Le thrash prend son pied au Petit Bain
Quoi de mieux qu'une bonne petite date parisienne pour finir sa tournée ? C'est ce que se sont dit les musiciens d'Iron Reagan, qui ont profité de leur rareté en France pour y donner deux concerts en 2015. Après avoir fait forte impression au Hellfest, il fallait confirmer la qualité en faisant chavirer le Petit Bain. Pour les accompagner étaient présents deux groupes français : les hardos de Sticky Boys et le punks de Cobra.
Cobra
La soirée commence avec les punks nihilistes de Cobra, prêts à offrir "40 minutes de son pop rock sans interruption" Ceux qui cherchent une musique intellectuelle et recherchée peuvent finir leur cigarette dehors, il n'en est pas question ici. Avec des punchlines comme "les points sur les i, mon poing dans ta gueule" ou "sucer des routiers dans les WC des highways", on n'aspire pas à gagner le prix Goncourt.
Entre deux remarques anti-pistes cyclable ("le vélo, c'est pas un moyen de locomotion, c'est pour faire du sport et prendre de la drogue") et une prise de poppers offert par un fan ("Le poppers, c'est la drogue des vrais hommes comme Cobra"), le groupe joue. Salement. Les riffs bourrins se succèdent à des solos de grattes anarchistes, soutenus par une boîte à rythme et une basse qui suit l'ensemble.
Sur le papier, Cobra est nul. Mais en pratique, Cobra est génial, justement parce qu'il cultive son second degré, que ce soit dans les paroles débiles ou les riffs basiques, ou les remarques lancées entre les chansons. La prestation entière est jouissive et fait rire bon nombre de fans présents, sans compter ceux qui pogottent devant la scène. Une bien belle entrée en matière pour cette soirée bruitiste.
Setlist :
La Peur
L'Auberge de la dernière chance
Pour nous les Français
La Balance
Pédés et drogués
Rue barbare
Fils de Satan
Des lieux associatifs pour les jeunes
C'est l'enfer ici
Nihilistes
Sticky Boys
On passe maintenant au trio parisien Sticky Boys, aussi prêt à jouer un set burné, comme le déclare le guitariste et chanteur Alex Kourelis : "Fini le pop rock, mais ça va durer 40 minutes quand même !". Autre groupe, autre musique, les Sticky Boys font dans le hard à la Motörhead, avec ce qu'il faut d'éléments mélodiques pour donner un charme certain à leur musique.
Malheureusement, difficile d'imposer un style plus léché à une horde de thrashers avides de gras et de musique directe. Si le public s'excite un peu au premier tiers du set, il se calme vite et ne bouge que peu pendant le reste du concert. Cependant, la musique du trio plaît et les acclamations ne manquent pas tout le long de la prestation.
Même s'il fait figure d'oustider, le trio s'impose et montre un certain talent, avec des chansons groovy et accrocheuses, une interprétation toujours aussi soignée, sans pour autant tomber dans le scolaire. Rock n'Roll reste le seul mot d'ordre. Dommage que le désordre fasse défaut dans le public.
Iron Reagan
On finit la soirée avec trois quarts d'heure de crossover thrash intense et anarchiste, interprétés par les dingos américains d'Iron Reagan. Pas de quartier, ni d'artifices : une intro instrumentale pour se mettre en jambes et Tony Foresta arrive sur scène pour vociférer les paroles d'"I Won't Go" et enchaîner sur 22 autres titres plus directs les uns que les autres.
Oui, 23 titres joués en 45 minutes chrono. Si le set est court, l'équilibre est conservé grâce à une intensité rare. Le groupe joue à 200 à l'heure sans jamais lâcher le pied du champignon, devant un public qui s'éclate comme il faut, moshant comme si sa vie en dépendait. Les bières volent, les fans aussi, tant les slammers sont légion et n'en finiront pas d'augmenter en nombre, jusqu'au rappel imprévu du groupe.
Parmi les titres joués, le groupe a évidemment décidé de mettre Tyranny of Will en avant, avec pas moins de 10 chansons, dont les indispensables "Miserable Failure" et "Four More Years". Une constante dans cette tournée, le groupe reprend à sa sauce "A Skull Full of Maggots" de Cannibal Corpse, ce qui donne un résultat toujours aussi probant. Le premier album n'est pas oublié non plus, avec notamment la poétique "I Ripped That Testament a New Asshole".
Iron Reagan, c'est aussi la spontanéité et la bonne humeur. Les musiciens sont heureux d'être là, s'éclatent et n'hésitent pas à le montrer. Tout le monde bouge de partout sur scène, les slammeurs sont accueillis à bras ouverts et des chansons imprévues sont ajoutées, comme "Paycheck", ou les deux titres du rappel : "Mini Lights" et "Eyeball Gore". Cerise sur le gâteau : le son est limpide, permettant à tout le monde d'apprécier les riffs délicieux de "Landphil Hall" et "Mark Bronzino".
Avec cette date au Petit Bain, Iron Reagan a su finir sa tournée sur une note des plus positives, avec un public déchaîné et un groupe à l'attitude toujours aussi destroy.
Setlist :
Intro
I Won't Go
Insanity Plea(se)?
Close to Toast
Cycles of Violence
Obsolete Man
Government Surveillance
Tounge Tied
The Living Skull
Drop the Gun
Spoiled Identity
Zero Gain
Miserable Failure
Broken Bottles
Your Kid's an Asshole
In Greed We Trust
I Ripped That Testament a New Asshole
Paycheck
A Skull Full of Maggots [reprise de Cannibal Corpse]
Four More Years
Eat Shit and Live
Rappel :
Mini Lights
Eyeball Gore
Photos : ©2015 Fanny Storck
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