Scorpions empoisonne la mainstage 1 le samedi 19 à 23h
Un an après leur passage remarqué et apprécié à l’Olympia, les allemands qui ont déjà conquis la planète ont décidé de remettre le couvert au Hellfest. Si la flamme est toujours présente, force est de constater qu’elle est moins ardente.
C’est une légende de plus qui vient fouler les terres clissonnaises. Scorpions est une véritable institution dans le monde du rock qui a su maîtriser les tubes énergiques comme les slows langoureux. Après une période fast dans les années 70 et 80 et un retour en grâce avec Humanity – Hour 1, le groupe sillonne la planète entière pour faire ses adieux et partir à la retraite en laissant un souvenir heureux aux fans. Si la date parisienne a fait l’unanimité, avec un show sans temps mort et plein de tubes, celui du Hellfest, bien que loin d’être mauvais, laisse un peu le fan sur sa faim.
Pourtant l’énergie est là. Rudolf Schenker sautille toujours autant, et James Kottak garde ses mimiques typiques. Les autres instrumentistes font le show de manière plus posée et appliquée, tandis que le charismatique Klaus Meine parcours la scène tout en sourire et bonne humeur.
Mais malgré cette joie apparente, le début du concert sera un peu laborieux pour celui qui est l’une des plus grandes voix du hard rock. Si cela s’améliorera par la suite, le titre « Make It Real » semblait par exemple assez difficile. Heureusement, le chanteur a l’art de se mettre le public dans sa poche, et sa proximité avec la foule fait sensation. L’exquise ballade « Holiday » le prouve, avec le chant du public, qui fait un avec le groupe.
Côté interprétation des musiciens, l’expérience de la scène se fait sentir, et les 4 instrumentistes maîtrisent leur sujet comme personne. Le duo choc des guitaristes Mattias Jabbs et Rudolf Schenker fait mouche, Pawel Maciwoda assure bien ses parties, et le batteur dingue James Kottak n’en finit pas d’en mettre plein les yeux au public. On regrettera en revanche un son parfois très brouillon, en particulier pendant l’instrumentale « Coast To Coast ». Les trois guitares sont passées à la moulinette d’un mix hasardeux qui donne un résultat difficilement compréhensible. Heureusement que ce problème se fera moins ressentir sur les autres titres interprétés.
Côté setlist, c’est là le défaut du concert. Si les tubes sont présents en légion, on peut se poser des questions sur certains choix. La première chose qui frappe, c’est « Wind Of Change », ballade légendaire de l’album Crazy World (1991), plus grand succès du groupe, qui brille par son absence. Un tel retrait est incompréhensible, sachant que beaucoup de festivaliers avaient saisi l’occasion pour voir Scorpions pour la première fois de leur vie. C’est Tom Angelripper, bassiste et chanteur de Sodom, qui a du être déçu, lui qui y avait fait référence lors du passage de son groupe plus tôt dans la journée. On a également du mal à comprendre la présence de deux solos dans un show de festival. Si le solo de batterie est à garder, car James Kottak sait se mettre en scène en détournant les pochettes des albums, le raccourcir aurait été une bonne idée. En revanche, mettre une chanson plus tard un solo de guitare, dans lequel Mattias Jabbs s’éternise malgré son talent relève d’une faute de goût dans la setlist. Dommage pour les fans, ce solo a remplacé un tube.
Autre curiosité de ce show, le groupe avait deux heures allouées. Il se trouve que leur set s’est réduit à moins d’1h30 car le groupe a mis une bonne demi-heure avant d’entrer sur scène, et fini son set avant la fin, omettant de jouer par la même occasion « When The Smoke Is Going Down », présente sur la setlist. Heureusement pour les festivaliers, le départ en avance du groupe était prévu, car un hommage au député décédé Patrick Roy a eu lieu, avec une vidéo d’un de ses discours à l’Assemblée Nationale, un peu d’artifice sur fond de "For Those About To Rock (We Salute You) d’AC/DC", et des hommages aux Patrick Roy, Ronnie James Dio et Peeter Steele.
Si le concert de Scorpions a démontré un groupe qui maîtrise son sujet, on ne peut s’empêcher de penser que le groupe est capable de mieux. Les voir en meilleure forme et en salle est peut-être la solution adéquate. Reste que quand Scorpions ne touche pas les cieux, il reste un grand groupe dont on regrette le départ imminent.
Setlist :
Sting In The Tail
Make It Real
Bad Boys Running Wild
The Zoo
Coast To Coast
Loving You Sunday Morning
The Best Is Yet To Come
Holiday
Raised on Rock
Tease Me Please Me
Dynamite
Kottak Attack (solo de batterie)
Blackout
Six String Sting (solo de guitare)
Big City Nights
Rappel :
Still Loving You
Rock You Like A Hurricane
Photos : Lionel/Born666