• Ghost Division
• To Hell And Back
• Carolus Rex (version anglaise)
• No Bullets Fly
• Swedish Pagans
• Resist And Bite
• Screaming Eagles
• Panzerkampf
• Attero Dominatus
• En Livstid I Krig
• Coat Of Arms
• The Art Of War
• Wolfpack (avec Daniel Mÿhr)
• 7734
Premier rappel
• Night Witches
• Primo Victoria
• Metal Crüe
• Dead Soldier’s Waltz (outro sur bande)
Deuxième rappel
• Panzer Battalion
• Saboteurs
• Gott Mit Uns (Noch Ein Bier)
• In The Army Now (sur bande)
Une soirée donc très fun, qui aura surtout été faite par et pour les fans. On peut juste regretter que le temps n’ait pas été de la partie et que certains groupent aient souffert du retard et de la mise en son calamiteuse en début de festival. Qui sait, peut-être ce Sabaton Open Air allemand va-t-il devenir régulier comme son grand frère suédois ?