A dangerous date
Ca y est, le moment tant attendu par les fans était enfin arrivé : Perturbator allait enfin se produire en concert, chose qu’il n’avait jamais faite, s’étant jusqu’à présent contenté de jouer comme DJ synthwave. Ce soir, au Batofar, James Kent allait pouvoir montrer à son public parisien ce qu’il avait vraiment dans le ventre, avec son homologue Québécois Das Mörtal en première partie.
Das Mörtal
Le début du concert de Das Mörtal le voit se démarquer de ses pairs de la scène synthwave. En effet, la chanson d’ouverture a un côté vraiment électro et glitch, tout en restant sur une solide base synthwave. Dommage, comme souvent au Batofar, le son n’est pas très fort… Mais il a le mérite d’être précis !
En concet, Das Mörtal ne se contente pas de jouer ses morceaux à l’identique des versions studio : il utilise beaucoup d’effets pour ajouter variété et dynamique à sa musique. De plus, il n’y a pas de coupure entre les chansons, rendant la performance plus directe et spontanée, d’autant plus que les transitions sont globalement bien gérées.
Le public est assez statique, mais semble être pris dans le mouvement petit à petit. Au niveau des influences, notre Québécois brasse large, passant des sons synthwave des plus orthodoxes aux beats beaucoup plus agressifs et modernes, évoquant notamment les Bloody Beetroots, et un peu tout ce qu’on peut trouver entre les deux. Et c’est peut être là que se trouve le problème : le patchwork de styles est trop large, ce qui donne moins de cohérence au tout. En plus de cela, certaines textures sonores et autres samples ont un air trop familier. Malgré cela, il y a tout de même de très bonnes idées dans ce qu’il fait sur scène. On peut donc gager qu’un peu plus de maturité et de pratique aideront Das Mörtal à trouver sa voie en concert.
Perturbator
Avec sa casquette Mr Bungle vissée sur la tête et son T-shirt Deathspell Omega, James Kent nous rappelle qu’il a des goûts éclectiques. Mais nous ne sommes pas venus pour ça, mais pour entendre ses superbes compositions envoûtantes, de véritables bombes pour piste de danse. Après le sample de « Welcome Back », introduction du dernier album Dangerous Days, Perturbator nous transporte directement dans un futur post-apocalyptique avec le tube en puissance « Future Club », doté d’une pulsation hypnotique.
Evacuons d’emblée ce qui sera un des seuls reproches à faire à cette performance, à part la courte durée : le volume n’est toujours pas assez fort, bon sang !! Comment s’immerger dans les beats et les nappes de synthé si on peut entendre son voisin parler un peu fort à côté de soi en concert ? Honnêtement, difficile de savoir quel était le volume général, mais gageons que nous étions bien en dessous de la fatidique limite légale qui est de 105 dB. Heureusement, le volume montera au fur et à mesure, pour atteindre un niveau satisfaisant à la fin du concert, mais quel dommage que ce n’ait pas été le cas dès le début du set !
James joue au replicant misanthrope : pas de communication avec le public, si ce n’est un petit sourire qui se dessine parfois au coin de ses lèvres. En même temps, on peut deviner que même un simple « merci » couperait le flot de la musique, d’autant que James, à l’instar de Das Mörtal, joue sans interruptions. Ce silence est donc bienvenu. On peut tout de même regretter que le concert ne soit pas aussi riche visuellement qu’à son DJ set au Gibus, qui comprenait un énorme écran projetant des images de films cultes des années 80/90. Ici, l’écran est au niveau du premier rang, il est donc caché par le public. Tant pis !
Mais cessons de pester et allons au plus important : la musique. La performance de James est soignée, et donne une nouvelle vision de ses compositions par rapport aux albums. Avec une inferface émulant un synthétiseur, il reproduit les sons emblématiques de sa discographie, et ça sonne ! D’ailleurs, le public est en transe depuis la première note jouée, et ça ne s’arrêtera pas de tout le concert… A tel point que le temps de contracte. Et cette belle heure passe beaucoup trop vite. Les fans de Hotline Miami n’auront que leurs yeux pour pleurer : pas de « Miami Disco » ce soir. On peut comprendre que le set ait été court, sachant que c’était son premier concert, assuré en solo qui plus est. Avec un temps de jeu plus long, des visuels plus mis en avant et un son plus puissant, on devine une marge de progression énorme par rapport à cette déjà très bonne première performance. Encore plus avec l’ajout d’un batteur pour les concerts comme nous l’a confirmé le principal intéressé en interview. Notez bien sur vos tablettes qu’il sera en concert gratuit le 1er août au Trabendo. A ne pas louper !
Setlist :
War Against Machines (intro)
Future Club
Ghost Dancers Slay Together
She Is Young, She Is Beautifull, She Next
Technoir
Sexualizer
Satanic Rites
Humans Are Such Easy Prey
Complete Domination
Assault (nouvelle chanson, première en concert)
She Moves Like A Knife
Compte rendu par Tfaaon (Facebook)
Photos : © 2015 Marjorie Coulin / marjoriecoulin.com/
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