OTB Fest à  La Maroquinerie (29.05.2015)


Elle était belle cette affiche de l’OTB Fest 2015. Ou un bon moyen de ne pas succomber à la déprime pour ceux qui ne pouvaient pas aller au Temples Fest, qui avait vraisemblablement une des meilleures affiches de l’année. Pour ce premier jour, quatre groupes à l’affiche : Nesseria, Revok, Celeste et KEN Mode. Beaucoup de pop sirupeuse donc.

 

Nesseria
 


C’était à Nesseria qu’incombait la lourde tâche d’ouvrir les hostilités. Et l’expression est choisie à dessin, car leur musique est… On ne peut plus hostile. Rappelant Nostromo de par son agressivité presque corrosive, le groupe mélange mathcore et sludge pour un résultat qui a l’effet d’un coup de poing, en alliant les riffs épileptiques du mathcore avec des ruptures rythmiques mid tempo typiques du sludge

 

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La salle est à peine remplie, mais c’est déjà la guerre dans la fosse. Avec sa voix qui évoque Jacob Bannon de Converge, le chanteur s’époumone de toutes ses forces avec un jeu de scène minimaliste, comme le reste du groupe d’ailleurs. On les sent en effet très concentrés sur leurs instruments, et on aurait du mal à leur en vouloir pour cela.
 

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Les nombreuses cassures rythmiques contre-intuitives ajoutent un certain à la cachet à la performance de Nesseria, qui en a visiblement fait un outil de base dans la construction des compositions. Le seul regret qu’on pourra avoir sur ce concert est le son, un peu trop nihiliste et manquant de clarté pour ce type de musique. Mais la qualité est là, à la fois dans la performance scénique et dans l’écriture. A revoir !

 


Revok
 


C’est sur un drone bizarroïde bourré d’échos que les français de Revok ouvrent leur concert. Ayant sorti un excellent album intitulé Bunt Auf Grau cette année, nous n’étions pas à l’abri de passer un bon moment.  Et c’est exactement ce qui s’est passé. Avec son sludge atmosphérique, Revok frappe fort et bien. Le chanteur Fabien Goutherot maîtrise parfaitement son growl comme le chant clair, le tout toujours avec beaucoup d’écho, ce qui lui donne un aspect fantomatique bienvenu dans ce style. Avec son t-shirt Magma, le vocaliste annonçait la couleur : l’expérimentation et l’ouverture d’esprit sont de rigueur dans les compositions.
 

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Avec un son impeccable, Revok marque des points à chaque chanson, et parvient à captiver l’audience en un tournemain. Avec une section rythmique impeccable, la formation distille des morceaux avec beaucoup de groove, qui ne demande qu’à être relâché. A l’écoute, on pense évidemment à Neurosis, mais pas seulement, puisqu’une des chansons révèlera une tonalité à la Deathspell Omega.
 

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Bref, c’est un sans-fautes pour la formation parisienne. On pourra juste regretter que le concert ne se soit pas prolongé, car avec ce genre de performance, 40 petites minutes passent trop vite. Espérons qu’ils seront de nouveau de passage à la capitale prochainement.

 


Celeste

 


Ca y est la salle est plongée dans l’obscurité la plus totale : on sait que Celeste va commencer son set. Et de lumière, on ne verra plus jusqu’à la fin du concert, mis à part les lampes frontales rouges que portent les musiciens. Il faut admettre que l’effet visuel est vraiment saisissant, et que le fait d’être plongé dans la pénombre contribue énormément au climat du concert, en plus d’aider à se concentrer sur ce pour quoi nous sommes tous là : la musique.
 

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Le sludge teinté de black metal des Lyonnais emporte tout sur son passage, avec un son surpuissant et le growl du chanteur/bassiste qui ne faillit jamais. Avec des chansons comme « Laissé pour compte comme un bâtard », Celeste n’a pas de mal à envoûter le public à grand coup de riffs dantesques et de textes misanthropiques.
 

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Encore une fois, la section rythmique est excellente, particulièrement le batteur qui a un jeu tout en puissance vraiment impressionnant. Finalement, quelques stroboscopes s’allument par intermittence, et l’alternance entre noir (quasi) total et lumière aveuglant a son petit effet, encore plus lorsque synchronisée avec la musique. Que dire de plus ? Celeste est clairement un de ces groupes dont les concerts sont difficilement descriptibles, à part l’exécution musicale en elle-même, qui est excellente. Le cadre on ne peut plus unique de leurs concerts rend l’expérience complètement différente de l’écoute sur album. A voir une fois dans sa vie. 
 

KEN Mode
 


Après leurs débuts remarqués sur la scène sludge, les canadiens de KEN Mode en ont surpris plus d’un avec son nouvel album Sucess, qui penchait plus vers un hybride de noise rock punkisant, qui rappelle à bien des égards Black Flag période My War. C’est d’ailleurs une demi-surprise, puisque le nom même du groupe est tiré vient de la citation " kill everybody now mode" de Get in The Van, le livre culte de Henry Rollins sur ses années avec Black Flag.
 

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Sur certains morceaux, Jesse Matthewson pose sa guitare pour attraper une basse et transforme ainsi le groupe un trio à deux basses plus batterie. Autant vous dire que le bousin envoie du lourd. En accordance avec l’orientation du dernier album, KEN Mode se fait très bruitiste ce soir, et joue beaucoup sur les larsens.
 

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Parfois, le sludge refait surface le temps d’un morceau, ou même d’un simple passage pendant une chanson, cela reste épisodique. Le seul dénominateur commun est la voix de Jesse, qui reste la même selon le registre. Avec sa coupe, son charisme et un regard incandescent, il ressemble au replicant Roy Batty dans Blade Runner.
 

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Musicalement, il est clair que nous avons affaire à des musiciens accomplis. Ca ne fait pas un pli, et le son est énorme. On pense tantôt aux Melvins pour la lourdeur, puis à Dillinger Escape Plan pour le côté chaos organisé des nouvelles chansons. En guise de conclusion, Jesse descend prendre sa dose de nihilisme dans la fosse, où il y martyrise son instrument. Clairement, on peut dire que KEN Mode a aujourd’hui digéré ses influences pour en retirer un son unique. A voir si leurs fans les suivront sur ce terrain ou non. En tout cas la performance était là. L'OTB Fest aura donc tenu toute ses promesses. Espérons qu'il sera de retour l'année prochaine avec des sets plus longs !

Compte rendu par Tfaaon (Facebook)

Photos : ©2015 Rémy Barbe
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.



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